Couleurs de chez nous

Mercredi, Avril 4, 2018 - 15:45

Recettes de chez nous

Posez la question à un individu, au sujet des plats congolais, il vous citera, entre autres, le liboké (poisson frais emballé dans des feuilles et cuit à l’étouffé), le saka-saka (« feuilles de manioc »), le poisson fumé ou salé au coco (Gnetum africanum) avec la pâte d’arachide. Puis viennent : le poisson d’eau douce, le poisson de mer, la viande de chasse et les produits congelés composés de viandes rouges et de viandes blanches.

Ce menu est non seulement permanent et régulier mais surtout communément partagé au point de faire penser que les Congolais n’ont pas une alimentation variée. « Vous revenez sur les mêmes recettes. Vous ne mangez rien d’autres ?», avait lancé, dépité, un étranger invité par un Congolais, car les mêmes plats lui étaient toujours présentés dans les restaurants comme dans les foyers où on l'accueillait.

L’observation décida le Congolais à se lancer dans une « revue des recettes de  chez nous » (Ce n’est pas le titre d’un livre de cuisine même si d’aucuns peuvent s’en inspirer ou s’en sont déjà inspirés). En réalité, au Congo, comme ailleurs, il existe des plats communément partagés, au niveau national, et ceux qui constituent des spécificités des terroirs.

C’est ainsi que la tortue, très prisée dans la Cuvette, la Sangha et la Likouala ne l’est pas dans une partie des Plateaux ou du Pool. Dans ce dernier département, la viande du boa est très applaudie sur la table ainsi que celle de la roussette (chauve souris). Les Tékés, quant à eux, sont assez bizarrement regardés par les autres ethnies du pays pour leur passion à consommer la grenouille, le grillon, la chenille et les rats. Pas seulement !

Les natifs de la Sangha sont réputés comme friands de viande de gorille (surtout dans le Pèkè, une espèce de soupe gluante et jaune qui renvoie à la pâte d’arachide), d’escargots et de scarabées marrons (Aângombô). Il en est ainsi des viandes diverses comme il en est des produits légumineux. La variété y est même si la présence n’est pas disponible sur la table.

Longtemps repliés sur les plats de leurs villages et régions, les Congolais s’ouvrent désormais en bannissant les croyances et les idées reçues. Ils sont des centaines à traverser l’avenue de la Paix pour aller dans l’autre partie de la ville. Objectif : manger le « Ngoul mou mako » (viande de porc mélangée aux bananes). Une célébrité culinaire de la Bouenza et des régions sud du Congo. Le même entrain prit de nombreux Congolais à essayer le « ngoki à la mouambe » que préparaient les mamans de Talangaï ; « le saka-saka vert ou à la mouambe » qu’affectionnent ceux qui vivent le long du fleuve Congo.

Si les Congolais d’en haut (nord) boudaient les légumes, la tendance a changé au nom des amitiés et mariages mixtes. Mêmes observations pour ceux d’en bas qui avalent, sans sourciller, des morceaux de « Mossombo » (manioc).

Résultat de ces croisades gastronomiques : la table du Congolais brille désormais de mille couleurs que permettent la richesse et la variété de sa cuisine. Aux restaurants de nous proposer plus. Voire mieux. Car la liste des mets est longue. /-

Van Francis Ntaloubi
Notification: 
Non