La réponse est « non ». En moyenne, nos activités émettent en seulement 3 à 5 jours l'équivalent des rejets de CO2 de tous les volcans terrestres pendant une année.
Cette question récurrente sur les causes anthropiques et naturelles de l'augmentation du dioxyde de carbone dans l'atmosphère a fait l'objet d'une mise au point publié par Terrance Gerlach dans la revue Eos de l'American Geophysical Union. Les résultats de cette étude soulignent sans équivoque que la réponse à cette question est « non » : « Les émissions anthropiques de CO2 surpassent largement celles issues des volcans », a déclaré Terrance Gerlach.
Les éruptions volcaniques rejettent des cendres, des poussières, des gaz : soufre, des halogènes, du CO2 et de la vapeur d'eau dans l'atmosphère. Les émissions de soufre agissent sur le climat en réduisant le rayonnement solaire, en réchauffant la stratosphère, en altérant la création d'ozone, en diminuant la température moyenne de surface et en réduisant notablement les précipitations, explique un article scientifique paru dans PAGES Magazine. Le CO2, un gaz à effet de serre, est également émis par le dégazage du magma souterrain qui est présent sous les volcans.
Si l'on compare les émissions en dioxyde de carbone (CO2) des volcans terrestres à ceux de nos activités, la comparaison est sans équivoque. En moyenne, nos activités émettent en seulement 3 à 5 jours l'équivalent des rejets de CO2 de tous les volcans terrestres pendant une année. Rappelons que le CO2 émis en excès dans l'atmosphère est à l'origine du réchauffement climatique en cours.
Encore plus fort que les supervolcans
Nos activités émettent 140 fois plus de CO2 que les volcans. Pour arriver à cette conclusion, le chercheur a travaillé sur cinq études publiées dans des revues scientifiques, qui évaluent les émissions planétaires de CO2 provenant des volcans. Celles-ci sont estimées entre 100 millions et 500 millions de tonnes de CO2 par an. Terrance Gerlach a donc choisi d'utiliser le nombre de 250 millions de tonnes de CO2 par an pour réaliser ses comparaisons. Or, les émissions anthropiques - dont l'origine est humaine - de CO2 étaient de 35 milliards de tonnes en 2010 : c'est 140 fois plus !
Les calculs de Gerlach suggèrent que nos émissions actuelles de CO2 pendant une année dépasseraient même celles liées à l'éruption d'un ou plusieurs supervolcans par an. Or, ces éruptions massives, souvent à l'origine de crises biologiques majeures, sont extrêmement rares avec des périodes de retour de 100 000 à 200 000 ans. Heureusement pour nos civilisations, l'Homme moderne n'a encore connu aucune éruption massive. L'exemple le plus récent est l'éruption de Toba il y a 74 000 ans en Indonésie et l'éruption de la caldeira de Yellowstone, aux États-Unis, il y a deux millions d'années. D'ailleurs, les récentes déformations topologiques du supervolcan de Yellowstone indiquent qu'une éruption massive pourrait bien se reproduire.
Comme dans tous les domaines de la recherche scientifique, les efforts doivent être maintenus afin de réduire encore les incertitudes sur les rejets liés aux dorsales médio-océaniques, aux arcs volcaniques et aux volcans de type points chauds. Cependant, il existe un consensus scientifique certain sur la quantité bien plus faible des rejets de CO2 issus des volcans par rapport à ceux que nous émettons massivement.