La ministre du Tourisme et de l’environnement, Arlette Soudan-Nonault, l’a annoncé au cours d’une conférence de presse qu’elle a animée le 1er mars à Brazzaville, en prélude à la troisième réunion des partenaires de l’Initiative globale sur les tourbières (IGT), sur le thème : « Valoriser les tourbières pour la population et la planète », qui aura lieu dans la capitale congolaise du 21 au 23 mars 2018.
L’initiative mondiale pour les tourbières (IMT), lancée lors de la COP22 de Marrakech en 2016, et dirigée par l’ONU-Environnement, ainsi que par un groupe de plus de 20 partenaires, travaillant en collaboration avec les pays détenteurs de tourbières que sont la République du Congo, la République démocratique du Congo (RDC), l’Indonésie et le Pérou, permet d’accélérer et d’amplifier les mesures de conservation, la restauration et la gestion durable des tourbières dans le Bassin du Congo et dans le monde. Ceci, avec des effets bénéfiques sur la population, la biodiversité, la sécurité, de l’eau et le climat, a expliqué, d’entrée de jeu, la ministre à ses interlocuteurs.
Au niveau mondial, cette initiative vise à identifier et à répondre aux besoins des pays pilotes dont les zones couvertes par les tourbes sont importantes, en mettant en place une base de connaissances pour la prise de décision, et en développant des options pour réduire la dégradation, à travers la restauration, le développement et l’adoption des stratégies et du plan d’action pour la gestion à long terme des tourbières.
Les tourbières, a-t-elle ajouté, représentent un grand intérêt pour atténuer les gaz à effets de serre, responsables du changement climatique. Leur conservation permettrait d’atteindre les Objectifs du développement durable concernant la santé, l’eau et la vie terrestre.
Pour la ministre du Tourisme et de l’environnement, la réunion de Brazzaville, qui regroupera plus de 100 participants, permettra : de mettre en place des stratégies ou des politiques pour mieux gérer les tourbières, après avoir pris connaissance des défis environnementaux liés aux changements climatiques ; à tous les pays partenaires d’intégrer dans la planification environnementale des questions relatives à la conservation et la gestion des tourbières ; au secrétariat de l’ONU-Environnement de faire le suivi et l’évaluation des politiques de conservation et de protection des tourbières dans les quatre pays partenaires.
Les tourbières, il faut le savoir, ne couvrent que 3% de la masse terrestre de la planète, mais elles contiennent autant de carbone que l’ensemble de la biomasse terrestre réunie, deux fois plus de carbone que l’intégralité de la biomasse forestière mondiale, et environ la même quantité de carbone que l’atmosphère. De ce point de vue, si les tourbières sont gérées de manière appropriée, elles peuvent constituer un atout dans le cadre de l’action climatique. Les tourbières en parfait état capturent le carbone, tandis que les tourbières dégradées sont d’importants émetteurs nets de gaz à effet de serre.
Arlette Soudant Nonault, a indiqué par la suite que si la communauté internationale espère maintenir l’élévation de la température moyenne de la planète en dessous des deux degrés Celsius, il est urgent d’agir pour que le carbone capturé dans les tourbières, piégé dans le sol humide, ne s’en échappe ni ne provoque une augmentation des émissions. Car, récemment, des scientifiques ont cartographié le plus vaste ensemble de tourbières tropicales au monde, présentes dans la cuvette centrale du Bassin du Congo, entre la République du Congo et la RDC.
D’une superficie de près de 145.000km2 cet ensemble est cinq fois plus étendu qu’on ne l’avait supposé dans un premier temps, et plus grand que l’Angleterre. La quantité de carbone renfermée par cette tourbière a été évaluée à environ 30 milliards de tonnes – soit l’équivalent des émissions de dioxyde de carbone des Etats-Unis pendant 15 ans. Avec cette découverte, la République du Congo et la RDC se classent ainsi aux deuxième et troisième rangs des pays tropicaux abritant les plus grandes surfaces de tourbières et réserves de carbone, juste derrière l’Indonésie.
Les tourbières des deux Congos présentent un grand intérêt à l’échelle mondiale, et leur état quasiment intact en fait une source essentielle de stabilité écologique pour la région Afrique centrale tout entière, une précieuse réserve de carbone et le berceau d’une flore et d’une faune uniques. On y trouve en effet plusieurs espèces en voie de disparition, notamment les éléphants de forêt, les chimpanzés, les bonobos et la plus grande densité des gorilles de plaines des forêts du Bassin du Congo.
La ministre du Tourisme et de l’environnement, a déploré le fait qu’en dépit de la présence des tourbières dans 180 pays, elles ne constituent pas encore une préoccupation de premier plan pour les bailleurs de fonds. Pourtant, elles devraient, compte tenu des énormes quantités de carbone qu’elles stockent, elles méritent d’être hissées au rang des priorités du programme relatif au changement climatique. Depuis de nombreuses années, des scientifiques insistent sur la nécessité de les préserver afin d’empêcher la libération de milliards de tonnes supplémentaires de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et d’arrêter de faire grimper le niveau des émissions, mais leur combat ne rencontre que peu d’échos.
Rappelons que la désignation de la République du Congo pour abriter la troisième réunion de cette initiative remonte à la deuxième réunion des partenaires de l’IGT qui s’était tenue du 15 au 17 mai 2017 à Jakarta en Indonésie.