Devant le peu d’empressement des politiques le pape appelle les scientifiques à la rescousse contre les bouleversements climatiques.
Rencontrant lundi une soixantaine de scientifiques membres de l’académie des sciences du Vatican, le pape a été ferme dans sa mise en garde au monde. Alors que les puissances économiques et politiques tergiversent sur les moyens à mettre en œuvre au plus tôt pour contrer les bouleversements climatiques, le Souverain pontife a rappelé aux scientifiques qu’ils ne devaient pas se tenir en spectateurs devant les catastrophes écologiques qui se succèdent à un rythme effréné. Ils ont, eux aussi entre leurs mains, le sort de la planète.
La science, a-t-il dit, a aussi pour finalités partagées de protéger la maison commune – la Terre – menacée d’un désastre écologique et par la montée des pauvretés et des exclusions sociales. « Je me réjouis que, pour votre part, vous ressentiez profondément la solidarité qui vous lie à l’humanité d’aujourd’hui et à celle de demain. Il revient aux scientifiques, qui agissent libérés des intérêts politiques, économiques et idéologiques, de construire un modèle culturel à même d’affronter la crise des changements climatiques et ses conséquences sociales, afin que les énormes potentialités productives ne soient pas réservées à seulement quelques personnes », a-t-il dit.
Pour lui, jamais comme aujourd’hui le scientifique n’avait été aussi essentiel dans sa mission au service d’un nouvel équilibre écologique global. « Et cela, alors que se manifeste une alliance renouvelée entre la communauté scientifique et la communauté chrétienne qui voient converger leurs approches » face à un « effondrement écologique » annoncé. Par son dialogue interdisciplinaire en interne, a-t-il poursuivi, la science a su faire émerger un leadership mondial autour de questions essentielles comme l’eau, les énergies renouvelables et la sécurité alimentaire. Cette mobilisation ne doit pas faiblir.
« Il devient indispensable de créer, avec votre collaboration, un système normatif qui inclue des limites inviolables et assure la protection des écosystèmes, avant que les nouvelles formes dérivées du paradigme technico-économique produisent d’autres dégâts irréversibles non seulement à l’environnement, mais aussi à la coexistence, à la démocratie, à la justice et à la liberté », a martelé le pape. Le Souverain pontife a mis en garde aussi contre « la faible réaction de la politique internationale dans la volonté concrète de rechercher le bien commun et les biens universels », et « la soumission de la politique à la technologie et à la finance qui recherchent surtout le profit et fait preuve de ‘distraction’ et de retard dans l’application des accords internationaux ».
La politique internationale s’avère incapable et aveugle devant « la guerre de domination masquée » qui cause, elle aussi, des dommages toujours plus graves à l’environnement et à la richesse morale et culturelle des peuples, a dit le pape. Mais tout n’est pas négatif. Ne serait-ce que « le signe encourageant » que représente « l’unanimité qui veut réagir, choisir le bien commun, et veut se régénérer avec responsabilité dans la solidarité ». « Tout comme les valeurs morales, le projet de développement durable et intégral à même de donner à tous les scientifiques, en particulier à ceux qui sont croyants, l’élan puissant dans la recherche ».