Gilbert Ndunga Nsangata : le réalisateur congolais dirige une maison de production en Espagne

Vendredi, Septembre 2, 2016 - 11:45

Acteur, réalisateur  et producteur de film, Gilbert Ndunga Nsangata, 65 ans, installé à Barcelone, forme des jeunes réalisateurs. Son film Los niños de Inkisi ou les enfants d’Inkissi, en français, diffusé sur TV3, la chaîne de télévision catalane, a obtenu en 2009 le prix du public et le prix du meilleur documentaire sur les droits humains.

Dans la famille  Ndunga Nsangata, la transmission de la passion artistique s’est faite de mère en fils. Leur mère est l’une des premières comédiennes congolaises et son frère cadet, Rock Amédet Banzouzi, est acteur de théâtre et de cinéma. Et pourtant, Gilbert, passé au séminaire de Mbamou, a failli résister aux yeux doux que lui fait l’art. Préférant devenir prêtre qu’artiste, malgré la « formation presque martiale » au séminaire où même parler à une fille était formellement interdit.

« Un saint triste est un triste saint »

Le jeune séminariste nourri à une discipline de fer décroche. Son caractère, jugé trop introverti et renfermé, convient plus à un moine cistercien plutôt qu’à un prêtre catholique. Le directeur du séminaire, l’abbé Malumbi, craint pour son jeune et lui déclare « un saint triste est un triste saint ». Le jeune Gilbert est alors inscrit au lycée Savorgnan-de-Brazza pour vivre une autre ambiance, pour l’apprentissage « d’ouverture », ce qui s’apparente à un renvoi formulé avec élégance. Lui, le saura plus tard. Son baccalauréat philo en poche, il cherche désespérément à rejoindre le séminaire de Mbamou, mais il trouvera porte close. Devant cette fin de non recevoir de la part du directeur, l’archevêque du Congo Théophile Mbemba, auprès de qui Gilbert Nsangata avait sollicité l’audience, lui déclara : on peut servir Dieu sans être prêtre. « J’avais tout compris. », confie-t-il, sans regret.

En 1973, nanti d’une bourse d’étude congolaise, et sur les conseils de son psychologue, il poursuit, durant six ans, à Lodz en Pologne, une formation de directeur de cinéma et d’acteur, puis de metteur en scène cinématographique à l’école supérieure de cinéma, de télévision et d’art théâtral.

En 1986 au Caire en Égypte, il suit une formation d’aptitude de réalisation des nouvelles télévisées par satellite. L’heure était désormais à l’expérience. De 1991 à 1994, Gilbert Nsangata a occupé les fonctions de chef de service cinéma au ministère de la Culture et des Arts au Congo, puis de chef de production à la télévision congolaise entre 1993 et 1998. Installé en Espagne en l’an 2000 où il dirige Tala Tala Filmmmakers, sa maison de production cinématographique. Grâce à la coopération espagnole, il a formé de nombreux jeunes réalisateurs en Amérique centrale, notamment au Salvador, Honduras, Nicaragua et Guatemala, mais aussi en Guinée équatoriale. Projet ambitieux interrompu dans la foulée de la crise financière. Il a réalisé plusieurs courts et longs métrages et des documentaires entre autres « La tuberculose au Congo », « Catalunya Negra », « Semeki », « les Sapeurs » (co-réalisé avec Laurence Craffin pour Antenne 2), « Ndona » et les autres, « Le Paria », adapté de la nouvelle Malanda Itoua nom congolais de Georges Lao et bien d’autres.

Au théâtre, Gilbert Nsangata s’est essayé avec brio à des  mises en scènes sur l’œuvre des auteurs comme Sony Labou Tansi, Tchicaya U tam Si et Sylvain Bemba. À 65 ans, il reste confiant sur l’avenir du cinéma au Congo où les salles de cinéma sont transformées en église de réveil. « Avec un peu plus de volonté, on peut relever la pente !» La sienne, assurément, est fortement engagée.

 

 

Roll Mbemba
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