Brazzaville : les travaux d’aménagement de la rivière Tsiémé attendus par la population

Lundi, Février 3, 2014 - 22:00

« Où en est-on avec le projet d’aménagement de la rivière Tsiémé ? » La question préoccupe actuellement les riverains de cette rivière qui traverse Brazzaville sur plus de huit kilomètres, posant de pressantes difficultés de drainage des eaux pluviales dans les arrondissements de Talangaï, Ouenzé et Djiri où les cas d'inondation sont devenus monnaie courante en période de pluie

Selon des sources proches de la Délégation générale aux grands travaux (DGGT), l’urgence du problème est prise au sérieux. L'aménagement de la rivière Tsiémé a été longuement évoqué par la coordination technique de la DGGT, avec les experts qui ont pris part aux travaux de validation des études d’aménagement des cours d’eau de Brazzaville. Ces travaux, organisés en octobre 2013, étaient axés sur les stratégies à mettre en œuvre afin de procéder à l’aménagement de cette rivière qui concerne la plus grande superficie de la ville. 

Le coût de l'opération est estimé à environ 26,354 milliards FCFA, y compris l’expropriation prévue d’environ 350 parcelles situées à proximité des berges de la rivière, sur une largeur d’environ 8 km de part et d’autre. Les études prévoient la réhabilitation ou la construction de huit ponts et passerelles, en vue de limiter les inondations. L’aménagement du bassin de la Tsiémé comprendra aussi la stabilisation des ravins avec gabionnage, ouvrages en béton armé et plantation de vétivers.

Pour la DGGT, l’aménagement de la rivière Tsiémé fait partie de la grande opération d’aménagement qui est en cours de réalisation, concernant notamment le drainage des eaux de pluie. Une stratégie qui aura un impact positif sur la vie des Brazzavillois. Ainsi, pour soulager les populations le plus vite possible et en attendant le recalibrage des lits de cours d’eau sur une longueur de 4 250 m avec approfondissement et la construction des ouvrages de franchissement, il est prévu d’autres solutions : par exemple, le pavage des rues et des caniveaux dans les artères sensibles.

Notons que la zone de la Tsiémé est occupée depuis les années 1970. Selon certains riverains, l'administration de l'époque, sous le président Marien Ngouabi, aurait autorisé l'occupation de certains espaces. Mais en attendant le début des travaux, chaque éventualité de pluie plonge les riverains dans l’angoisse.

La mairie et les députés pointés du doigt par les populations

« L’État ne peut pas nous laisser dans cette souffrance sous prétexte que l’espace a été occupé anarchiquement par les populations. Aujourd’hui, pour traverser une ruelle après la pluie, on paye de la main-d’œuvre aux jeunes désœuvrés qui, avec les sacs remplis de sable, essayent de lutter contre les eaux. Le prix d’un sac est évalué à 2 000 FCFA. Ces eaux peuvent être une cause de maladies, surtout si le problème n’est pas résolu à temps », a déclaré Fresnel Okandzi, un habitant de la zone, qui a indiqué que le projet d’aménagement de la rivière Tsiémé existe depuis 2002. Mais jusqu’à maintenant les travaux n’ont pas démarré, alors que les topographes ont visité les lieux en 2012.

Pour certains habitants de la zone, la responsabilité serait partagée entre le gouvernement et les gestionnaires de cet arrondissement, en l’occurrence la mairie et les députés, qui, selon eux, ont la charge de secourir en premier lieu leurs mandants en période de sinistre. « Ce que nous déplorons, c’est surtout la non-assistance de nos députés et de la mairie. Car malgré nos doléances, ils font la sourde d’oreille et ne nous rendent jamais visite, précisément du fait des difficultés à accéder à cette zone », a déclaré Bruno Lavoulat, un riverain, en les invitant à prendre leurs responsabilités et estimant qu’en attendant le démarrage effectif des travaux, ils devraient initier des actions d’urgence.

D’autres habitants soulignent qu’outre les difficultés qu’ils vivent, le phénomène des inondations entraîne de lourdes dépenses. « Nous sommes dans des conditions déplorables, car nous vivons dans l’eau et c’est le désespoir total. Le problème a donné naissance à un autre phénomène qui se développe dans nos quartiers : celui des jeunes volontaires qui, pour protéger nos habitations contre l’inondation, installent des sacs remplis de sable aux alentours de nos maisons. En contrepartie, nous leur payons 15 000 ou 10 000 FCFA. C’est très pénible de vivre ici quand il pleut », a déploré Bernadette Bazoukou, la veuve d’un ancien chef de quartier connu sous le nom de Papa Gâteau.

Autre conséquence, cette situation entraînerait l’exode de certains habitants vers d’autres quartiers. « J’ai grandi dans ce quartier et aujourd’hui, je n’habite plus ici à cause des inondations. Je loue, alors que j’avais une maison laissée par mon père », a ajouté un autre riverain.

Rock Ngassakys
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