1er novembre : dans l’ombre éternelle des défunts

Vendredi, Novembre 3, 2017 - 14:00

Lieux sinistres d’ordinaire, les cimetières font face à une affluence entre pleurs, assainissement et dépôt de la gerbe de fleurs, le jour de la Toussaint. Nom ou effigie du disparu marqué sur la pierre tombale, c'est ce qui retient l’attention pour la reconnaissance de la tombe d’un proche. Ainsi, nous vivons, en cette journée mémorable, un instant dans l’ombre éternelle…

Jour férié, 1er novembre.  Malgré la baisse de la température et un temps orageux, les membres de famille fusent de partout. C’est la Toussaint. Certaines personnes vont profiter de cette journée supplémentaire de repos, d’autres iront déposer les fleurs sur les tombes de leurs proches, nettoyer ou désherber les environs.

Quoique fête catholique honorant tous les saints, la Toussaint, célébrée le 1er novembre de chaque année depuis des siècles, est devenue, par habitude, au Congo, une fête des morts. Cette dernière pourtant commémorée le 2 novembre. Pour les chrétiens catholiques, la journée commence par la messe ou le culte et se termine au cimetière où l’on va fleurir les tombes des êtres chers. Au fil du temps, dans la société congolaise, on perd l’habitude de ce geste symbolique.

La Toussaint est un jour férié dans les pays à tradition majoritairement catholique. Un jour où l’on se souvient de ceux qui nous ont quittés. Cela est devenu une sorte de tradition que de consacrer le 1er novembre à fleurir les tombes, en signe de l’amour que l’on porte pour les êtres chers dans l’au-delà. En effet, fleurir une tombe, considérée comme la dernière demeure du disparu, et s’y recueillir sont des gestes importants qui témoignent de l’affection et de la pensée pieuse qu’on garde de l’être cher qui y repose. C’est un acte de mémoire qui tire sa substance même de nos croyances africaines qui considèrent que « les morts ne sont véritablement pas morts… ».

Malheureusement, l’influence de la culture urbaine guidée par l’intérêt matériel et, surtout, l’offensif de certains mouvements religieux de réveil, entreprennent de balayer la tradition de fleurir les tombes de nos êtres chers. Conséquence : de moins en moins de personnes accomplissent ce geste. Dans nos villes, les cimetières sont, maintenant, souvent des lieux abandonnés où les tombes finissent par disparaître dans l’herbe sauvage, lorsqu’elles ne sont pas détruites, au fur et à mesure, pour disposer de parcelles de terrain destinées aux habitations. L’Etat aussi donne l’exemple, puisqu’officiellement, les autorités publiques accomplissent le geste, chaque 1er novembre. Fête catholique de tous les saints, la Toussaint donne la possibilité de témoigner de notre affection aux êtres chers qui nous ont précédés dans l’autre monde.

Bénédicte Alouna
Légendes et crédits photo : 
Photo: Des sépultures au cimetière d'Itatolo
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