A Dakar, les représentants des pays du groupe ACP n’ont pas caché leur mécontentement lié à leur collaboration avec l’Union européenne (UE).
Pour l’Allemagne, la réussite d’un sommet Afrique-UE passe par la participation de l’Afrique du Nord, une référence à la guerre civile qui se déroule actuellement en Libye et par rapport à la situation actuelle en Egypte. Le représentant allemand en Afrique a indiqué que le commerce entre l’Europe et l’Afrique est « presque insignifiant ». Ce ne sont pas une success story.
La faute proviendrait des mauvais accords de partenariat mis en place par l’UE mais également les gouvernements africains qui « ne sont pas à la hauteur ». Guenther Nooke, avait déjà dépeint un tableau plutôt pessimiste de la situation en Afrique, lors d’un événement organisé à Bruxelles par la fondation Konrad Adenauer. Il mettait en garde une centaine de spécialistes de l’aide humanitaire.
« Les gouvernements africains seront tenus pour responsables de chaque enfant mal nourri [en Afrique] ». Il ajoutait que ceux qui voulaient lutter contre ce fléau « seraient soutenus ». Mais il est conscient que « le bien-être de l’Afrique était dans l’intérêt de l’Europe, mais cela ne voulait pas dire « que nous devrons prendre toutes les responsabilités. Nous trouvons que de nombreux gouvernements africains ne sont pas à la hauteur ».
Une partie de l’Afrique subsaharienne subit actuellement la sécheresse et la famine, notamment au Soudan Sud, en Somalie, au nord du Nigeria, et des transitions démocratiques fragiles. C’est le cas de la Gambie, de la RD Congo et de la Centrafrique. Il aurait dû être conçu comme un plan « avec l’Afrique » et non « pour l’Afrique », a déclaré l’ambassadeur de l’Union africaine auprès de l’UE, Ajay Bramdeo.
L’ambassadeur du Zimbabwe auprès de l’UE a voulu s’informer si l’Afrique avait été « impliquée » dans le Plan Marshall allemand. Ajay Bramdeo s’est excusé de « mettre des vérités qui fâchent sur le devant de la scène », tout en soulignant que ni l’Europe ni les Etats-Unis ne s’étaient développés en tant que démocraties avant de développer leur économie. « Nous ne sommes pas antidémocratiques, mais qui peut décider s’il y a assez de progrès démocratique pour nous imposer des mesures d’aide ? », s’est-il interrogé face à l’Assemblée.
Pour la DG adjointe pour l’Afrique au Service européen pour l’action européenne, Brigitte Nygaard Markussen, l’UE avait fait preuve de courage au Gabon et en Gambie, en luttant contre « des élections truquées grâce à ses missions d’observation électorale ». Pour Geert Laporte du Centre européen de gestion des politiques de développement, il s’agit d’objectifs plus faciles à atteindre dans ces Etats que dans des pays stratégiques comme l’Ethiopie, où l’UE a été accusée d’occulter les abus contre les droits de l’Homme.
Ajoutant que les initiatives de paix de l’UE et de l’Occident dans son ensemble en Afrique « créaient un état de dépendance », tandis que les sommets internationaux sur l’Afrique ne parvenaient pas à « aborder des sujets brûlants par peur de casser l’ambiance ». Il pense que « l’explosion démographique en Afrique était une menace permanente », compte tenu du fait que sa population est appelée à doubler pour se fixer à 2 milliards d’individus d’ici à 2050 et 4 milliards d’ici à 2100. Guenther Nooke avait déjà déclaré : « nous avons besoin d’un changement radical pour maîtriser la situation. La structure des gouvernements africains devra être considérablement améliorée pour devenir durable ».