Le but extraordinaire de Piqueti, les coaches "locaux" qui assurent d'un côté ; l’Algérie, le Gabon et la Côte d'Ivoire déjà au tapis et des pelouses indignes de l'autre: voici les tops et les flops de ce premier tour de la CAN 2017
TOPS
Les coachs "locaux"
Vont-ils succéder à Stephen Keshi, dernier sélectionneur africain à soulever le trophée en 2013 avec le Nigeria ? Florent Ibenge (RD Congo) et Aliou Cissé (Sénégal) ont terminé premiers de leur groupe respectif et s'affirment grâce à leur "coaching" judicieux et leur connaissance des réalités du foot africain. Du côté des techniciens étrangers, tout n’est pas à jeter, loin s’en faut. L’Argentin Hector Cuper ramène les Pharaons égyptiens en quart de finale de la CAN, après 7 ans d’absence. Et que dire d’Hervé Renard, qui sort le Maroc d’un groupe difficile malgré les forfaits de ses 3 meilleurs joueurs (Belhanda, Boufal et Tanane) ?
Le but extraordinaire de Piqueti
Un contre, un lob, une course effrénée de 70 m, un crochet à l'entrée de la surface, un tir dans la lucarne... et le but de la Coupe d'Afrique des Nations millésime 2017. Complètement inconnu -comme le reste de ses équipiers- l'attaquant de Guinée-Bissau Piqueti Djassi Brito Silva a signé une "Maradonade" en ouvrant le score contre le Cameroun. Pas suffisant pour la victoire finale (défaite 2-1). Mais le joueur du SC Braga (L2 portugaise) a fait honneur au drapeau de son petit pays pour sa première participation à la CAN. Pas sûr qu'à bientôt 24 ans Piqueti reste encore longtemps dans l'anonymat des divisions inférieures du Portugal.
Notons aussi quelques belles réalisations de qualités, comme les coups francs inscrits lors de la 3e journée : Mopku, Salah ou Bissouma ont brillé dans cet exercice.
Arbitrage sans faute
Et si c'étaient eux les vrais héros du tournoi? Les arbitres de la CAN 2017 ont fait un quasi sans faute sur les 24 premiers matches. La compétition n'est pas sans enjeu pour ces arbitres: les meilleurs prennent une option pour représenter l'Afrique au Mondial-2018 en Russie. Sang-froid des arbitres ou joueurs disciplinés, mais notons qu'un seul carton a été sorti durant ce premier tour (le Léopards Lomalisa Mutambala).
Le record d'Essam El Hadary
Le mythique gardien égyptien, monument des "Pharaons", est devenu à 44 ans le joueur le plus âgé à disputer une phase finale de la Coupe d'Afrique des nations après son entrée en jeu contre le Mali. Remplaçant au coup d'envoi, il est entré en jeu à la 25e minute après la blessure du titulaire Ahmed El-Shenawy. El-Hadary, qui a remporté quatre CAN (1998, 2006, 2008, 2010), a effacé des tablettes son compatriote Hossam Hassan, qui n'avait "que" 39 ans, 5 mois et 24 jours quand il avait établi le précédent record en 2006.
FLOPS
Le Gabon et Aubameyang.
"On avait tout pour réussir", regrette encore l'attaquant du Gabon dont la sélection sort dès le premier tour, une première pour un pays-organisateur depuis 1994. Le joueur du Borussia oublie un peu vite le changement de sélectionneur opéré à 3 mois du coup d’envoi. Et les crispations autour de la composition du staff technique de Camacho (il se dit que Pierre Aubame, le père de PEA en serait un membre officieux mais influent, voir encombrant). La crise post-électorale et les appels au boycott de la CAN d'une partie de la société civile dressée contre Ali Bongo ont forcément touché les joueurs, même retranchés dans leur hôtel. La presse de l'opposition a laissé entendre que des joueurs, dont Aubameyang et le gardien Didier Ovono, avaient des proches en prison après les violences post-électorales. Info ou intox?
Des favoris au tapis
Outre le Gabon, l'Algérie et la Côte d'Ivoire, tenant du titre, sont les deux autres grandissimes favoris tombés dès le premier tour. Si pour l'Algérie, qui a connu une valse des sélectionneurs sur les six derniers mois et des problèmes défensifs chroniques, l'échec est une demi-surprise, la contre-performance de la Côte d'Ivoire, invaincue depuis 2015, est plus surprenante.
Ambiances et affluences décevantes
Le stade d'Oyem en est le symbole : flambant neuf, à grande capacité d'accueil mais à moitié rempli. Parfois même aux deux-tiers vides comme lors des deux derniers matches où il y avait à peine plus de 7.000 spectateurs.
À Libreville, le stade de l'Amitié, le navire-amiral de la CAN (40.000 places) a été à peu près plein pour les trois matches du Gabon. Avec, curieusement, des files de spectateurs aux portes du stade au moment du coup d'envoi, si bien que la cérémonie d'ouverture avec Booba en vedette s'est déroulée dans une enceinte à peu près vide.
L'ambiance contre le Cameroun était franchement bonne, mais le soufflé est retombé dès le jour suivant pour Tunisie-Zimbabwe (4-2) disputé devant 1.800 personnes. Les organisateurs n'ont plus qu'à espérer qu'une autre équipe d'Afrique centrale - Cameroun ou RD Congo - arrive en finale, pour que les Gabonais reviennent au stade.
Pelouses en état critique
Le sélectionneur du Togo, Claude Le Roy, a pointé, furieux, "les ralentisseurs" de la pelouse du stade d'Oyem. Il faut souligner que les jardiniers avaient achevé de l’installer deux jours avant le coup d’envoi du tournoi, alors qu’il faut habituellement plusieurs semaines de repos pour un enracinement approprié. Un manque de professionnalisme qui n’aide pas à tordre le cou aux préjugés les plus désobligeants répandus sur le football africain. Yacouba Sylla, capitaine du Mali a déploré celle "catastrophique" du stade de Port-Gentil. Conséquence, un spectacle pas toujours à la hauteur dans le jeu, et un "nivellement des valeurs", vers le bas, selon Hervé Renard entre les équipes.
Une moyenne de buts marqués en berne
Avec seulement 44 buts marqués en 24 matchs, la moyenne de cette CAN est de 1,8. Un résultat médiocre qui confirme une courbe inquiétante : depuis les 3 buts par matchs de l’édition 2008, la moyenne baisse tous les deux ans (2,6 en 2010, 2,5 en 2012, 2 en 2013 et 1,9 en 2015). Alors que la CAN n’a jamais été aussi suivie dans le monde, le spectacle en pâti et ne véhicule pas une image très positive du football africain.