Le trafic des véhicules de plus de quinze tonnes est suspendu sur l'ouvrage de franchissement reliant les départements de la Bouenza et de la Lékoumou à compter du 1er décembre, en attendant les travaux de sa réhabilitation.
« En complément des dispositions de la circulaire n°0010/PM-CAB du 3 novembre 2017 limitant la charge à trente tonnes sur cet axe, et pour la sauvegarde du pont sur la rivière Niari Loudima (en attendant les travaux de sa réhabilitation), le trafic des véhicules avec poids total à charge supérieur à quinze tonnes sera interdit à compter du 1er décembre 2018», peut-on lire dans la circulaire 0011/PM-CAB, du Premier ministre, Clément Mouamba.
Entrée en vigueur environ un mois après sa vulgarisation, cette circulaire prévoit des mesures palliatives, à savoir une voie de contournement Madingou-Kimandou-Indo-Sibiti, en franchissant le pont de la rivière Niari dans la Bouenza. « Sur ce pont la charge autorisée est de cinquante tonnes », rappelle le directeur de cabinet du ministre de l’Equipement et de l’entretien routier, Frédéric Manieze, à l’occasion d’une réunion de sensibilisation à Sibiti, dans la Lékoumou.
Un dispositif de signalisation (panneaux et blocs en béton) au pont sur le Niari, à Loudima, limitant la charge à quinze tonnes, à Indo et Madingou, a été installé. « Nous avons prévu également l’installation des barres de béton de part et d’autre du pont Niari afin de permettre le passage des véhicules légers, des véhicules dont la charge n’excèderait pas quinze tonnes. Il est prévu également l’installation des barrières de pluie à Madingou et à Indo », a-t-il annoncé, rappelant que Afrique pesage, une société de droit congolais, a conclu un contrat de concession de service public routier avec le gouvernement pour l’installation des équipements de contrôle de conformité de charges mobiles à Indo et à Madingou.
Après auscultation, il a été constaté que le pont sur la rivière Niari, à Loudima, construit en 1982, présente « des dégradations avancées et ne peut plus supporter un trafic lourd », souligne la circulaire 0011/PM-CAB. Cette situation a conduit le gouvernement à prendre deux notes circulaires qui s’inscrivent fondamentalement dans le cadre de la préservation du patrimoine routier national bitumé. Il s’agit de la circulaire 0010/PM-CAB relative aux mesures conservatoires pour la préservation du réseau routier national et la circulaire 0011/PM-CAB portant suspension du trafic des véhicules avec poids total à charge supérieure à quinze tonnes sur le pont du Niari à Loudima (axe Loudima-Sibiti).
« Cette mesure est salutaire pour nous les usagers de cette route. Pour préserver cet acquis, que les grumiers ne passent plus. Lorsque le pont sera réhabilité, les grands véhicules pourront passer. Nous avons souffert par le passé, avant la construction de ce pont. La traversée se faisait à l’aide de pirogues. Maintenant, nous avons le pont. Il faut qu’on l’arrange pour que nous acheminions nos marchandises », s’est réjouie Mâ Ngudi, une habitante de Loudima, transportant du bois de chauffe.
Des mesures restrictives qui ne font pas que des heureux
Pour le respect de cette circulaire, la chaussée sur le pont Niari a été rétrécie à l’aide de barres de bétons, installées par la délégation du ministre venue constater l’effectivité de cette mesure, pour empêcher aux véhicules transportant des charges importantes d’accéder au pont. Cette disposition a mis en mauvaise posture un convoi de six véhicules transportant du bois débité voulant traverser nuitamment, alors que la loi interdit le trafic de nuit aux poids lourds. Pris en flagrant délit aux environs de 1 h du matin, Fred Goma, responsable logistique de la société UTA – une société de transport- n'a pas caché son désespoir, malgré son impatience d’acheminer rapidement la marchandise en sa possession.
« On est stationné depuis minuit. C’est un désagrément pour nous. Nous n’avons pas reçu de circulaire interdisant le passage sur cette voie. Pas de circulaire, cela signifie, pas d’information pour nous. La route est restreinte dans cette zone, donc impossible de manœuvrer pour prendre la voie de contournement. Si nous, transporteurs, étions informés, nous ne pouvions pas prendre le risque d’emprunter cette bretelle. Mais comme je ne peux pas faire outrage à la loi, je me soumets. On ne peut pas faire autrement. On est en difficulté pour acheminer notre marchandise. Je ne sais pas quelle est la solution que les autorités vont prendre », a-t-il dit, d’un air désespéré avec un convoi de six camions transportant du bois débité avec une charge totale de quarante-neuf tonnes chacun.
Les agents de la police pointés du doigt
Les agents de police ont été accusés de faire main basse avec les forestiers transportant des charges supérieures à la normale. Conséquence, une dégradation accélérée des actifs routiers due aux surcharges résultant du non-respect des normes relatives au poids total en charge autorisé. « Nous faisons appel non seulement à l’application de cette circulaire par les usagers de la route mais également à nos amis de la police et de la gendarmerie. Nous comptons énormément sur vous pour faire une application rigoureuse de cette circulaire. Il est vrai que certaines personnes racontent que vous avez des relations insidieuses avec les usagers de la route, une relation faite de vol, de tromperie dans le contrôle. Mais je pense qu’avec cette circulaire, vous êtes appelés à insuffler une nouvelle dynamique dans l’action répressive. Faute de quoi, nous allons perdre tous nos actifs routiers », a invité Frédéric Manienze. Et le directeur général de l’Equipement et de l’entretien routier, Blaise Onanga, de lui emboîter le pas, dénonçant ces pratiques dans un langage peu diplomatique et qui montre son indignation face à la complicité qui règne entre les services de la police, de l’économie forestière et les forestiers.
Une accusation de mauvais goût pour le directeur départemental de l’Economie forestière, Casimir Bello Kouanga. « Je ne peux pas cautionner cet avis. J’ai un poste de contrôle à Missama mais lorsque les grumiers arrivent, on les contrôle et on regarde juste la feuille de route. Le tonnage ne nous intéresse pas, parce que pour nous les forestiers, ce qui compte c’est la production. Ils écoulent le plus de produits et à la fin, on nous donne la taxe. Nous nous limitons à ce niveau. Maintenant, en ce qui concerne les combines qui se passent avec les agents sur le terrain, je dis non. A partir de 18 h, ils ne peuvent plus rouler et doivent immobiliser le moyen pour attendre le lendemain matin. Or, c’est à ce moment-là qu’ils font les jeux avec des agents de la police pour traverser. Mais là, nous ne sommes pas concernés. Le poste de contrôle est à Missama mais dépassé Missama, ce n’est plus nous », s'est-il défendu.
Le directeur départemental de la police de la Lékoumou, Jean Louis Mendome, est monté également au créneau. N’étant pas de cet avis, il souhaite une rencontre entre les services concernés pour harmoniser le travail en vue d’une meilleure application des textes sur le terrain. Pour le policier qui sera pris en flagrant délit, le numéro un de la police dans ce département promet des sanctions.