Une émission de la télévision publique italienne à tenter de démonter le mythe et démontrer que le titre royal de l’animal à crinière est un peu usurpé.
Le titre de roi de la forêt collé au lion serait aussi trompeur que de qualifier la tortue de l'animal le plus rapide de la création ! Oui, le lion est majestueux par la somptuosité de sa crinière, la peur que diffuse parmi les autres animaux son seul rugissement. Oui, là où il est installé, peu d’animaux osent aller jouer. Son repos est sacré, sa « colère » fatale et sa faim ne se résorbe qu’avec la mort d’une proie, de préférence chassée par l’une de ses femelles qui la lui rapporte. Tout cela est vrai.
Mais est-ce suffisant ? Non, a affirmé une émission de la télévision publique italienne Rai5 diffusée lundi passé. Dans son dernier épisode d’une série intitulée : « Le livre de la savane », la chaîne publique a donné la parole à des spécialistes qui ont énuméré les nombreuses « défaillances » qui militent résolument pour la dépossession du titre de roi dont se pare le lion (sans qu’il ait jamais rien prétendu d’ailleurs !). Et ces insuffisances sont aussi nombreuses que scientifiques, pas hasardeuses comme l’est le sceptre que Jean de La Fontaine a accordé par fantaisie à cet animal.
Les spécialistes ont, par exemple, fait noter que le lion est un des animaux les plus fragiles de la savane africaine. Et, contrairement à une réputation – forcément usurpée –, son espérance de vie ne se situe pas parmi les plus élevées. Pour survivre, il est contraint de développer toutes ses activités vitales : « sieste », repos, reproduction, chasse et socialisation sur le même espace étriqué. Quand les éléphants sont capables de faire des centaines de kilomètres pour rechercher un point d’eau, le lion serait quant à lui condamné à tourner dans un périmètre restreint ne lui offrant que ce qu’il y trouve.
Pour les scientifiques s’étant chargés d’organiser une sorte de concours « Miss univers » des animaux, ce n’est pas le lion qui monterait sur le podium et qui regarderait de très haut ses dauphines. Capacités d’adaptation trop limitées, taux de mortalité parmi les lionceaux trop élevés dans la savane. Même le fait que les autres prédateurs n’osent pas s’attaquer au lion adulte devient un facteur handicapant pour monter sur le trône. Car la crainte devient innée et non pas forcément la preuve que face à un crocodile, par exemple, ou à un éléphant ou même face à la plus déterminée des hygiènes aux crocs acérés, un combat « à la loyale » verrait le prétendu roi conserver sa superbe.
À son corps défendant, ajoutent tout de même les chercheurs, le lion n’a jamais demandé rien, sinon qu’on le laisse en paix. Il n’a écrit aucune fable, n’a jamais perçu des droits d’auteurs pour toutes les ruses et la force brute que La Fontaine lui trouve. C’est pourquoi il faut lui reconnaître des circonstances atténuantes pour le silence qu’il continue d’afficher devant ceux qui affirment, pince-sans-rire, que ce sont les oiseaux qui sont au sommet de la hiérarchie animale. Car on trouve chez eux aussi bien des herbivores que des carnivores, signe qu’ils se sont adaptés au fil des siècles. Le lion pourrait rétoquer que l’argument est un peu spécieux, mais comme il dédaigne s’exprimer sur les réseaux sociaux !...