Installé en France depuis 41 ans, le propriétaire du restaurant Toulousain Le Mayombe, créé en 1985 et réputé l’un des plus anciens de France, est docteur en économie.
Il s’appelle Nzelemona Makangou Gabrièl, né à Brazzaville au Congo, en 1954. Autodidacte en cuisine, il est propriétaire du restaurant Le Mayombe, à Toulouse. Créé en 1985, le Mayombe, l’un des plus anciens restaurants africains en France, propose des cartes africaines et antillaises.
L’aîné d’une grande fratrie, il a eu très tôt conscience de ses responsabilités envers sa « grande » famille. « Il faut savoir défendre son droit d’ainesse », confie-t-il, en présence de son fils Cédric, 16 ans et déjà champion national de rugby (équipe de France).
Esprit brillant, « ya Gaby », comme on l’appelle à Toulouse, a posé ses valises dans cette ville du Sud de la France en 1975, à l’âge de 21 ans, pour y poursuivre des études d’économie. En 1984, il obtient son doctorat ès sciences économiques (monnaie et finance), à l’Université de Toulouse. Il sera recruté un temps au Centre de perfectionnement des cadres des Postes et télécommunications (CIPEC-PT) à Toulouse.
Début des années 90, Gabriel investit ses économies dans l’élevage à Mbanza- Ndunga, dans le département du Pool. Mû par une réelle ambition de résorber le chômage des jeunes, il opte pour le nom symbolique de « Koulouka, qui signifie Libère tes chaînes, en langue Kongo »- comme nom de sa ferme. Malheureusement, son élan est brisé par les guerres successives au Congo. « Ils ont tout pillé… », lâche-t-il amèrement.
La régression de la coopération internationale
« Nous avons intérêt à reconquérir nos lettres de noblesse par le travail bien fait », dit-il avec un brin de nostalgie. Il se souvient de l’affiliation qui existait entre l’Université de Brazzaville et celle de Nantes. « J’ai touché mes premières bourses d’étudiant en France, se remémore-t-il, avec une carte d’identité congolaise, et échangé mon permis de conduire congolais contre un permis français, aujourd’hui notre pays a beaucoup régressé sur le plan de la coopération internationale », constate-t-il.
Au restaurant le Mayombe, « ya Gaby » n’arrête pas de créer. Outre ses 4 variétés de boissons à base des fruits, dont les noms évoquent, tous, son Congo natal : La sangha, à base de goyaves, le Djoué-la mangue, le Kouilou- Niari- la noix de coco, Loufoulakari avec du citron et Louzolo à base des fruits de la passion, il produit le piment le plus fort du monde, un exploit dont il est fier et qui lui a valu un article dans La dépêche de Midi.
Ce Toulousain de cœur, qui se montre très fier de sa femme « Toulousaine de pure souche » car dit-il « Le mouton broute l’herbe là où il est attaché », a ses racines bien plantées au Congo, quoiqu’il n’y est plus retourné depuis les « sales guerres ».