Développement: les candidats à la présidentielle française 2017 favorables à l’augmentation de l’APD

Mardi, Avril 18, 2017 - 10:30

Malgré quelques clivages, un consensus apparaît autour de l’Aide publique au développement (APD) vers l’Afrique. Même si les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Les Dépêches de Brazzaville vous présentent une compilation des propositions des candidats à la présidentielle française.

Une APD conditionnée

François Fillon de Les Républicains (LR) veut faire de la politique de développement un axe majeur de la diplomatie française et renforcer sa cohérence avec « les politiques étrangère, sécuritaire et migratoire ». Pour lui, l’aide au développement est essentielle pour garantir la stabilité et la sécurité des régions en développement, notamment l’Afrique. Mais il conditionne  cette aide à la coopération des pays d’origine de l’immigration pour le retour de leurs ressortissants. Par contre, il se refuse toutes promesses dont il n’est pas sûr d’assurer la tenue.

Si elle était élue, Marine Le Pen du Front National (FN) va faire de l’Afrique « la première des priorités internationales de la France », et de l’aide au développement une « question de sécurité nationale ». Elle va y consacrer plus de 16 milliards d’euros, soit 0,7% de la Richesse nationale brute (RNB), mais seulement en 2022, et recréer un « vrai » ministère de la Coopération.

Une APD non-conditionnée et des propositions parfois radicales                             

Jean-Luc Mélenchon de la France Insoumise (LFI), inscrira « la solidarité internationale et le développement comme des axes essentiels de la feuille de route du ministère des Affaires étrangères ». Il a à cœur de lutter contre la désertification du sahel, d’aider à la revivification du bassin du lac Tchad pour réduire les flux migratoires, d’agir sur le dérèglement climatique par le transfert de technologies. Il a dénoncé les APE, « les dettes et les politiques d’ajustement structurels imposées par le FMI et la Banque mondiale », il s’est engagé à combattre la « prédation ultralibérale en Afrique ».

Le programme d’Emmanuel Macron d’En Marche préconise  « une trajectoire d’augmentation progressive entre 2017 et 2030, conditionnée à nos résultats économiques ». Il opte pour un temps long. Puis, s’engage à agir en « toute transparence, loin des réseaux de connivence », mobiliser plus de financements pour les PME africaines. Il dénonce la colonisation qu’il considère « comme un crime contre l’humanité », et veut repenser la stratégie africaine de la France. Il place la lutte contre le terrorisme en Afrique parmi ses priorités et la mise en place des infrastructures.

Pour Benoît Hamon du Parti Socialiste (PS) : « le coeur de la France ne bat plus lorsque les politiques de développement et de coopération ne visent qu'à faire en sorte  que [les migrants et les réfugiés] restent chez eux et qu'on n’ait pas l'aspiration d'un développement harmonieux ». Il rétablira «  l’aide au développement à la hauteur de nos moyens et de notre responsabilité en fixant par la loi que ce budget ne peut être en deçà de 0,7% du RNB. J’établirai des partenariats équitables avec les pays d’Afrique ».

La position des  autres candidats

Le candidat de Debout la France (DLF), Nicolas Dupont-Aignan plaide pour le codeveloppement et l’augmentation de l’APD ; un grand partenariat entre la France et l’Afrique, dont la création d’une organisation sur le modèle de l’Opep ; un soutien des marchés communs (Uémoa et Cémac) ; un « plan Marshall » pour stimuler les investissements agricoles sous l’égide de la Fao. Nathalie Arthaud de Lutte Ouvrière (LO) ambitionne de mettre fin au « pillage » de l’Afrique par les grandes entreprises françaises.

Philippe Poutou du NPA va nationaliser ces groupes et les restituer aux Etats où ils sont implantés. Jacques Cheminade de Solidarité et Progrès lancera de grands projets infrastructurels panafricains et dotera l’Afrique de centrales de 4e génération. Jean Lassalle de Résistons pèsera sur des « traités équilibrés entre la France et les pays africains » pour appuyer le développement , privilégier les énergies renouvelables et les télécommunications.

Les représentants des candidats vantent les bienfaits de l’APD à Sciences-Po

Pour le représentant d’Emmanuel Macron, l’ex-Dg de l’AFD, Jean-Michel Severino, l’APD est fondamentale pour contribuer à rendre le monde juste. Il rappelle  que la France a une dette à l’égard des pays que « nous avons pillés pendant quatre siècles ». Yannick Jadot  de Benoît Hamon pense  que « L’APD est une forme de rééquilibrage ». Alors que  Bertrand Dutheil de La Rochère de Marine Le Pen milite pour une APD à 0,7%, « jamais respectée ». Pour Bernard Féraud de Jean-Luc Mélenchon  l’APD ne peut être conditionnée à l’arrêt des flux migratoires qu’il considère comme « un assujettissement ».

Ils sont convaincus de l’atteinte de l’APD (0,7%) d’ici à 2020 ou 2022 et déplorent son faible niveau. Seul Jean-Michel Severino parie qu’ « aucun président ne le fera », car l’engagement représente 25 milliards d’euros sur 5 ans. Pour Yannick Jadot, l’« effort financier n’est pas impossible », grâce à de nouvelles formes de financement (Ex: les taxes sur les transactions financières). François Fillon se refuse à donner une date de son atteinte. Peut-être à cause  de la crise économique préoccupante de la France. Depuis 2014, la France a perdu sa place de 5ème puissance économique mondiale, détrônée par le Royaume-Uni. Sa croissance stagne à 1,3% PIB depuis 2015.

Les pays de l’OCDE ont promis en 1970 de consacrer 0,7% de leur RNB à l’APD. En 2016, la France n’a consacré que 9 milliards d’euros à l’APD, soit seulement 0,38% de son RNB. Elle est la 5ème contribution mondiale, derrière les Etats-Unis, l’Allemagne, le Japon et le Royaume-Uni. 

Noël Ndong
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