Un jeune cinéaste originaire de Goma en RDC, installé depuis 2011 en Ouganda a surpris le public du Fespaco avec sa brillante comédie satirique sur l'industrie des O.N.G. en Afrique.
Dans son film, deux frères découvrent avec un gourou local comment on peut créer une ONG, sur le papier pour récolter les fonds aux États-Unis grâce à une copine américaine amoureuse d'un des frères. C'est aussi le même gourou qui donne des leçons pour attirer une femme blanche à la recherche de l’amour avec un rasta-man africain complètement dépendant.
Dans la scène la plus délirante et mordante du film, un reporteur américain, soit disant “expert” de l'Afrique, arrive au village pour faire un reportage sur les activités de l'ONG imaginaire. Nos héros créateurs de l'ONG fictive et une jeune habitante du village posent devant la caméra en espérant que Justin Biber va voir sa vidéo.
Elle se met très belle et sexy mais le journaliste exige qu'elle s'habille dans la friperie et mette sur son visage la boue et colle les mouches car les bailleurs de fonds ne veulent pas voir l'Afrique propre et saine, selon l'idée du reporter...
Notons que le Fespaco a programmé le film d'Arnold Aganzé sélectionné dans le panorama une seule fois, mais la salle était pleine avec un public pointu et plusieurs représentants des ONG.
Entretien
LDB : comment l'idée du film est venue ?
Arnold Aganzé : j'ai grandi avec des livres édités par les ONG. Tous les manuels scolaires aussi étaient des donations de l'Unicef et d'autres structures. Quand je suis arrivé à Kampala et décidé de faire un film – j'avais déjà la certitude d’aborder ce sujet que personne n'avait encore abordé. J'ai réussi à tourner mon film grâce au don d'un ami Belge de 2500 $ US (qui équivaut à 1, 200 million FCFA). Ainsi, je pouvais montrer dans ce film ce que les films tournés avec l'aide Européenne ne montrent pas. Ces derniers qui montrent l'Afrique triste et pauvre.
LDB : Vos héros n’ont -ils pas de scrupules d’escroquer les donateurs, ou corrompre les villageois pour les demander à prétendre bénéficier de l'aide fictive de leur ONG ?
AA : Oui, mes gars ont envie de faire la fête et c'est pour eux l'unique moyen de trouver de l'argent.