Huile de palme : Dick Roche : L’UE est « inconsciente » des intérêts des agriculteurs de l’UE ou des faits

Mercredi, Juillet 25, 2018 - 18:15

Selon l’ambassadrice de l’Union européenne (UE) en Malaisie, le marché européen reste ouvert à l’huile de palme. Or du côté de Strasbourg en France, le Parlement européen réclame l’interdiction des biocarburants issus d’huile de palme.

La responsable de l’UE en Malaisie, Maria Castillon Fernandez, a déclaré que « le marché européen est ouvert à l’huile de palme […]. Et l’UE est le deuxième plus grand marché pour l’huile de palme de Malaisie. […] Pour atteindre l’objectif en matière d’énergie renouvelable, nous devrons utiliser moins de biocarburants provenant de toutes les cultures qui provoquent un changement indirect dans l’affectation des sols (CASI). L’huile de palme n’est pas particulièrement ciblée ». Sur le même ton, L’ambassadeur de l’UE en Indonésie, Vincent Guérend, indiquait que les biocarburants seraient évalués de la même manière.   « Le texte ne ciblera pas exclusivement ni n’interdira l’huile de palme. L’UE est et reste le marché le plus ouvert pour l’huile de palme indonésienne ».
L’Indonésie et la Malaisie sont les premiers producteurs mondiaux d’huile de palme, représentant environ 85 % de la production mondiale, et l’Europe est le deuxième plus gros acheteur, après l’Inde. Pour l’ancien ministre irlandais des Affaires européennes, Dick Roche, aujourd’hui consultant pour l’industrie de l’éthanol, les déclarations des deux diplomates démontrent à quel point la Commission est « inconsciente » des intérêts des agriculteurs de l’UE ou des faits.
Pour lui, « mettre dans le même panier les biocarburants issus de cultures européennes durables et ceux produits à partir de l’huile de palme est tout simplement pervers : les forêts ne sont pas abattues ou les puits de carbone détruits pour produire du maïs de grande culture, de la betterave sucrière ou du colza européen ». Selon lui, ces déclarations montrent jusqu’où l’UE est prête à aller pour « conclure des accords commerciaux sordides ».
« Ce qui est doublement répréhensible, c’est que la Commission, qui publie des proclamations publiques de soutien à l’Accord de Paris sur le changement climatique, juge bon de mélanger les cultures de l’UE qui sont produites de manière durable, d’une manière 100 % conforme à la COP21 avec des techniques d’abattis-brûlis qui dégradent certains des écosystèmes les plus menacés du monde », ajoute-t-il.
Le Parlement et le Conseil ont fixé un objectif de 32 % d’énergies renouvelables et une élimination complète de l’utilisation de l’huile de palme dans les transports d’ici 2030, en commençant par un gel des quantités existantes d’huile de palme importée. Le Parlement réclamait une interdiction totale de l’huile de palme d’ici 2021, déclenchant une forte réaction de l’Indonésie et de la Malaisie, qui menaçaient de prendre des mesures de rétorsion.
Pour la Malaisie, l’interdiction de l’huile de palme, le principal produit d’exportation du pays est « discriminatoire », et se dit prête à la riposte commerciale.
Réchauffement climatique : Laurent Fabius : « Les chiffres ne sont pas bons, les signaux sont au rouge »
A quelques mois d’une conférence de l’Onu sur le climat, le président de la Cop21, Laurent Fabius invite la communauté internationale à « tripler ses efforts », pour réduire les émissions.
Laurent Fabius rappelle que « Les chiffres ne sont pas bons, les signaux sont au rouge. Les stratégies actuelles d’atténuation ne sont pas suffisantes, le monde doit tripler ses efforts et l’Europe doit montrer l’exemple. Nous avons besoin d’une stratégie à long terme et nous devons informer sur nos décisions à court terme ». Par consensus, l’accord de Paris a été adopté en décembre 2015, lors de la 21ème Conférence des parties – ou COP21, avec comme objectif, de maintenir la hausse de température mondiale bien en-dessous des 2 °C, par rapport aux niveaux préindustriels, voire de viser 1,5 °C.
Il a également été question d’accroître la capacité à s’adapter et à transférer les investissements des combustibles fossiles vers les technologies à faibles émissions de carbone. Or les derniers chiffres montrent que le réchauffement climatique est sur la bonne voie pour dépasser l’objectif le plus strict fixé dans l’Accord de Paris d’ici 2040, selon une fuite du projet final du Résumé à l’intention des décideurs politiques (SPM) du prochain rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec).
Pour Laurent Fabius, la contribution de l’UE à l’accord de Paris est « obsolète et peu ambitieuse ». Or « Lutter contre le changement climatique est une nécessité, mais aussi une opportunité pour nous tous, pour les générations présentes et futures. Nous avons besoin d’une discussion transparente pour évaluer honnêtement les risques et les opportunités de la transition énergétique ».
Pour le commissaire européen en charge du climat, Miguel Arias Cañete, l’Europe est prête à faire face au défi. Pour Laurent Fabius, il faut clarifier la définition et l’interprétation de « net zéro » d’ici à 2050, affirmant que « l’Accord de Paris est volontairement ambigu sur la neutralité carbone, mais il faut désormais clarifier ce que cela veut dire ». Dix maires européens (Paris, Londres, Milan, Barcelone…) ont publié une déclaration conjointe pour demander à l’UE d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, comme l’énonce l’accord de Paris.
Si les pays en développement ont réussi à inclure que l’objectif devrait être atteint « sur la base de l’équité, et dans le contexte du développement durable et de la lutte contre la pauvreté », reste encore à savoir comment cette disposition sera mise en pratique. Une coalition d’acteurs représentant 21 000 milliards d’euros d’actifs exhorte les dirigeants européens à accélérer la transition vers une économie sans carbone.

Noël Ndong
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