Au cours d’une réunion commune Union européenne-Union africaine, le 22 janvier à Bruxelles, les européens se sont démarqués de leur déclaration d’avant.
La proclamation officielle par la Cour constitutionnelle à Kinshasa et la reconnaissance de ce résultat par des poids lourds de la scène diplomatique africaine, comme l’Afrique du Sud ont changé la donne. La crainte d’être accusé d’ingérence dans les affaires intérieures du Congo semble dorénavant dominer.
En effet, la proclamation de Félix Tshisekedi à la présidence de la République Démocratique du Congo par la cour constitutionnelle a poussé les européens à se démarquer de leur déclaration de la semaine dernière. Quant à leurs doutes ou à leurs demandes de publication de résultats plus cohérents avec les attentes, le ministre belge a regretté « un manque de transparence dans le processus ». Pour les européens, l’heure est plutôt à « la formulation d’un espoir de consensus national en République démocratique du Congo ».
Dans leur déclaration commune, les participants à cette réunion commune de l’Union européenne et de l’Union africaine ont insisté sur les défis à relever pour le nouveau président congolais en termes de société, de gouvernance, de sécurité et d’économie. L'Union européenne (UE) a estimé que « des doutes subsistent sur la conformité du résultat » du scrutin du 30 décembre.
L'opposant Félix Tshisekedi, 55 ans, devrait donc prêter serment le 24 janvier. Il a devancé avec 38,5% l'autre opposant Martin Fayulu (34,8%) et le candidat du pouvoir Emmanuel Ramazani Shadary (23%), selon les résultats de la Commission électorale, validés tels quels par la Cour constitutionnelle.
Félix Tshisekedi, cinquième président congolais, va prendre la succession du président sortant Joseph Kabila, au pouvoir depuis dix-huit ans après l'assassinat de son père Laurent-Désiré Kabila en 2001. Il s'agit de la première transmission pacifique du pouvoir d'un président à l'autre, et a fortiori de la première alternance.
De son côté, Martin Fayulu conteste ce scénario officiel. Il revendique la victoire avec 61% des voix, et s'estime victime d'un « putsch » électoral orchestré par Joseph Kabila, qui garde la majorité à l'Assemblée nationale, avec la « complicité » de Félix Tshisekedi. L'opposant se proclame le « seul président légitime » et a appelé la communauté internationale à ne pas reconnaître Félix Tshisekedi. Il a appelé les Congolais à organiser des « manifestations pacifiques ».
Les pays africains ont félicité le président élu, dont l'Afrique du Sud et le Kenya, ainsi que la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) dont fait partie la République démocratique du Congo. L'Union africaine (UA), avaient demandé en vain la « suspension » des résultats électoraux entachés à leurs yeux de « sérieux doutes ».
L’UA a indiqué qu'elle « prend note » de la proclamation des résultats et a même « reporté » l'envoi d'une délégation de haut-niveau à Kinshasa. La délégation devait être conduite par le président en exercice de l'UA, le Rwandais Paul Kagame, et le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat.
Dans ses premières réactions, le président élu Tshisekedi a cherché l'apaisement. « Ce n'est pas la victoire d'un camp contre un autre », a-t-il déclaré dans la nuit devant ses supporteurs. « Demain, le Congo que nous allons former ne sera pas un Congo de la division, de la haine et du tribalisme. Ce sera un Congo réconcilié, un Congo fort, un Congo tourné vers le développement, son développement, dans la paix et la sécurité pour tous ».
Le président élu, Félix Tshisekedi n’est autre que le fils d'Etienne Tshisekedi, l'opposant historique qui avait contesté la réélection de Joseph Kabila en 2011.