Chronique : les leçons de l’ouragan Florence

Samedi, Septembre 15, 2018 - 12:01

Les bouleversements climatiques qui ont secoué les Etats-Unis ces derniers jours sont dignes d’un film sorti d’Hollywood. Des scènes d’apocalypse se sont multipliées dans certaines villes de la côte atlantique de ce pays à cause d’un terrible ouragan baptisé « Florence ».

Les supermarchés ont été pris d’assaut par la population qui faisait le plein d’eau, de nourriture et de produits de première nécessité. De nombreux habitants ont calfeutré portes et fenêtres de leur logement en prévision des vents violents avant d’aller se mettre à l’abri dans des villes éloignées des côtes. L’agence fédérale américaine chargée du contrôle des armes à feu a même recommandé aux armuriers de mettre à l’abri leurs stocks d’armes, d’explosifs et de munitions. Un couvre-feu a été instauré dans plusieurs villes.

C’est donc un ouragan puissant, de catégorie quatre sur l’échelle de Saffir-Simpson qui en compte cinq, qui a frappé le pays de Trump, comme les habitants n’en ont pas vu depuis des décenniesavec des coupures d’électricité, des destructions de bâtiments, de routes et de ponts ainsi que des inondations d’envergure et de nombreux autres dégâts.

Florence, avec ses vents extrêmement violents, a forcé l’évacuation de plus d’un million et demi de personnes dans les Etats de Virginie, Maryland, Washington D.C, Caroline du Nord et Caroline du Sud.

Mais ce n’est pas tout ! Pendant que Florence dévastait la côte est des Etats-Unis, deux autres dépressions la suivaient dans l’Atlantique. Helene, un ouragan de catégorie 2 dont les vents atteignaient 175 km/h et la tempête tropicale Isaac, qui prenait pour sa part, la direction des Petites Antilles.

Toutes ces intempéries nous rappellent une évidence que l’humanité continue, au fil des ans, de prendre à la légère : le monde change dangereusement sous nos yeux et il est impératif d’agir dans le bon sens. Pour preuve, l’année en cours a d’ores et déjà été marquée par des hausses de température record aux conséquences multiples : inondations dévastatrices dans le sud de l’Inde, feux de forêt aux États-Unis, vagues de chaleur en Europe et au Japon, sécheresse dans le Sahel, etc.

Ces malheureux événements climatiques qui résonnent comme une mise en garde de la nature face à l’humanité montrent qu’il faut savoir en tirer des leçons pour sauver la planète.

Pendant que Florence faisait ses dégâts, se réunissaient aussi du 12 au 14 septembre dans l’Etat de Californie, des experts nationaux pour un mini sommet climatique dont le but était de trouver des mécanismes pour mieux lutter contre le réchauffement de la terre mais aussi pour préparer l’organisation du sommet sur le climat (COP 24) qui se tiendra en Pologne, en décembre prochain.

Il n’y a plus de temps à perdre, chacun tire la sonnette d’alarme, à l’instar du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui vient de déclarer sur la tribune des Nations unies: « Nous avons les outils pour rendre nos actions efficaces. Ce qui nous manque encore même après l’accord de Paris, c’est le leadership et l’ambition de faire ce qui est nécessaire ».

Si nous ne changeons pas d’orientation d’ici à 2020, nous risquons des conséquences désastreuses pour les humains et les systèmes naturels qui nous soutiennent, a ajouté le secrétaire général de l’ONU. En dressant un tableau noir des menaces pesant sur la chaîne alimentaire et l’accès à l’eau, Antonio Guterres a martelé que le monde faisait « face à une menace existentielle directe et au plus grand défi de l’époque ».

Pour atténuer le réchauffement climatique, nous devons prendre de nombreuses mesures, notamment arrêter la déforestation, restaurer les forêts détériorées, changer notre manière de cultiver mais aussi revoir la manière de chauffer, de refroidir et d’éclairer nos bâtiments pour gaspiller moins d’énergie. Pour impulser ce leadership, la population par le biais de la société civile doit s’impliquer encore davantage et demander des comptes aux dirigeants.

Le président américain, Donald Trump, aussitôt élu, avait sorti son pays de l’accord de Paris sur le climat. Saura-t-il tirer les leçons de l’ouragan Florence qui a ravagé plusieurs villes de son pays et revenir sur ses positions de climato-sceptique ? Rien n’est moins sur. Lui qui,  il y a quelques années de cela, affirmait déjà : « Le concept de réchauffement climatique a été créé par et pour les Chinois pour rendre l’industrie américaine moins compétitive ».

 

Boris Kharl Ebaka
Notification: 
Non