Energies renouvelables : en hausse dans le monde, malgré des investissements en baisse

Vendredi, Octobre 27, 2017 - 15:30

Le rapport annuel du réseau international REN21 sur les énergies renouvelables a établi un nouveau record d’installations solaires et éoliennes en 2016 et leur capacité à prendre le relais des énergies fossiles, en dépit de la diminution des investissements.

Ce document dresse le panorama le plus complet des filières renouvelables dans le monde. Loin d’être inaccessibles, les énergies renouvelables se démocratisent dans les pays en voie de développement alors que la Chine conserve sa place de leader mondial. Une réponse qui confirme l’essor continu de ce secteur. À la fin de 2016, la capacité totale d’énergie renouvelable a franchi pour la première fois la barre de 2 000 gigawatts (GW), à 2 017 GW, soit une progression de 8,7 % sur un an, de même niveau que celle enregistrée en 2015. Si un peu plus de la moitié de ce potentiel reste assuré par les ouvrages hydrauliques, le développement du secteur est tiré par le solaire photovoltaïque (303 GW, + 33 %) et par l’éolien (487 GW, + 12,5 %), qui comptent à eux deux pour plus de 80 % dans cette croissance.

Au niveau mondial, les énergies renouvelables représentent dorénavant 19,3 % de la consommation finale d'électricité contre 78,4 % pour les combustibles fossiles et seulement 2,3 % pour le nucléaire.

Baisse des coûts des technologies

Les énergies tirées du soleil, du vent ou de la biomasse continuent de gagner du terrain, alors même que les investissements qui leur sont consacrés sont en chute libre. Ceux-ci ont en effet diminué de 23 % en 2016, pour tomber à 242 milliards de dollars. Le recul est très significatif pour les pays développés (– 14 %), mais il est particulièrement prononcé pour les pays émergents et en développement (– 30 %), alors qu’en 2015 ces derniers avaient pour la première fois investi davantage que les nations « avancées » dans les renouvelables, ils ont considérablement réduit la voilure.

Le résultat de la baisse des coûts des technologies renouvelables permet, note REN21, d’avoir « plus de capacité pour moins cher ». Pour certains projets solaires, le prix du kilowatt- heure est descendu à 0,03 dollar, un tarif défiant toute concurrence. Mais on peut aussi craindre que ce désinvestissement se traduise, à court terme, par une moindre croissance du secteur. Le marché chinois, si dynamique qu’il soit, avec un tiers des dépenses mondiales dans les renouvelables, connaît lui-même un ralentissement, ce qui est aussi le cas de l’Inde, du Japon et de l’Afrique du Sud.

Environ 10 millions d’emplois dans le monde

C’est un palier symbolique. À l’échelle de la planète, les filières vertes représentent aujourd’hui 9,8 millions d’emplois directs et indirects, majoritairement dans le solaire (3,9 millions de postes) et les bioénergies (2,8 millions), selon un rapport de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena). Comparée au niveau de 2015, la progression est certes d’à peine 1 %, un tassement de l’activité ayant été constaté dans le domaine de l’hydroélectricité et des bioénergies. Mais, par rapport à 2012, l’année où l’Irena a entrepris d’effectuer ce décompte, l’augmentation est de près de 40 %.

« Un moteur économique majeur »

Les énergies renouvelables coûtent moins cher que les énergies fossiles. Plus que l'augmentation de capacité, attendue et logique dans une filière en plein essor, c'est l'intérêt économique qui retient l'attention. En effet, les énergies renouvelables deviennent le mode de production électrique le plus économique, ce qui devrait enfin engager la transition énergétique.

« La baisse des coûts et les politiques mises en place ont continûment poussé à la hausse l’investissement et l’emploi dans les énergies renouvelables », commente l’agence. Elle estime que d’ici à 2030, ce secteur pourrait totaliser 24 millions d’emplois, faisant ainsi « plus que compenser les postes perdus dans les énergies fossiles » et devenant « un moteur économique majeur dans le monde ».

Émergence de l’Afrique

Au sein du Vieux Continent, où les derniers chiffres complets remontent à 2015, l’Allemagne reste le poids lourd (334 000 emplois, soit près de 30 % du total européen), mais son industrie marque le pas dans le domaine des énergies renouvelables, en raison d’un repli de son marché intérieur, notamment dans l’éolien terrestre, que ses exportations ne suffisent pas à compenser. La France conserve son deuxième rang (162 000 emplois), devant le Royaume-Uni (110 000).

Bien que sous-représentée, l’Afrique, qui n’apparaissait même pas dans les recensements précédents, y figure désormais, essentiellement grâce à l’Afrique du Sud, qui totalise la moitié des 61 000 emplois du continent dans ce secteur, et aux pays du Maghreb, qui en détiennent le quart. Sur une grande partie de ce territoire, estime l’Irena, ce sont les systèmes électriques décentralisés, comme les équipements photovoltaïques hors réseau ou les mini-réseaux, qui peuvent fournir « accès à l’énergie et développement économique ».

Les investissements restent toujours largement dominés par les filières de l'éolien et du solaire photovoltaïque, alors que toutes les technologies devraient être déployées (géothermie, biomasse, énergie marine...). Le changement est possible rapidement quand les gouvernements passent aux actes, en établissant des politiques claires, de long-terme et qui envoient les bons signaux aux investisseurs.

100 % d'énergie renouvelable dans un pays : c'est possible !

Un des arguments des opposants aux énergies renouvelables c'est leur caractère intermittent : sans soleil ni vent et sans stockage simple de l'électricité produite, les énergies renouvelables seraient condamnées à être couplées avec une énergie fossile ou nucléaire. Le rapport de REN21 démonte ce mythe : intégrer au réseau une large quantité d'énergie renouvelable est faisable sans avoir recours à une « baseload » fossile ou nucléaire. En outre, cela garantit une bonne flexibilité qui permet d'équilibrer non seulement les sources dites variables mais aussi d'optimiser le système et de réduire les coûts de production globaux. Il n'est donc en rien surprenant que le nombre de pays gérant sans difficulté des pics atteignant un niveau de 100% renouvelables sont en progression, à l’instar du Danemark et de l’Allemagne.

Enfin, les innovations et percées technologiques dans le domaine du stockage vont permettre encore plus de flexibilité dans la gestion du système énergétique. En 2016, environ 0,8 GW de capacité de stockage avancé sont devenues opérationnelles, amenant le niveau total estimé à 6,4 GW.

Le secteur du transport en reste

Les secteurs du transport, de la chaleur et du refroidissement peinent à profiter de l’essor des énergies renouvelables par rapport au secteur de l'électricité. Le déploiement de technologies renouvelables dans les secteurs de la chaleur/refroidissement demeure un challenge en raison de la nature unique et décentralisée du marché.

La dé-carbonisation du transport, basée sur les énergies renouvelables, n'est encore ni sérieusement envisagée ni une priorité. Malgré une expansion considérable de la vente de véhicules électriques, due principalement au coût décroissant des batteries, il reste encore beaucoup à faire afin de garantir que ces véhicules bénéficient du réseau de rechargement adéquat et qu'ils soient alimentés par des sources renouvelables. Alors que le transport aérien et par voie maritime représente les plus grands défis, ni les politiques publiques ni les impulsions commerciales n'ont permis de faire émerger de vraies solutions technologiques.

Josiane Mambou Loukoula
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