« Comment construire la paix sur des fosses communes, sans justice ni réparation », a déclaré le gynécologue congolais, le 10 décembre à Oslo, en Norvège, lors de la remise officielle de son prix.
Surnommé « l’homme qui répare les femmes », pour cette soirée mémorable, le docteur a troqué sa blouse blanche pour une veste sombre. Devant un parterre d’ONG internationales et de nombreuses personnalités, il a fait un plaidoyer émouvant et cinglant pour les milliers de victimes sexuelles à l’est de son pays, la République démocratique du Congo (RDC), déchirée par des violences chroniques.
« Avec ce prix Nobel de la paix, j’appelle le monde à être témoin de ce qui se passe dans mon pays et je vous exhorte à nous rejoindre afin de mettre fin à une souffrance qui fait honte à notre humanité commune », a indiqué le Dr Denis Mukwege, avant de préciser: « Le prix Nobel de la paix n’aura de valeur réelle que s’il peut changer la vie des victimes des violences sexuelles à travers le monde et ramener la paix dans les pays en crise ». A cet effet, il a lancé un appel à « la création d’un Fonds mondial de réparation des victimes sexuelles ».
S’adressant à sa colauréate, Nadia Murad, Denis Mukwege a reconnu son courage, son audace et sa capacité à donner espoir tout en avouant qu’elle est « une source d’inspiration dans le monde entier ».
En effet, comme des milliers de femmes yézidies, sa colauréate a été enlevée, violée, torturée et échangée par les djihadistes après l'offensive de l'Etat islamique contre la communauté kurdophone du nord de l'Irak, en 2014.
Cette cérémonie a été pour le Dr Denis Mukwege et Nadia Murad une occasion de faire passer un message fort et de dénoncer l'impunité entourant le viol employé comme arme de guerre.