Les forêts hébergent plus de 80% de la biodiversité terrestre et représentent l’un des derniers refuges pour de très nombreuses espèces animales et végétales. C’est pourquoi la déforestation est une catastrophe aussi bien pour l’Homme que pour les autres espèces puisque l'on estime que 27 000 espèces animales et végétales disparaissent chaque année à cause d’elle. Cette perte de biodiversité qui peut être irréversible coupe l’humanité de services et ressources inestimables. En effet, les systèmes alimentaires sont fortement dépendants de la biodiversité et une proportion considérable de médicaments est directement ou indirectement d’origine biologique.
Les forêts sont des sources de nourriture, de refuge, de combustibles, de vêtements et médicaments pour de nombreuses populations. Ainsi, selon la FAO, soixante millions de peuples indigènes dépendent presque entièrement des forêts ; trois cents millions de personnes vivent dans ou aux alentours des forêts et plus d’un milliard de personnes dépendent à divers degrés des forêts pour vivre.
Pour les peuples autochtones à l’instar des pygmées, la forêt n’est pas seulement une marchandise mais elle est aussi le support principal de leur identité, mieux leur patrimoine identitaire. La forêt est leur mère nourricière, leur gardienne et leur protectrice, leur pourvoyeuse de médicaments, le lieu par excellence de repos, de recueillement et du rituel. Comme on peut le constater, l’exploitation industrielle et la spoliation effrénée des forêts mettent en péril le patrimoine culturel des pygmées et entraînent une menace grave à leur existence. La déforestation arrête le processus continu de la création culturelle propre à chaque groupe humain.
Il y a plusieurs siècles, 66 % des terres étaient recouvertes de forêt. Aujourd’hui, seulement un tiers l’est encore. Alors qu’en 1990 les forêts couvraient environ 31,6 % de la superficie mondiale des terres et, en 2015, elles ne couvraient plus que 30,6% des terres, selon le rapport 2015 de la FAO. À en croire ce document, 80% de la couverture forestière mondiale originelle a été abattue ou dégradée, essentiellement au cours des trente dernières années.
L’expansion agricole est la principale cause de déboisement dans le monde. Les plantations de palmiers à huile, le développement des cultures pour nourrir les animaux d’élevage, l’exploitation minière de métaux et de minéraux précieux constituent des causes majeures de la déforestation. Ainsi, au Brésil, les forêts primaires sont détruites pour cultiver le soja qui alimente le bétail et la canne à sucre pour produire du bioéthanol tandis qu’en Indonésie, elles sont rasées pour la culture de l’huile de palme qui inonde déjà les produits des supermarchés et pourrait bientôt alimenter les voitures.
En Afrique centrale, la déforestation a pour conséquences la destructuration du système économique des pygmées. Bien qu’étant une économie de subsistance et de retour direct, celle-ci subit un contrecoup qui affecte profondément sa rationalité économique. La démolition de la forêt raréfie les denrées alimentaires de base des pygmées, lesquels fondent les valeurs sociales telles que la solidarité, la justice, l’égalité et justifient les regroupements sociaux en usage. À cause de la déforestation, les ressources telles que les chenilles, le gibier, les champignons, le miel, les fruits ainsi que certaines matières servant de support pour la production de la culture se raréfient.
Autre élément majeur, l’exploitation illégale du bois qui joue également un rôle important dans la déforestation. Et l’Europe a une forte responsabilité dans cette dégradation puisque près d’un quart de ses importations de bois sont présumées d’origine illégale. Selon le Fonds mondial pour la nature, la France, par exemple, est un acteur majeur dans la déforestation tropicale humide primaire, notamment en Afrique centrale et en Afrique de l’ouest d’où elle importe 39 % de bois d’origine illégale.
Au-delà des conséquences écologiques qui se manifestent à travers les perturbations climatiques et la menace de la biodiversité, la déforestation implique des conséquences négatives graves qui touchent profondément à la fois l’existence des peuples autochtones et celle de l’humanité entière.