La crise centrafricaine sera au centre de la visite de deux jours du président français à N'Djamena.
Emmanuel Macron évoquera, avec le président tchadien, Idriss Deby Itno, les crises africaines en général, la crise centrafricaine en particulier, notamment l'influence de la Russie dans le pays. Ils aborderont également les relations bilatérales ainsi que la recrudescence des activités de Boko Haram. Puis, Emmanuel Macron prononcera un discours à la Maison de la femme, sur l’implication des femmes dans le développement.
Sur les relations bilatérales, Paris a réglé les salaires des fonctionnaires tchadiens au début du mois de décembre. Les deux pays ont signé deux conventions de financement d’un montant de cinquante millions d’euros, relatives à l’aide budgétaire de la France au Tchad pour l’année 2018. Ce prêt de l'Agence française de développement est affecté au paiement de la solde nette des fonctionnaires et des pensions et retraites. Environ dix millions d'euros sont destinés aux dépenses en matière de santé.
Sur la crise centrafricaine, la présence militaire russe et les livraisons d'armes à Bangui ne sont pas appréciées par la France. Le président centrafricain, Faustin-Archange Touadera ,avait confirmé ''officiellement l'engagement et les responsabilités des conseillers russes'' dans le pays. Dans une récente publication du Monde intitulée '' La Centrafrique, un pion sur l'échiquier russe'', il est fait allusion à l'''intention» de Moscou de ''s'emparer'' de la Centrafrique. On évoque des livraisons d'armes et la présence de formateurs russes, la participation supposée de l'homme d'affaires russe Evgueni Prigojine à la réunion des chefs des principaux groupes armés qui a eu lieu à Khartoum, en août dernier. L'expert russe, Nikolaï scherbakov, pense que l'inquiétude de la France n'est pas liée à la présence russe, "mais au fait que la Centrafrique, habituée à collaborer avec la France, a procédé à un changement d'orientation''. Dans ce contexte, '' les Français ne voudraient pas que quelqu'un d'autre affiche des ambitions concernant les territoires traditionnels qu'ils ont tellement longtemps administrés (...). Et même s'ils ne les administrent plus, ils contituent en tout cas de collaborer avec eux à leur avantage, ils ne le font pas par pure charité'', a-t-il conclu.
Officiellement, cent soixante-quinze formateurs russes, cent soixante-dix civils et cinq militaires, dont l'ONU a autorisé le déploiement, se trouvent en terre centrafricaine. La Russie a livré à ce pays des armes après avoir obtenu l'autorisation du Conseil de sécurité des Nations unies, la France comprise, en 2017. La présence russe agace la France.
En déplacement en Centrafrique en novembre dernier, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a dénoncé ceux qui " utilisent potentiellement les difficultés de ce peuple et de ce pays pour s'implanter dans un continent où il y aurait des ambitions voilées''. Il a réaffirmé le soutien de la France au peuple centrafricain.
La Centrafrique subit de nouvelles violences depuis le début du mois de novembre qui ont fait plusieurs milliers de déplacés dans le nord du pays. Depuis la fin de l’opération Sangaris, le champ libre laissé par l’absence relative de la France a permis à la Russie de devenir un nouveau partenaire de la Centrafrique. Au forum de Dakar sur la paix et la sécurité, la ministre française des Armées, Florence Parly, a déploré ''les initiatives opportunistes'' russes et le manque de transparence sur ses objectifs, invitant Moscou à respecter le '' multilatéralisme efficace et durable aux crises''. Certains Centrafricains regrettent le réveil tardif de la France face à ''la menace'' russe et attendent des propositions concrètes du président français, lors de sa visite au Tchad.