Sur la liste des 170 projets liés à la municipalisation accélérée de Brazzaville, représentant un budget de 128 milliards FCFA, plusieurs ont été réalisés et d’autres sont en cours. La ville est en chantier, mais la lenteur dans l’exécution de projets majeurs, comme les infrastructures d’eau et d’électricité, laisse les Brazzavillois dubitatifs.
Après plus de trois années de travaux, les Brazzavillois constatent avec déception que plusieurs des chantiers lancés pour moderniser la ville sont toujours en cours d'exécution. C'est le cas des infrastructures énergétiques et d’eau potable considérées comme des projets urgence, au regard des difficultés quotidiennes de la population.
Alors que la ville capitale a eu l’avantage de bénéficier de trois campagnes successives de municipalisation accélérée (2008, 2009 et 2010), dans sa majeure partie la population vit le même cauchemar qu’avant pour ce qui est de la desserte en eau et en électricité. « Il y a trois ans que les travaux de renforcement du système d’adduction d’eau potable et de la distribution de l’électricité en continu dans les centres urbains et localités ont été annoncés. Mais nous subissons toujours les effets négatifs du manque d’eau et des délestages », déplore un commerçant du marché du Plateau des 15-Ans, se demandant si les fonds alloués à cette vaste opération ont été totalement débloqués.
Ce que devrait être Brazzaville après la municipalisation
Pour le gouvernement, la municipalisation est une opération majeure d’aménagement urbain, en conformité avec les exigences du Schéma national d’aménagement du territoire (SNAT). Elle représente un point de départ assurant aux générations futures un avenir plus luxuriant, en dotant le pays d'infrastructures de voirie, d’assainissement, d’eau, d’électricité, administratives et sociales indispensables à son développement économique. Ainsi, les villes qui en bénéficient devraient connaître une profonde transformation et impulser un nouveau dynamisme aux activités tous azimuts. « Brazzaville connaîtra des mutations profondes, en vue de sa rénovation tant souhaitée par tous les Congolais », déclarait Pierre Moussa, le président de la commission technique, lors du lancement officiel de l’opération, courant 2008 à Makélékélé, dans le premier arrondissement.
Selon ses gestionnaires, ce programme est conçu pour redonner confiance aux populations et leur apporter du bien-être, tout en changeant la physionomie de la capitale. « La vie de chacun sera soutenue et la ville attirera les investisseurs en recherche d'opportunités économiques », précisait le responsable des grands travaux, Jean-Jacques Bouya, dans un récent discours au forum Build Africa. Le 9 février 2011, durant sa visite de la deuxième usine d’eau en construction à Djiri, dans la périphérie nord de Brazzaville, il avait déclaré : « Les délais des travaux de cette usine estimée à près de 135 milliards FCFA seront tenus. Lancés en 2009, les travaux s’exécutent sans heurt. »
Les marchés modernes ne sont pas encore construits
Les localités à proximité de Brazzaville bénéficieraient des retombées de ce maillage en équipements. Par exemple, l’implantation de marchés modernes dans les arrondissements accroîtra indubitablement le nombre de vendeurs et les stocks de produits vivriers. Mais force est de constater qu’en dehors du marché de Bacongo, dans le deuxième arrondissement, dont les travaux tardent à s’achever, aucun autre marché n’est construit dans la ville. Or, la position stratégique et l’attractivité de Brazzaville au centre du continent peinent à se confirmer, faite d'équipements pouvant faciliter le de commerce, le transport, la santé et l'éducation, qui attendaient beaucoup de ce programme. « La municipalisation accélérée atteindra son point culminant en 2009 avec la mise œuvre de nombreux autres projets qui nous permettront d’aller vers l’émergence », assurait encore l’ancien ministre d’État Pierre Moussa.
Les projets annoncés pour la modernisation de la ville
Annoncés en avril 2008 par l’ancien ministre d’État, ministre du Plan et de l’Aménagement du territoire, également président de la commission technique de ce programme, Pierre Moussa, ces projets concernent, entre autres, la réhabilitation de la première usine d'eau de Djiri ; le renforcement du système d'adduction d'eau potable ; la construction des infrastructures énergétiques; la construction de logements sociaux, d’infrastructures ferroviaires, des marchés modernes de Bacongo, Talangai, Poto-Poto et Plateau centre-ville ; la construction des voiries urbaines notamment les avenues Jacques-Opangault, Émile-Biayenda, de la Tsiémé, avenue du Marché, Marien-Ngouabi à Moungali, de Bouétabongo, de Matsoua, de l'OMS, de l'OUA, du Port, des Trois-Martyrs, et la deuxième sortie nord de Brazzaville ; la construction du Palais de la culture, de l'Hôtel de la préfecture, des mairies d'arrondissement ; l'assainissement de Brazzaville ainsi que la construction de certains sièges de ministères, de l'hôpital Blanche-Gomez, de bâtiments pour les universités et établissements scolaires et bien d’autres projets.
« Tous ces projets se réaliseront de manière progressive et selon les règles de l’art. Mais il faut préciser que la somme de 128 milliards n’est pas synonyme de fonds déjà disponibles. Ce sont des prévisions », a précisé l’un des responsables de la direction générale des grands travaux, Lucien Ayemba.
L’état des lieux des projets réalisés et en cours d’exécution
Parmi les projets à réaliser, un nombre important est déjà achevé. En ce qui concerne les voiries de Brazzaville, plusieurs chaussées, d’une longueur estimée à 125 km, sont terminées, à savoir : les avenues de l’OUA (5 400 m), du Port (4 800 m), de la Tsiémé (1 500 m), Bouéta Mbongo, de la Paix, Jacques-Opangault (1 400 m), Auberge de la Gascogne (2 830 m), de l’OMS (1 807 m), de Ngambio (20 968 m), des Trois-Martyrs (1 116 m), la route Nkombo-Moukondo (7 900 m) et la voie d’accès à l’aéroport (3 890 m), sans oublier les seize bretelles construites ainsi que les 12,598 km de chaussées neuves ; l’aménagement du collecteur naturel de Madoukou, pour lequel ont été réalisés 2 km de voies allant de la rue Lagué, à Ouenzé (5e arrondissement) à la Pointe hollandaise à Poto-Poto (3e arrondissement). Les ruelles situées de part et d’autre de ce collecteur ont été aménagées sur 20 m et dotées d’éclairage public.
Parmi les autres infrastructures de base, on peut citer : les ministères de la Justice (doté de 128 bureaux avec 73 000 m2 de terrain, soit une surface bâtie de 92 247 m2) et des Affaires étrangères ; le siège de la Cour constitutionnelle ; l’Hôtel de la préfecture (avec une emprise au sol de 3 200 m2 et une surface bâtie de 19 500 m2 ; l’aéroport international de Maya-Maya (191 653 m2) avec deux pistes de 245 m d’axe.
Pour ce qui est des projets en cours de finalisation, on note les 1 600 logements modernes qui sont en construction sur trois sites différents : 1 000 à Kintélé à environ 25 km, en banlieue nord de Brazzaville, 200 au camp du 15-Août et 204 au camp de Mpila.
Notons que ce vaste programme, qui est réalisé de façon tournante, a été lancé en 2004 à Pointe-Noire et s’est poursuivi dans les villes d'Impfondo dans le département de la Likouala, de Dolisie dans la Bouenza, d'Owando dans la Cuvette, de Kinkala dans le Pool et de Djambala dans les Plateaux. Il entre dans sa septième année avec la Lékoumou et la Bouenza.