À l'ouverture de la semaine des ambassadeurs qui se déroule à Paris, le président français, Emmanuel Macron, a présenté les grandes orientations de sa diplomatie, où il a affirmé sa volonté de "moderniser l'aide au développement française".
Le député Hervé Berville a remis au président de la République un rapport sur la modernisation de la politique française d'aide publique au développement (APD). Ce rapport de 96 pages s'ouvre sur un constat simple : " La trajectoire [des pays en développement] sera inéluctablement différente de celles qu’ont pu connaître les pays européens, américains et asiatiques ». Tout est « interconnecté » : la croissance démographique, l'urbanisation accélérée, le climat déréglé, la pauvreté persistante et le terrorisme.
L'étude souligne que la France a des atouts pour corriger les déséquilibres dûs à la mondialisation, au vu de son leadership sur les défis environnementaux et de son approche « 3D » : diplomatie, défense, développement. Elle note cependant une stagnation des dons aux Pays les moins avancés (PMA), depuis 2010, à moins de 2 milliards d'euros, une opacité et une faible coordination de l'aide au niveau tant national qu'européen. Ce qui a pour conséquence, une faible influence de la France sur les programmes de développement.
De même, l'étude note une faible médiatisation de la politique de développement de la France, ce qui peine à mobiliser le secteur privé sans lequel l'Afrique ne créera pas les emplois nécessaires aux 350 millions de jeunes appelés à faire face au marché du travail d'ici à 2050.
« Pour créer les conditions d’une mondialisation équitable et soutenable », le rapport Berville propose d’élaborer pour 2019 le cadre d’un « partenariat global » dans un document stratégique exposant la vision à long terme sur une « politique de partenariats et de solidarité internationale ».
Le rapport énonce la nomination d'un commissaire européen en charge de la relation Afrique-Europe ; le plafonnement du montant de l’aide européenne mis à la disposition des institutions multilatérales (Banque mondiale, Banque africaine de développement, etc.), voire leur diminution au profit du bilatéral ; la création d’un « Conseil de développement » présidé par le chef de l’État à la place du Comité interministériel de la coopération internationale et du développement ; le changement de nom de l’Agence française de développement (AFD) en « France Partenariats ».
Par ailleurs, Hervé Berville propose la mise en place d'une stratégie de communication visant à sensibiliser les Français, notamment l'organisation d’un tour de France baptisé « les routes de 2030 » pour populariser les 17 Objectifs de développement durable (ODD); l' attribution d’un prix Forum 2030 au terme d’un concours d’idées destiné aux jeunes ; l' institution d’un programme « jeune expert international » qui enverrait des jeunes mettre leurs compétences au service d’un pays défavorisé ; l'augmentation de 70 à 250 millions d’euros les moyens du Fonds d’urgence humanitaire.
Il suggère aussi une loi d’orientation qui permettrait au Parlement de fixer les priorités jusqu’en 2025 et la création d’une commission d’évaluation indépendante pour s’assurer de l’efficacité des actions.
Pour Matignon, "ses propositions de Hervé Berville" visent à une meilleure appropriation par nos concitoyens de cette politique et à renforcer sa dimension partenariale notamment en mobilisant les acteurs privés. Elles s’inscrivent pleinement dans la refondation de notre politique de développement voulue par le Président de la République. Le Comité interministériel de la coopération internationale et du développement réuni le 8 février 2018 a enclenché cette refondation en définissant une trajectoire pour porter notre aide publique au développement à 0,55% du Revenu national brut en 2022, en rénovant les instances de pilotage et en la recentrant sur des priorités géographiques et thématiques claires (fragilités/crises, éducation, égalité femmes-hommes, climat/environnement et santé)".