Emissions et concentration records de CO2, chaleurs extrêmes, recul des glaces : les derniers indicateurs du réchauffement montrent l'accélération d'un phénomène planétaire et disent l'urgence à agir, au moment où se clôturait la 24e conférence de l'ONU sur les changements climatiques.
- Records de chaleur
2018 devrait être la quatrième année la plus chaude recensée depuis le début des relevés, selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM). Le XXIe siècle compte ainsi dix-sept des dix-huit années records depuis le lancement des mesures en 1880, avec ces quatre dernières années qui forment le top 4.
Cet été, l'Europe, l'ouest américain, l'Asie ont été frappés par des vagues de chaleur et des températures records ont été relevées au Portugal, en Scandinavie, en Corée du Sud, au Japon ou en Algérie, avec parfois de gigantesques incendies.
Les glaciers de la planète ont rétréci pour la trente-huitième année consécutive. En Suède, le sommet sud du Kebnekaise a perdu son statut de point culminant du pays, en raison de températures exceptionnelles cet été.
En Arctique, l'étendue de la banquise est restée en-dessous de sa moyenne historique toute l'année. 2018 y a été la deuxième plus chaude depuis le début des relevés en 1900 (record en 2016). Dans cette région, la fonte du permafrost, les sols gelés des hautes latitudes, menace des infrastructures, dont des champs pétrolifères et gaziers.
- Trop-plein de CO2
Les concentrations des trois principaux gaz à effet de serre – dioxyde de carbone (CO2), méthane et protoxyde d'azote – ont atteint de nouveaux sommets en 2017 et poursuivent sur leur lancée cette année.
En 2018, les émissions de CO2 des énergies fossiles, première cause du réchauffement mondial, ont connu une hausse inédite depuis sept ans.
La dernière fois que la Terre a connu une telle concentration de CO2 dans l'air, c'était il y a trois à cinq millions d'années, note l'OMM: la température était de 2 à 3°C plus élevée et le niveau de la mer supérieur de 10 à 20 m au niveau actuel.
Le méthane, lié notamment aux énergies fossiles et activités agricoles, voit ses émissions augmenter fortement depuis dix ans. Sa concentration a franchi en 2017 un niveau équivalent à 257% de celui relevé avant la Révolution industrielle.
- +3,3 mm par an
La hausse du niveau des océans, variable selon les régions, a été en moyenne de 20 cm au XXe siècle. Aujourd'hui, il monte d'environ 3,3 mm par an et le phénomène semble s’accélérer : le niveau des mers a crû 25 à 30% plus vite entre 2004 et 2015, par rapport à 1993-2004.
La fonte de la calotte du Groenland explique en partie cette augmentation. Mais l'Antarctique pourrait en devenir le principal moteur : avant 2012, le continent blanc perdait soixante-seize milliards de T de glace par an; depuis, ce chiffre a bondi à 219 milliards.
Par la suite, si le réchauffement restait à +1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle, le niveau des mers gagnerait 26 à 77 cm d'ici à 2100, selon les projections des experts du Giec. À +2°C, ce sera 10 cm de plus, soit jusqu'à dix millions de personnes supplémentaires touchées.
Surtout, à long terme, la calotte Antarctique et/ou celle du Groenland pourraient se trouver déstabilisées vers +1,5/2°C, faisant grimper les mers de plusieurs mètres sur les siècles ou millénaires à venir.
Catastrophes naturelles
Le réchauffement favorise déjà des phénomènes extrêmes, en particulier des sécheresses, des canicules, des ouragans.
Au 20 novembre, l'OMM recensait soixante-dix cyclones tropicaux pour 2018 (pour une moyenne annuelle historique de cinquante-trois).
Selon certaines études, le nombre de sécheresses, incendies, inondations et ouragans liés au dérèglement a doublé depuis 1990.
Selon le Giec, +2°C signifierait des vagues de chaleur dans la plupart des régions et les précipitations liées aux cyclones gagneront en intensité.
Déjà, les pertes liées aux cataclysmes naturels atteignent cinq cent vingt milliards de dollars par an et font basculer chaque année vingt-six millions de personnes dans la pauvreté, a calculé la Banque mondiale.