COP 24 : le monde sous pression face à l’urgence climatique

Lundi, Décembre 3, 2018 - 13:45

Les représentants de quelque deux cents pays ont entamé, le 2 novembre à Katowice, en Pologne, des négociations visant à définir la manière dont l’accord de Paris, signé en 2016, sera mis en œuvre. Les pays signataires s’étant engagés à agir pour contenir le réchauffement mondial sous la barre des 2°C d’ici à 2100.

Les participants à la conférence mondiale sur le climat ont deux semaines pour parvenir à un accord. « Il nous reste dix ans avant qu'il ne soit trop tard », selon les experts.
L’Organisation météorologique mondiale, membre de l'ONU, a alerté que l'année 2018 devrait figurer au quatrième rang des plus chaudes jamais enregistrées. Du coup, l’ambition de limiter le réchauffement climatique à 2°C d'ici à 2100, formalisée par les Etats du monde lors de l'accord de Paris sur le climat en 2015, s'éloigne d’année en année.
« Nous avons seulement une décennie. Désastres météo, incidence sur la santé ou les rendements agricoles. La science montre clairement que nous avons seulement une décennie pour juguler les émissions de gaz à effet de serre », a souligné Johan Rockströem, expert climat au Potsdam institute for climate impact research (PIK).

Selon le rapport du Giec (Groupe d'experts  intergouvernemental sur l’évolution du climat ), « les engagements politiques actuels mèneraient à une hausse d'au moins 3°C d'ici à 2100. Alors que la planète a déjà gagné 1°C, il faudrait, pour rester sous 1,5°C d'ici à 2030 et ainsi tenir l'objectif, que les émissions de CO2 soient réduites de près de 50% par rapport à 2010 ».
Pendant ces deux semaines de COP24, les Etats devront accepter de revoir à la hausse leurs objectifs. Ils devront aussi définir des règles de transparence, c'est-à-dire la façon dont ils devront rendre compte de leurs actions.

« Les COP, s'il n'y a pas d'engagements forts, ne servent à rien. On en est à la 24e et on voit bien le peu d’avancées, quasiment rien ne s’est passé », a déploré Jean-François Julliard, de Greenpeace. Selon lui, les efforts des différents Etats doivent tripler si l'on veut éviter la catastrophe.

Les représentants à cette rencontre devraient convaincre plusieurs pays dont la Pologne, le pays hôte, de sortir progressivement du charbon, l'énergie la plus polluante.

« On ne peut pas dire que les vents sont très porteurs »
Les membres du G20, à l’exception des États-Unis, ont certes réaffirmé, le 1er décembre, leur soutien à l'accord de Paris. Malgré tout, « on ne peut pas dire que les vents soient très porteurs », a estimé Michel Colombier, directeur scientifique de l'Institut du développement durable et des relations internationales.
Or, lors du G20, le président américain, Donald Trump, a répété son rejet de l'accord de Paris. Le Brésil, avant même son intronisation, son nouveau président, Jair Bolsonaro, a déjà fait savoir qu’il n’accueillerait pas la prochaine COP et pourrait même sortir à son tour du pacte climatique.
Le président Français, Emmanuel Macron, ne fera pas le déplacement, ni même le Premier ministre, Édouard Philippe, contraint d’annuler sa visite pour cause de crise des Gilets jaunes.
Depuis l’accord de Paris, en effet, rien ne bouge, aucun pays signataire n’a pris le taureau par les cornes pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
Il y a deux mois, le dernier rapport du Giec avait pourtant été clair : « il ne nous reste plus que douze ans pour empêcher la surchauffe et dire, notamment, adieu à nos bonnes vieilles voitures au pétrole si l’on veut rester dans les clous de l’accord de Paris et éviter de voir la planète bousculée par l’extinction massive des espèces ou la montée des océans ».
« Les étoiles ne sont plus alignées, manifestement », a déploré Seyni Nafo, porte-parole du groupe Afrique à la COP, rappelant que « pour l'Afrique, quelles que soient les péripéties de la géopolitique, nous n'avons pas le choix. Nous ressentons les impacts du changement climatique tous les jours ».
Les observateurs craignent que la plupart des États, encouragés à réviser leurs engagements pour 2020, attendent un autre sommet convoqué par le secrétaire général de l'ONU en septembre 2019, à New York, pour afficher leurs objectifs.

Yvette Reine Nzaba
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