Un militant écologiste libérien vient de demander à l’Union européenne (UE) de prendre les mesures adéquates contre les États membres qui n’ont pas mis en œuvre le règlement européen contre l’exploitation illégale des forêts en Afrique
Selon l’organisation écologiste Client Earth, huit États membres de l’UE tardent à entreprendre la transposition du règlement européen contre l’exploitation illégale du bois. Dix autres, dont la France, en sont au stade des projets de loi, et la moitié des pays membres n’ont prévu aucune sanction dans le cas où du bois issu d’exploitations illégales entrerait sur le marché européen.
Le lauréat 2006 du prix Goldman de l’environnement, Silas Kpanan' Ayoung Siakor, de l’Institut de développement durable, estime que ce problème devrait être traité « de toute urgence ».
« L'UE doit prouver son sérieux dans la manière d'aborder le problème et il est important de prendre des mesures contre les États membres qui ne respectent pas leurs obligations juridiques, a-t-il déclaré. Cela montrera que l’UE ne tente pas seulement de faire en sorte que les pays tiers suivent la réglementation, mais aussi qu’elle garantit que ses propres États membres s’y conforment réellement. »
En 2006, Silas Kpanan' Ayoung Siakor a réussi à prouver que le président libérien de l’époque, Charles Taylor, exploitait les bénéfices tirés de l’exploitation forestière illégale pour financer une guerre qui a duré quatorze ans. Suite à la publication de son enquête, le Conseil de sécurité des Nations unies avait interdit l’importation de bois libérien.
Ne pas se conformer au règlement relatif au bois enverrait « un très mauvais message » aux gouvernements africains, estime le militant libérien. « Cela saperait le message officiel de l’UE qui consiste à dire qu’elle essaie de réduire l’exploitation illégale et risquerait de provoquer une augmentation de la déforestation. Les dirigeants politiques se tourneraient vers des gens comme nous et diraient : “Regardez ! Même l’UE ne considère pas qu’il est nécessaire d’agir contre l’exploitation illégale”. » Selon lui, ce serait révélateur d’un manque d’engagement pour aider l’Afrique et les pays du Sud.
Les huit pays qui ont transposé le règlement sur le bois dans leur législation nationale sont : l’Allemagne, l’Autriche, Chypre, la Croatie, le Danemark, le Luxembourg, le Portugal, la République tchèque, le Royaume-Uni et la Slovénie.
Huit autres ont rédigé des projets de loi sans les adopter : la Belgique, la Bulgarie, la Finlande, la France, l’Irlande, la Pologne, la Roumanie et la Suède.
L’Estonie, l’Espagne, la Grèce, l’Italie, la Hongrie, la Lituanie, Malte et la Slovaquie n’ont rien entrepris en la matière. Les Pays-Bas ont mis en place un système temporaire et la Lettonie n’a pas voulu prendre part à l’enquête.
Les défenseurs de l’environnement relèvent que même lorsque les États transposent le règlement dans la législation nationale, les lois restent souvent vagues et remplies d’incohérences.
Le règlement sur le bois était supposé dissuader les pays d’exporter du bois exploité illégalement, ce qui rend d’autant plus attrayante la mesure incitative européenne des accords de partenariat volontaire (APV) pour les bois certifiés. Des négociations seraient en cours en Indonésie et en République démocratique du Congo, en vue de mettre en place des accords de ce type.