Environnement : en Méditerranée, des associations abordent les plaisanciers pour une mer sans plastique

Utiliser des produits d'entretien écologiques, trier ses déchets à bord: pour le lancement jeudi dans le sud-est de la France d'une campagne "Zéro plastique en Méditerranée", des militants écologistes ont rappelé à des plaisanciers quelques conseils de bon sens.

Cette campagne de sensibilisation et de prévention lancée par la région Provence-Alpes-Côte-d'azur est urgente : 1000 à 3 000 tonnes de plastique --fragments de bouteilles, de sacs, d'emballages, fils de pêche-- flottent à la surface de la Méditerranée, selon ses promoteurs.

À Marseille, comme sur tout le littoral méditerranéen, des salariés d'associations de protection de l'environnement vont directement à la rencontre des touristes dont les bateaux sont au mouillage.

"C'est le mieux car ils sont détendus, ils ont le temps et c'est le lieu où ils risquent de polluer", explique Frédéric Poydenot, directeur du Centre permanent d'initiatives pour l'environnement (CPIE) Iles de Lerins-Pays d'Azur.

La petite équipe, deux ou trois personnes sur un bateau pneumatique, aborde jeudi près de l'île du Frioul, à Marseille, un couple de retraités en maillot de bain sur son voilier. La conversation s'engage, et Jean et Françoise, qui se disent "bons élèves" en termes d'écologie découvrent qu'ils peuvent faire des progrès.

"On lave le bateau à l'eau de mer et on fait attention d'ancrer dans du sable, pas dans des herbiers", assure Françoise. "Mais c'est vrai qu'on pourrait acheter des toilettes sèches pour éviter de vider les eaux usées dans les zones de baignades", reconnaît-elle.

- Changement de mentalité -

Loïc Panzani, coordinateur du Naturoscope, leur conseille aussi d'utiliser des produits nettoyants biologiques qui laissent moins de traces, une fois dans l'eau, que les détergents et gels douches classiques remplis de micro-plastiques. Les micro-plastiques, des miettes de moins de cinq millimètres qui empoisonnent toute la chaîne alimentaire jusqu'à menacer la santé humaine, la Méditerranée en concentre un niveau record selon un rapport du WWF publié début juin.

Depuis qu'il a commencé les campagnes "Écogestes en Méditerranée" dans les années 2000, Loïc Panzani a toutefois assisté à un changement de mentalité des touristes: "Avant, les gens se défaussaient sur les industriels pour dire que c'étaient eux les gros pollueurs, maintenant ils ont pris conscience que c'était l'affaire de tous".

"Il y a surtout une réflexion du public sur les gestes d'achat pour réduire la pollution à la source, en achetant moins de plastique pour moins en jeter", constate-t-il. Il rappelle aux plaisanciers qu'"il faut trier ses déchets à bord comme sur terre".

Mais "le plastique en mer vient aussi du rivage", et notamment des plages, rappelle Loïc Panzani. Dans une région qui accueille trente millions de touristes par an, et qui produisait selon un bilan établi en 2015 par l'observatoire régional des déchets 725 kg de déchets par habitant et par an, contre une moyenne nationale de 570 kg, le constat est loin d'être anodin.

Outre la campagne "Écogestes en Méditerranée", activée il y a plus de 10 ans, la région vise aujourd'hui à travers son plan "Zéro plastique en Méditerranée" la valorisation de 150 000 tonnes de déchets plastiques. Elle a lancé un appel à projet pour soutenir les initiatives innovantes et expérimentales "en matière d'écoconception, de prévention et de valorisation des déchets".

En 2018, plus de 20 % du budget d’intervention de la Région, soit près de 400 millions d'euros, sont consacrés au plan de développement durable "une COP d'avance". D’ici à 2021, cette part du budget atteindra plus de 30%, assure-t-elle.

 

 

AFP
13/07/2018 - 19:00
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