Des cris de singe, des décisions arbitrales ouvertement discriminatoires, des vexations : les joueurs africains se plaignent de leur sort sur les terrains et hors.
C’est l’affaire Muntari qui a de nouveau réveillé cette semaine le serpent dormant du racisme dans le football en Italie. Milieu de terrain au Pescara AC, d'origine ghanéenne et un caractère affirmé, Sulley Muntari a quitté le terrain lors d’une rencontre contre Cagliari. Il en avait assez de se plaindre des cris racistes qui accompagnaient chacune de ses prises de balle sur le terrain. L’arbitre ne voulait littéralement rien sentir. De guerre lasse Muntari a fini par craquer et quitter le terrain.
Mais le scandale l’est devenu lorsque non seulement l’arbitre a infligé un carton jaune au protestataire, mais que le match s’est poursuivi comme si de rien n’était. Et la fédération italienne de football a aggravé le tout en infligeant une journée de suspension à Muntari : la coupe était pleine. « Les derniers jours ont été très durs pour moi. Je me suis senti isolé et en colère… J'ai été traité comme un criminel. Comment pouvais-je être puni alors que j'étais victime de racisme ? », s'est-il interrogé.
Finalement, grâce à l’intervention de la fédération internationale des footballeurs professionnels la sanction a été levée, mais le malaise est vivace. D’autant que, dans le même temps le défenseur marocain de la Juventus Turin, Mehdi Benatia a lui aussi fait état d’insultes racistes alors qu’il accordait une interview après match. Il affirme avoir entendu, pendant qu’il était en duplex avec les journalistes : « Qu'est-ce que c'est que ces conneries. Ferme-la, Marocain de merde ». Des aménités de ce genre tendraient à se banaliser en Italie.
Depuis les cas précédents des Ballotelli, Boateng et autres Niang, le footbal italien est traversé de spasmes aux relents racistes ou xénophobes. Les spécialistes affirment que c’est la résultante d’une société qui découvre de jour en jour d’être devenue multiculturelle et multiraciale. Peut-être. Mais que les arbitres et les dirigeants haut-situés (on se rappellera la phrase dénuée de finesse de Carlo Tavecchio, président de la fédération qualifiant Paul Pogba l’an dernier de « mangeur de banane ») s’y mettent aussi, n’est pas le signe d’une évolution dans le bon sens.