Énergie : embellie « hypothétique » des prix des produits de base en 2017

Samedi, Octobre 22, 2016 - 14:18

La Banque mondiale (BM) reste toutefois réservée sur cette projection qui s’appuie simplement sur le raffermissement de la demande et la contraction de l’offre l’année prochaine. Selon l’institution de Bretton Woods, il faut s’attendre les 12 prochains mois à un rebond d’au moins 25 % des prix du pétrole, du gaz naturel et du charbon, soit une hausse supérieure aux prévisions de juillet dernier, affirme-t-elle dans la dernière édition de Commodities Markets Outlook. Il s’agit d’un rapport trimestriel de la BM concernant les prévisions sur les prix de 46 produits de base jusqu’en 2025.

Dans son rapport d’octobre qui contient tout un dossier spécial consacré au plan de réduction de la production récemment annoncé par l’Opep (Organisation des pays producteurs de pétrole), la BM a revu à la hausse ses prévisions pour les cours du pétrole en 2017, tablant désormais sur un baril à 55 dollars américains contre 53. Une telle révision à la hausse se justifie, selon elle, par l’accord intervenu entre les pays membres de l’Opep imposant une limite de production après une longue période de laisser-faire, poursuit-elle. Entre-temps, les prix du brut devront s’établir à une moyenne de 43 dollars le baril en 2016, représentant aucun changement par rapport aux estimations de juillet.

Doute

L’accord de l'Opep va forcément tirer les prix vers le haut, insiste la BM. Mais plusieurs raisons viennent alimenter une certaine circonspection de l’institution financière internationale. D’abord, celle-ci ne peut anticiper plus fermement une hausse sensible des prix de l’énergie l’année prochaine sans réunir les informations précises sur les modalités concrètes d’application de l’accord de l’Opep. « L’accord aura certainement de profondes répercussions sur les marchés pétroliers quand il entrera en vigueur. Mais nous devons envisager ces prévisions avec circonspection », indique la BM.

Au-delà, la BM évoque un autre problème qui risque de mettre à mal la prévision de croissance. L’institution tire cette analyse de l’expérience du passé. En effet, les accords visant à infléchir les cours des produits de base comme l’étain ou le café arrivent effectivement à faire basculer les marchés avant de cesser tout effet. Il est ainsi difficile de maintenir cet effet dans la durée, renchérit-elle. Dans le secteur pétrolier, une autre donne devrait empêcher de doper les cours du pétrole. Il s’agit de la montée en puissance de l’offre non conventionnelle provenant notamment des producteurs de gaz de schiste.

La sortie du tunnel

La crise de l’économie mondiale a conduit à une chute des cours des matières premières faute d’une demande conséquente. Cet affaiblissement des prix des matières premières, note la BM, a durement touché les pays émergents et en développement exportateurs, même si leur situation semble s’être stabilisée. Pour 2016, la prévision de la BM ne mentionne aucune croissance en vue pour ce groupe d’économies. « Les décideurs devront, dans la mesure du possible, poursuivre les stratégies de relance, à l’instar des investissements dans les infrastructures, la santé et l’éducation, dans le cadre d’un plan budgétaire à moyen terme crédible », précise la BM.

En dépit de la croissance nulle, les cours vont plutôt bien évoluer sur le marché. Les métaux et minéraux pourraient gagner 4,1 % en 2017 du fait des pressions sur l’offre. L’on annonce une hausse de l’ordre de 20 % des prix du zinc en raison de la fermeture de plusieurs grands sites miniers et des réductions de production des années précédentes. La même progression des prix doit être signalée pour les produits agricoles. En effet, l’on fait état d’une hausse de 1,4 % en 2017 en raison du renchérissement plus progressif que prévu des denrées alimentaires. Quant aux céréales, leurs prix augmenteront de 2,9 % en 2017 tandis que les cours des huiles et farines d’oléagineux progresseront moins vite, à peine 2 %.

Pour rappel, le rapport Commodity markets Outlook de la BM analyse de façon détaillée les principaux groupes de produits de base, notamment l’énergie, les métaux, les produits agricoles, les métaux précieux et les engrais.

Laurent Essolomwa
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