Le Dg de l’Agence française de développement (AFD), Rémy Rioux, invite les agences de développement à changer leur approche duale de l’Afrique. Remy Rioux répondait à une interview d’Euractiv à l’issue d’un colloque à Paris intitulé : « Tout Afrique : les enjeux d’une approche continentale ». Il souligne certaines perceptions de cette vision.
« Nos organisations, nos façons de travailler ont pour conséquence de séparer l’Afrique en deux blocs : l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne », fait-il remarquer. Soulignant : « Ce n’est pas la façon dont les Africains vivent leur continent. En restant sur cette vision duale du continent, je pense que certaines réalités africaines sont mal perçues ».
Rémy Roux poursuit son constat : « Lorsque je me rends au Maroc, en Tunisie ou en Algérie, je suis frappé par le discours des politiques et les stratégies de ces pays qui ont tous des ambitions africaines. Il faut qu’on l’entende. Cela a été rendu encore plus manifeste avec le retour du Maroc dans l’Union africaine, sa volonté de rejoindre la Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), la Tunisie qui veut rejoindre la Comesa (marché commun de l’Afrique orientale et australe), des choses qui étaient difficilement imaginables, il y a deux ans. Ce sont aujourd’hui les nouvelles réalités économiques et diplomatiques de l’Afrique dont on prend la mesure ». Puis précisant : « Cela ne veut pas dire que l’Afrique est indistincte, il y a des sous-régions, mais les lignes de partage ne sont pas seulement de lignes de partage nord-sud ».
L’Afrique, terre d’expérimentation
Le Dg de l’AFD relève d’autres mutations notamment celles qui arrivent aujourd’hui d’abord en Afrique avant d’arriver en Europe, dans les énergies renouvelables ou dans les services financiers (paiements bancaires mobiles). Il parie que les Africains trouveront des nouveaux modèles économiques, qui vont rétroagir en Europe. « Aujourd’hui le développement fonctionne dans les deux sens », a-t-il indiqué. Considérant que cela devrait aussi être l’esprit des ODD (Objectifs du développement durable).
Pour lui, « nous sommes dans un monde en commun », où la politique de développement revient à un échange d’expériences. Ainsi « les ODD s’appliquent à la France comme au Burkina Faso, au Mexique, à L’Indonésie. On ne part pas du même point de départ, mais on a tous les mêmes objectifs », a-t-Il relevé.
L’engagement de l’AFD devrait passer de 8 à 13 milliards d’euros en 2020. Il s’est félicité de la dernière loi de finances en faveur de l’aide au développement. Le secteur reste une priorité, au travers du fonds fiduciaire pour l’Afrique notamment Proparco, qui va doubler son activité d’ici à 2020, ainsi que son budget qui devrait passer de 1 à 2 milliards d’euros et la modernisation de ses instruments.