L'équipe natonale abordait la deuxième édition du Challenge Edith-Lucie-Bongo-Ondimba que Brazzaville a abritée, du 2 du 12 décembre, dans la peau d’une candidate au podium. Malheureusement, la cinquième place qu’elle a finalement occupée a ramené les dirigeants, au départ confiants dans cette aventure, à la réalité selon laquelle le Congo fait du surplace.
Les années passent et se ressemblent pour le handball congolais. Déjà, les 11es Jeux africains de Brazzaville, en 2015, annonçaient les prémices du déclin. Médaillées d’argent à Maputo en 2011, les Diables rouges dames quittaient les jeux du cinquantenaire à l’étape des quarts de finale. Elles étaient battues par le Sénégal.
Une année plus tard à Luanda (2016), lors de la première édition du Challenge Edith-Lucie-Bongo-Ondimba, les Congolaises n’atteignaient pas le dernier carré de la compétition. Classées 5es, elles remontaient à la quatrième place grâce à la disqualification du Sénégal. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, à domicile devant leur public, elles n’ont pas pu faire mieux. Cette cinquième place leur a collé à la peau.
Les raisons de l’échec
Cette nouvelle contre-performance a des explications. Sur le plan pratique, l'on peut tirer l’enseignement selon lequel, les Diables rouges n’étaient pas prêtes à relever le défi, n'ayant pas les armes nécessaires pour bousculer la hiérarchie (Angola, Sénégal et République démocratique du Congo-RDC). La faute, la préparation a été totalement bâclée. Depuis 2016, année à laquelle l’Angola a passé le témoin au Congo pour l’organisation de cette Coupe d'Afrique des nations (CAN), les choses n’ont pas été prises au sérieux. Aucun programme de préparation n’a été respecté à la lettre. Les stages de Hongrie et de Danemark ont tous glissé.
La conséquence : l’équipe nationale qui s’est contentée d’une préparation locale, en s’appuyant sur le tournoi triangulaire qui a regroupé à Brazzaville le Congo, l’Angola et la RDC pour sauver les meubles. Hélas, l’Angola et la RDC n’avaient pas présenté leurs équipes types respectives dans ce tournoi. Ces deux pays, y compris les autres comme le Sénégal, n’ont pas lésiné avec les moyens pour bâtir des sélections à la taille des ambitions.
Le choix des joueuses ayant composé l’ossature des Diables rouges a été vivement critiqué, notamment avec la forte présence des joueuses d’Abo sport alors que la présence des autres auraient fait du bien à cette équipe qui manquait d’âme. Les Diables rouges ont livré tous les matches avec deux gardiennes qui n’étaient pas à la hauteur.
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été la disqualification, à la veille de la compétition, des joueuses binationales. Le 24 novembre, le staff technique des Diables rouges se réjouissait, en effet, de l’arrivée des joueuses de la diaspora. Le Congo misait sur les cinq nouvelles joueuses binationales pour viser le podium. Malheureusement, Deroin Audrey, Bruneau Audrey, Daquin Laurine, Jappont Kassandra et Jacqueline Oliviera Santana ont reçu un avis défavorable de la Fédération internationale de handball.
Le Congo débutait par une victoire poussive 36-23 contre le Maroc, dernier au classement général. Il enchaînait contre la Guinée avec un léger mieux 37-20. Le match contre la RDC confirmait les difficultés de cette sélection à tenir tête aux grands du continent. Le nul 29-29 avait été même un miracle. Contre l’Angola, il ne faisait pas le poids (19-32). Le Cameroun, en quart de finale, ne venait qu’appuyer là où ça faisait mal. Les Diables rouges dames étaient battues 21-22. C’est devant les équipes les plus faibles, notamment l’Algérie et la Tunisie, qu’elles ont réussi à sauver l’honneur avant de se classer cinquième. Les Diables rouges n’iront donc pas au mondial, parce qu’elles ont souvent été approximatives dans le dernier geste. Pire encore, même les distinctions individuelles leur ont échappé car aucune de ces joueuses n’a marqué les esprits. Le vin étant tiré, il fallait le boire.
Le secret de la réussite angolaise
Pour prétendre revenir au plus au niveau, il faut copier ce qui se fait mieux chez les autres. Et l’Angola reste un modèle. Les Palancas negras ont remporté à Brazzaville leur treizième titre continental en battant en finale les Lionnes de la Teranga du Sénégal, 19-14. C’est l’équipe la plus titrée du continent. Les Angolais ont mis en avant le sérieux et le travail pour régner sans partage sur le continent. « C’est le travail , rien que cela ! Nous donnons la même importance de travail aux cadettes, juniors et seniors. Dans notre pyramide, nous avons environ quarante clubs chez les cadettes des douze à treize provinces du pays, vingt-cinq clubs chez les juniors et quatre clubs chez les seniors en phase finale du championnat national », précisait le président de la Fédération angolaise de handball chez nos confrères d’Afrikipresse.
L’Angola sait préparer la relève. Le président de la fédération, Pedro Godinho, expliquait qu’à tous les niveaux, son pays prévoit 30% de l’effectif qui doit monter chaque année. La politique angolaise consiste, selon lui, à faire en sorte qu’une joueuse participe au moins à un championnat d’Afrique de cadettes, un championnat d’Afrique des juniors et un championnat du Monde dans les deux catégories avant de monter en équipe senior. « Cela nous permet d’avoir une sélection senior solide et forte, de pouvoir surtout la maintenir », ajoutait-il.
La subvention de l’Etat est la clé de la réussite. À côté de la construction des infrastructures sportives de qualité dont le pays dispose, la fédération bénéficie chaque année d’une subvention de l’Etat d'un montant d'un million de dollars (environ cinq cents millions F CFA) chaque année pour six sélections nationales messieurs et dames qui sont présentes à toutes les compétitions de handball. Dans ces conditions, il est difficile de détrôner l’Angola.
Ce que dit le règlement de la Fédération internationale de handball
Le règlement est pourtant clair. Les joueuses doivent avoir la nationalité du pays dans lequel elles jouent. De même, trois ans avant leur convocation pour l’équipe nationale en question, elles ne doivent pas jouer dans aucune équipe nationale d’un autre pays lors d’un match officiel.
En cas de nationalité multiple, le même règlement précise que la joueuse doit être née sur le territoire de la fédération. Sa mère ou son père biologique doit être né sur le territoire de la fédération concernée. La joueuse a vécu sur le territoire de la fédération concernée pendant vingt-quatre mois à un moment de sa vie. Selon les instances internationales, aucune des joueuses repérées par la Fédération congolaise de handball ne remplissaient ces critères. C’est donc avec une ossature amoindrie que les Diables rouges entamaient la compétition. Elles n’ont pas attendu longtemps pour montrer leurs limites.