Moody’s Investor Service a dégradé la perspective de notation à négative par rapport à stable. Il se dégage ainsi des risques majeurs d’une augmentation significative de la volatilité du cadre macro-économique et des pressions externes. Par conséquent, le pays devrait continuer à enregistrer une baisse généralisée des activités économiques, de la position extérieure et du soutien financier international. Même si le score paraît fort préoccupant, le pays n’a pas atteint le seuil de la catastrophe. Tout est encore possible au cours des prochains mois.
Les évaluateurs de Moody’s estiment que la RDC devrait connaître une volatilité élevée du cadre macro-économique jusqu’à l’élection présidentielle prévue à la fin de l’année 2018. Un avis qui rejoint la plupart des analyses locales qui ont confirmé la rupture après plusieurs années de stabilité macro-économique. Sur le plan des perspectives d’avenir, la plupart de ces analyses restent globalement pessimistes. Au niveau des points de convergence, il y a une nette prédominance de l’opinion selon laquelle les enjeux électoraux vont continuer à jouer un rôle déstabilisateur au cours des prochains si les tractations actuelles ne permettent pas un atterrissage en douceur. En rapport avec le financement des élections à proprement parler, la communauté internationale pose des préalables politiques avant tout soutien du processus électoral en cours. Pour autant, elle n’est pas prête à lever les sanctions ciblées, du moins pour l’instant.
Si la situation politique s’empire, il faut craindre une dégradation accentuée des principaux paramètres économiques. Pour Moody’s, la scène politique va se révéler nocive une fois encore sur l’économie nationale, le soutien international et le crédit. La conséquence directe de l’incertitude actuelle est le report des investissements étrangers après les élections. Sur le plan monétaire, il faut signaler la vulnérabilité de la monnaie nationale, avec près de quatre interventions de la Banque centrale du Congo (BCC) pour stopper la dépréciation du franc congolais au cours de l’exercice 2016. Une année plus tard, en 2017, le pays était à deux doigts de franchir la barre fatidique des 2000 FC pour un dollar américain. Cependant, il faut noter une certaine accalmie depuis bientôt quatre mois. La même tendance à la stabilisation est observée au niveau de l’inflation.
Selon Moody’s, le plus grand effet de l’incertitude politique va se faire ressentir sur la vie économique. Déjà, affirme-t-il, les autorités n’ont pas pu trouver un terrain d’entente sur un soutien financier international auprès des partenaires traditionnels. Et les pressions extérieures vont continuer à exercer une influence négative. En effet, le pays sort déjà de deux années consécutives de baisse des cours mondiaux des produits de base. Il s’agit de la principale source d’entrée de devises étrangères pour le pays. Toutefois, la faible dette extérieure de la RDC et le rebond attendu des cours des matières premières en 2018 justifie la note d’émetteur à long terme B3 de Moody’s en faveur du pays. Un optimisme mesuré du fait des faibles niveaux de richesse et des faiblesses institutionnelles.