Bruno Jean Richard Itoua : « Le Congo est en train de construire son tissu numérique »

Mercredi, Octobre 5, 2016 - 20:00

La troisième édition d’IT Forum Congo dédiée à l’économie numérique s’ouvre ce jeudi à Brazzaville. Dans une interview exclusive au quotidien Les Dépêches de Brazzaville (LDB), le ministre congolais de l’Enseignement supérieur, Bruno Jean Richard Itoua (BJRI), parrain de l’évènement, évoque les enjeux du numérique dans l'essor économique du pays et les attentes du gouvernement.

LDB : Monsieur le ministre, arrimer le Congo à l’économie numérique est le thème de la troisième édition de l’IT Forum Congo qui s’ouvre le 6 octobre à Brazzaville. Quels sont les enjeux et perspectives ?

BJRI : Je crois qu’il faut saluer l’initiative prise par Cio Mag, un magazine spécialisé dans la transformation numérique en Afrique, d’organiser IT Forum dédié aux technologies de l’information et de la communication dans notre pays. Il faut aussi se réjouir de ce que le dixième anniversaire sera célébré au Congo ; ce qui témoigne de la qualité de la collaboration que nous essayons de construire avec les différents acteurs de ce secteur.

Le tissu congolais en matière de l’économie numérique est en train de se construire, à travers des entreprises qui deviennent de plus en plus emblématiques dans le pays. Ce monde de professionnels grâce à IT Forum a une opportunité de se rencontrer et aussi de rencontrer l’autre facette sans laquelle ces professionnels ne pourront se développer, à savoir les administrations et entreprises publiques mais également les décideurs que nous sommes.  

Il y a dix ans, quand on parlait de DSI on pensait à l’informatique, et après on pensait au système d’information. Aujourd’hui on parle désormais des TIC avec l’économie numérique. C’est un concept qui se construit au niveau mondial, donc le Congo est forcément concerné.  

Au fond, il y a trois types de problématique qu’il faut aborder par rapport à l’historique de l’IT Forum : d’abord, la fonction DSI et son évolution, à savoir les métiers techniques et technologiques liés à cette économie numérique ; ensuite, comment faire de l’économie numérique un écosystème vertueux porteur de croissance et d’emplois ; enfin, comment nous, en tant que décideurs, devons-nous nous organiser pour favoriser cette évolution en ce qui concerne le cadre juridique, règlementaire ou fiscal,  l’infrastructure, ainsi que le mode de gouvernance ?

LDB : Quelles cibles le Forum vise-t-il précisément dans la vulgarisation de cette problématique ou des questionnements que vous venez d’énumérer ?

BJRI : IT Forum s’adresse d’abord aux gens de métier. Encore une fois, il faudrait qu’ils évoluent eux-mêmes, car ce sont eux qui incarnent le métier DSI. Il est aussi nécessaire que les utilisateurs de technologie, ceux qui créent de la richesse grâce aux outils numériques, soient présents à ce rendez-vous pour que ce ne soit pas une réunion d’experts.

Enfin, les dirigeants politiques, dirigeants d’entreprises devront être présents à ces assises. Nous aimerions que les participants aillent au bout du questionnement, à savoir comment faire de l’économie numérique un des piliers du développement de notre pays.

Les discussions suscitées lors du forum alimenteront sans doute la réflexion que le gouvernement va avoir sur le développement de l’économie numérique. Parce que, le ministre délégué à l’économie numérique sera l’interlocuteur principal du panel ministériel du forum qui sera formé. J’espère que dans les conclusions de ce forum il y aura des recommandations qui pourront nous aider tous à faire avancer l’économie numérique dans le pays.

LDB : En quoi la mobilisation de plusieurs départements ministériels pour ce forum est-elle bénéfique pour le Congo ?

On vient d’abord pour écouter, je pense qu’on sera capable de répondre à quelques questionnements. Cependant, on n’a pas attendu ce forum pour commencer à travailler pour le développement de l’économie numérique au Congo. Plusieurs initiatives ont été prises à plusieurs niveaux par des ministères différents.

Le gouvernement a élaboré plusieurs projets en faveur notamment des jeunes pour que ceux-ci puissent s’engager dans tout ce qui est création numérique ou innovation. A cet effet, la télé médecine pour le ministère de la Santé, le projet e-gouvernement pour la gestion administrative, l’établissement des pièces administratives, la conservation des archives… Tout ceci au profit du citoyen congolais.

Le secteur numérique est celui qui crée aujourd’hui plus de richesses, d’emplois dans le monde. C’est le cas d’une start-up qui se crée dans un garage, et devient au bout de quatre à cinq ans une mégalopole.

LDB : Qu’est-ce que cela peut changer concrètement dans le quotidien des Congolais  

BJRI : La population doit comprendre qu’on ne parle pas de choses virtuelles ou de sujets entre initiés. Non. On parle des sujets qui vont avoir de l’impact sur la vie au quotidien. Lorsque la nuit vous avez quelqu’un malade dans la maison et qu'il faille l'accompagner à l’hôpital, avec votre téléphone portable vous pouvez non seulement trouver le centre le plus proche et la pharmacie ouverte, mais aussi dialoguer avec le pharmacien, l’urgentiste etc. C’est un progrès important, car des vies seront sauvées et des dépenses vont être réduites.

Il y a plusieurs exemples de ce genre : faire ses commandes en ligne, payer ses factures SNE ou SNDE, commander un repas ou un gâteau, payer son taxi à partir de son portable, réaliser des transferts d’argent par téléphone mobile, obtenir des formations universitaires et autres à distance…

Le projet de fibre optique est une grande évolution. Nous sommes à la dernière phase qui consiste à installer le réseau dans les ménages, grâce aux installations aérienne et souterraine en cours. L’Etat congolais ne s’arrête pas là, il envisage de doubler cet accès à l’internet à la fibre optique par la couverture nationale par satellite qui permettrait d’avoir une deuxième voie d’accès à l’internet.

D’une part, ces professionnels gagent de l’argent et d’autre part, l’écosystème numérique pourrait réellement créer un impact sur toutes les autres facettes de l’économie nationale.

 

 

Fiacre Kombo
Légendes et crédits photo : 
Bruno Jean Richard Itoua
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