Partout dans le monde, les initiatives pour la reconnaissance du crime d’écocide se multiplient. L’enjeu : que la justice internationale puisse sanctionner les atteintes à l’environnement.
Un choc, ou plutôt un élan : voilà ce qu’il faudrait pour propulser sur la scène internationale le concept d’« écocide ». Une arme-clé qui permet de punir les atteintes les plus graves à l’environnement, celles qui détruisent de manière irréversible la planète. Se rendre coupable d’écocide, c’est brûler notre foyer, la Terre. Construit à partir des mots « écosystème » et « génocide », le néologisme dérange. Quant à la notion de crime d’écocide, elle va radicalement à l’encontre des intérêts de mafias qui ont fait du trafic des espèces sauvages et du bois une nouvelle source de revenus et de ceux des multinationales chimiques ou nucléaires.
De plus en plus de voix s’élèvent pour réclamer la reconnaissance par la Cour pénale internationale (CPI) du crime d’écocide. Mais derrière cette notion juridique à la définition encore floue, ce n’est rien de moins que la reconnaissance d’un droit des générations futures qui se dessine.
Le 15 septembre 2016, la CPI annonçait l’élargissement de son champ d’action à certains crimes environnementaux. Dans un « document de politique générale relatif à la sélection et à la hiérarchisation des affaires », le bureau de la procureure Fatou Bensouda précise que la Cour pourra désormais s’intéresser aux crimes « impliquant ou entraînant, entre autres, des ravages écologiques, l’exploitation illicite des ressources naturelles ou l’expropriation illicite de terrains ». Cette annonce a été saluée par les défenseurs de l’environnement, mais il ne s’agit pas encore de la victoire espérée, à savoir la reconnaissance par la CPI de l’écocide comme cinquième crime international, aux côtés du génocide, du crime contre l’humanité, du crime de guerre et du crime d’agression.
L’urgence est de faire évoluer le droit. En 2014, 19,3 millions de personnes ont dû quitter leur lieu de vie en raison d’une catastrophe naturelle. Un chiffre qui rappelle que les atteintes à l’environnement ont des conséquences sur l’humain et la stabilité mondiale. Damian Verzenassi, le médecin argentin a mené une vaste étude sur les conséquences de l’utilisation des OGM, introduits dans les années 1990 dans son pays. Il constate une explosion du nombre de fausses couches et de malformations dans les localités où les OGM sont majoritairement utilisés. Si le crime d’écocide était reconnu, on pourrait contraindre le système industriel à changer sa manière de faire.
La solution réside peut-être dans une définition plus inclusive : une atteinte volontaire à l’environnement, provoquant la destruction des communs planétaires et mettant en danger l’humain. Mais pour sensibiliser et faire bouger les lignes rapidement, un peu d’anthropocentrisme ne peut sûrement pas faire de mal… Si le chemin est encore long avant la reconnaissance juridique, les générations présentes ont la responsabilité de léguer aux générations futures une Terre qui ne soit pas un jour irrémédiablement endommagée par l’activité humaine.