L’Etat se donne quatorze mois pour offrir cinq étoiles à l’hôtel Mbamou Palace

Jeudi, Février 27, 2014 - 17:15

Le plus grand hôtel de Brazzaville va rouvrir ces portes dans une année. Les travaux de réhabilitation ont repris sous la houlette cette fois-ci de l’Etat, principal actionnaire qui va y consentir un peu plus de 15 milliards FCFA, en attendant le règlement des litiges sur la gestion du passif et qui risqueront de porter une ombre au redémarrage du palace. 

Abandonné en mai 2010, le chantier de l’hôtel quadrillé en planche au centre ville a rompu son silence début février. Sur place des ouvriers remettent de l’ordre en nettoyant déjà les verres lumineux du bâtiment à moitié terminé.  A l’entrée du chantier du côté de la Chambre de Commerce, la nouvelle société en charge des travaux de réhabilitation annonce discrètement ses effigies. Anonyme Congo Construction c’est son nom. Une filiale d’un important groupe turque qui a posé ses valises au Congo à la faveur des accords de coopération signés entre le Congo et la Turquie lors de la visite officielle dans ce pays du président Denis Sassou N’Guesso.

Les travaux de finition sont donc lancés. Ils prendront 14 mois, a en croire des responsables du ministère des finances. Vraisemblablement l’hôtel devra être remis officiellement à l’Etat, avant sa concession à un gestionnaire, d’ici avril 2015. Ce qui est sûr, c’est que l’Etat congolais a décidé de prendre 70% d’actionnariat dans cet ouvrage pour booster les travaux. Essoufflé, le principal actionnaire de l’époque, la  société luxembourgeoise Gotim qui détenait 65% des parts en 2009 ne dirige plus le consortium d’investisseurs.

A travers une convention de financement, l’Etat congolais devient actionnaire majoritaire auprès d’Immo Congo, société immobilière propriétaire de l’hôtel.  Ce que les experts de la gestion hôtelière espèrent toutefois c’est que cette décision soit transitoire. Car n’ayant pas la vocation de gérer des hôtels, l’Etat utilisera assurément les mécanismes connus un peu partout pour se retirer et laisser les privés gérer.

Qui va gérer Mbamou Palace ?

« Le ministère des finances a dégagé l’enveloppe au redémarrage des travaux, mais ne gérera pas l’hôtel », précise Eugène Ondzambe Ngoyi, conseiller au portefeuille public du ministre des finances. En attendant de régler les litiges liés à la gestion du passif entre actionnaires et investisseurs, des consultations ont été déjà lancés auprès de grandes chaines hôtelières, à l’instar de Hilton, Kempinski ou encore Hyatt Regency pour la gestion du Mbamou Palace qui passe de quatre à cinq étoiles a la fin des travaux, souligne t-il. Pour les autorités congolaises il s’agit de faire de Mbamou Palace l’hôtel de référence de Brazzaville.

Il y a quelques années en effet, de sources informées, les pourparlers avec Hilton avaient abouti favorablement jusqu'à l’élaboration des contrats. La société hôtelière avait approuvé les plans et marquer son accord. L’investisseur principal de l’époque, Gotim, avait pensé ne pas finir ce contrat en tentant de favoriser une gestion directe comme c’est le cas avec plusieurs hôtels de la place. La situation que la plupart d’observateurs redoutent la récidive est d’ailleurs à l’ origine du  litige entre les  partenaires et la BDEAC.

Dans le cadre de la réhabilitation de l’hôtel, en effet, la BDEAC avait consenti un prêt à Immo Congo d’environs 3 milliards de FCFA sur les 6 milliards prévus dans ce financement. L’une des garanties qu’observait la banque, selon nos sources, était la nécessité de  faire gérer l’hôtel par un partenaire expérimenté et mondialement connu. Il est fort probable que l’intention affichée à l’époque par Gotim de gérer directement l’hôtel à la fin des travaux serait à l’origine du refus de la BDEAC de poursuivre ce financement. En 2011 l’Etat  décide de prendre 35% des parts pour relancer les travaux. Environ 3milliards de FCFA sont décaissés. Mais les travaux n’ont jamais démarré pour des raisons non encore explicitées. Le chantier s’étant arrêté pour absence de financement, le prêt décaissé en novembre 2009 par la BDEAC n’a pas encore été remboursé.

En début février, de sources informées, différents dossiers de litige sur la gestion du passif seraient au tribunal. Maintenant que la réhabilitation de l’hôtel est relancée que va faire l’Etat pour nettoyer ce passif et permettre une meilleure politique de gestion de l’hôtel ? « Les dispositions seront prises rapidement pour que nous soyons en bon intelligence avec la BDEAC.  Il reste que l’Etat va prendre l’angle avec la Banque. Nous allons trouver un modus vivendi. Dans ce sens que la BDEAC est en très bon terme avec le Gouvernement congolais et nous trouveront la solution qui convient pour une gestion intelligente de cet hôtel », déclare Eugène Ondzambe Ngoyi.

Lorsque la réhabilitation de l’hôtel sera terminée les partenaires feront le point et dans l’exploitation de celui-ci il sera inscrit le remboursement de toutes les sommes consentis par les différents associés y compris l’Etat. « Pour arriver au stade où l’hôtel se trouve nous avons eu besoin des financements. A la fin des travaux, tous les partenaires devront commencer à se faire rembourser par l’hôtel », précise le conseiller au portefeuille du ministre des finances.

 

 

 

Quentin Loubou