Crise au Kasaï : World Vision publie le témoignage de cent enfants

Jeudi, Septembre 20, 2018 - 15:00

La nouvelle enquête de l'ONG humanitaire internationale chrétienne œcuménique, intitulée « Will you hear us » (Allez-vous nous entendre), indique que 99% des enfants interrogés ont été déplacés à cause du conflit dans la région et dans la plupart des cas, ces derniers ont été obligés de fuir plusieurs fois pour sauver leur vie.

Le rapport est fondé sur des entretiens avec plus de cent enfants et des groupes de discussion supplémentaires avec deux cent cinquante enfants et adultes dans les deux Kasaï.

Selon World vision, les histoires que les enfants ont partagées sont alarmantes mais ne sont malheureusement pas surprenantes. « 20% des enfants à qui nous avons parlé ont été recrutés dans les milices, presque tous de manière coercitive. 23% ont perdu un parent ou un frère en raison de la violence ou les ont vus mourir de faim ou de maladie en se cachant dans la brousse. Et que ce soit avec leur cohorte de miliciens ou avec leur famille et leurs voisins fuyant la violence, tous les enfants, à l'exception d'un, ont été déplacés par le conflit au moins une fois. Près de 40% des enfants interrogés ne sont pas scolarisés », indique le document.

Selon le rapport, la crise dans les Kasaï est avant tout une crise de protection de l’enfance, l’une des plus graves au monde. A ce sujet, explique-t-on, les enfants représentent plus de deux millions des 3,8 millions de personnes ayant besoin d'assistance humanitaire et de protection dans la région.

Pour de nombreux enfants, poursuit le rapport, la détresse liée à la violence et au conflit armé a été exacerbée par le fait d’être en déplacement, loin de chez eux. « Leur éducation a été interrompue et les familles ont du mal à se nourrir lorsqu'elles retournent dans les champs en jachère et trouvent leur bétail saisi ou tué. Tout rétablissement est compromis par une situation sécuritaire qui n’est pas rétablie et par une peur généralisée que les milices reviendront et que les familles devront de nouveau fuir pour sauver leurs vies », note-t-on.

À en croire l'ONG humanitaire internationale, les enfants ont peur, sont seuls et isolés, ils ont faim et ne sont pas scolarisés. Leurs besoins sont immenses et la réponse à la date est loin d'être suffisante. Depuis plus d'un an, indique le document, des enfants vivent dans la peur de la violence dans la région du Kasaï. «Nous avons fui dans la forêt, nous y avons passé deux mois. Nous avons mangé des feuilles de manioc et des noix de palme. Nous avons eu du mal à manger et nous étions malades », a déclaré Kanana, 10 ans, cité dans le rapport qui précise que la violence coïncide avec une forte augmentation de la malnutrition au Kasaï et que 20 à 76% des familles sont actuellement touchées. « C’est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles la violence est le pire crime contre les enfants dans le monde », souligne World Vision.

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Le texte alerte que les trois quarts des enfants démobilisés, qui sont rentrés chez eux, s'inquiètent des persécutions et des représailles, alors que les effets du conflit persistent. « J'ai tué cinq soldats et une fois les combats ont été très difficiles et je me suis enfui. Je ne voulais pas tuer des gens mais ils me l'ont fait faire. Le pire était de voir les cadavres de personnes que je connaissais », a déclaré David, 15 ans, cité dans l'enquête.

Dans cette dernière, World Vision exprime également des inquiétudes quant au manque de soutien psychosocial pour les survivants. Pour ce faire, le rapport recommande que la communauté internationale accorde la priorité aux investissements dans les soins psychosociaux ; que les autorités reconnaissent que les enfants impliqués dans un conflit dans la région du Kasaï doivent avant tout être traités comme des victimes et des survivants d'événements extrêmement pénibles et non comme des auteurs ou des complices ; de prévenir les violences futures contre les enfants, en créant un environnement protecteur, assurant l'enregistrement des naissances et mesures de protection locales et nationales fortes. Le document recommande également un financement à long terme et pluriannuel pour lutter contre la malnutrition et le manque d’éducation.

 

Patrick Ndungidi
Légendes et crédits photo : 
La couverture du rapport
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