Agée de 42 ans, l’économiste camerounaise Vera Songwe a été nommée par le secrétaire général des Nations unies comme secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA). Cette femme siège au Conseil d’administration de la Fondation Tony Elumelu et distille ses analyses à la Brookings Institution. Elle fait également partie du puissant réseau African Leadership Network (ALN).
Vera Songwe est la première femme à occuper le poste de secrétaire exécutif à la CEA, en remplacement du Bissau-guinéen, Carlos Lopes, démissionnaire. Elle quitte le groupe de la Banque mondiale (BM) où elle vient de passer 19 ans. Depuis 2015, Vera Songwe est représentante-résidente de la Société financière internationale (SFI), une filiale de la BM spécialisée dans le financement du secteur privé.
Auparavant, entre 2011 et 2015, elle a été la directrice des opérations de la BM au Sénégal, au Cap-Vert, en Gambie, Guinée-Bissau et Mauritanie.
En 2014, Vera Songwe a fait partie des 200 jeunes leaders économiques africains distingués par l’Institut Choiseul, un think-tank français qui établit une sélection et un classement de jeunes africains de 40 ans maximum, appelés à jouer un rôle majeur dans le développement économique du continent dans un avenir proche. Des points étaient attribués en fonction de l’image et de la réputation ; du parcours et des compétences; du pouvoir et de la fonction; de l’influence et des réseaux ; du potentiel et du leadership.
Alors qu’elle inaugurait le centre africain d’excellence en mathématiques et informatique à l’Université Gaston Beger de Saint Louis et en santé de la mère et de l’enfant à la faculté de médecine de l’Ucad au Sénégal, en juillet 2014, Vera Songwe a parlé de « catastrophe silencieuse », et de « chiffres insoutenables » sur la mortalité maternelle et infantile. Près de 400 femmes sur 10 000 meurent ,chaque année, en donnant naissance alors que 72 enfants sur 1000 n’atteindront pas l’âge de 5 ans.
Vera Songwe parlait d’urgence en matière de recherche dans le secteur de la santé, « compte tenu des mauvais résultats enregistrés. « Je crois que ces chiffres sont inacceptables en 2014 et nous espérons qu’avec ce centre nous parviendrons à les réduire », avait-elle déclaré. Ajoutant : « Il est important et crucial d’atténuer cette catastrophe silencieuse qu’est la mortalité infantile qui est un des OMD [Objectifs du millénaire pour le développement] en Afrique que nous n’atteindrons pas.
Lucide, consciente de l’ampleur de la tâche qui l’attend, la nouvelle secrétaire exécutive de la CEA a souvent dit : « En Afrique, il faut toujours en faire plus : nous avons un retard à rattraper. Mon objectif premier est d’aider l’équipe à répondre rapidement aux besoins formulés ». Elle figurait parmi les 25 Africains « à suivre », selon le Financial Times. Vera Songwe peut être satisfaite de son séjour professionnel. Le Sénégal et la Mauritanie, deux pays dont elle avait la direction, figurent dans le top 10 des pays réformateurs du rapport « Doing Business ».
Fille de médecin, ancienne élève du Our Ladies of Lourdes College à Bamenda, dans la partie anglophone du Cameroun. Avant ses trois ans à l’université de Michigan aux Etats-Unis et avant de devenir Professeur invité, à l’université de Californie du Sud, Vera Songwe est détentrice d’un doctorat en économie mathématique de l’université de Louvain-la-Neuve en Belgique. Elle entre à la BM en 1998 et collabore avec Ngozi-Okonjo-Iweala, ancienne directrice générale de la BM et ancienne ministre des Finances au Nigéria. Pour Vera Songwe, le développement relève de la volonté politique, du leadership et d’une équipe.