Surnommé pays des « mille collines », le Rwanda ne cesse depuis quelques années de faire les gros titres de l’actualité africaine. Et cela non pas à cause de l’histoire tragique qui l'a endeuillé dans les années 1990 mais, plutôt, pour ses prouesses économiques qui font de ce pays du Bassin du Congo, un des modèles de développement en Afrique subsaharienne.
Aujourd’hui, le Rwanda est présenté par les bailleurs de la communauté internationale comme l’une des économies les plus dynamiques d’Afrique avec une croissance qui atteint presque les 10% depuis 2001. Mais ce qui caractérise ce pays, c’est qu’il a décidé depuis une décennie de faire de l’industrie touristique un point fort de son développement économique. Pour nos lecteurs, nous avons essayé de comprendre les cinq piliers du succès de cette industrie touristique rwandaise.
- Un pays accessible à tous les citoyens du monde
Selon le Conseil du développement du Rwanda, le secteur rwandais du tourisme a généré quatre cent trente-huit millions de dollars en 2017, contre quatre cent quatre millions l’année précédente. Le Rwanda a fait le choix d’encourager le tourisme haut de gamme et s’efforce de séduire les touristes à fort pouvoir d’achat des pays riches. Et pour attirer de plus en plus de touristes, il est devenu, depuis 2018, un pays sans barrière dans la circulation des personnes. Ainsi qu’en avait décidé le gouvernement rwandais, un nouveau régime des visas est entré en vigueur au pays des mille collines. Ce nouveau régime prévoit l’attribution de visa à l’arrivée à tous les citoyens du monde pour les voyages n’excédant pas les trente jours. Bien entendu, les ressortissants de pays ayant des accords de réciprocité d’exemption de visa avec le Rwanda peuvent s'y rendre sans visa. Cela signifie que tous les citoyens du monde peuvent aller au Rwanda sans aucune formalité préalable au niveau des services consulaires rwandais dans leur pays.
2. L'environnement respecté, selon l’ONU
Afin d'attirer les touristes dans ses parcs pour l’observation des gorilles et d’autres primates, qui sont l’attraction principale des touristes, le pays met en avant son climat agréable ainsi que la propreté, la sécurité et les progrès de l’aménagement de Kigali qui compte aujourd’hui plus de huit mille chambres d’hôtel (il ne possédait que six cents chambres en 2003). L’ONU Habitat a déclaré Kigali, la capitale du Rwanda, comme la « ville la plus propre d’Afrique» pour la troisième année consécutive. Sans oublier que depuis 2004, le Rwanda a strictement interdit la production, l’importation comme l’utilisation de sacs en plastique. Depuis, le pays n’a pas dévié de cette ligne. Bien décidé à devenir un modèle en matière de respect de l’environnement en Afrique, le pays des mille collines a été l’un des premiers au monde à bannir le plastique qui pollue les paysages, l’air, les rivières et les océans.
3. Quand le football devient un atout marketing pour le tourisme rwandais
Dans une opération marketing très ingénieuse et que les pays africains à fort potentiel touristique devraient suivre, le label « Visit Rwanda », piloté par l’agence rwandaise de promotion des investissements, a signé un contrat de partenariat de trois ans avec le club anglais d’Arsenal dont le maillot porte depuis cette saison un logo « Visit Rwanda », sur la manche gauche. Ce label apparaîtra aussi sur les panneaux publicitaires pendant les matchs. Cette opération qui a coûté quarante millions de dollars au gouvernement rwandais et qui a soulevé un tollé inutile de la presse étrangère, devrait permettre de doubler les revenus du tourisme de ce pays sur les six prochaines années pour dépasser les huit cents millions de dollars. Faut-il rappeler qu’Arsenal, l’un des clubs phares du championnat anglais, possède des supporters partout dans le monde? Son maillot est vu trente-cinq millions de fois par jour. Ce qui donne une visibilité extraordinaire au label « Visit Rwanda ». L’accord prévoit aussi que les joueurs et joueuses d’Arsenal se rendront au Rwanda et que des entraîneurs du club y donneront des stages afin de promouvoir le développement du football.
4. Rwandair, fer de lance de l’industrie touristique
Le Rwanda ambitionne de voir ses revenus touristiques atteindre le milliard de dollar dans les années à venir. C'est ainsi qu'il ne cesse de se donner les moyens pour atteindre cet objectif. L’un des pivots de ce programme est la compagnie aérienne nationale Rwandair, créée en 2002 et qui assure vingt-six liaisons internationales, dont deux villes européennes : Bruxelles et Londres. La liaison directe Kigali – Londres permet de mettre en valeur et de fructifier le partenariat entre le club d’Arsenal et le Rwanda. Inaugurée en mai 2017, la liaison propose trois vols par semaine entre Kigali et l’aéroport de Londres-Gatwick, opérés en Airbus A330-200. Les départs sont programmés mardi, jeudi et vendredi. RwandAir est sans concurrence sur cette route, sa capitale n’accueillant depuis l’Europe occidentale que des vols de Brussels Airlines (avec qui elle partage ses codes) et KLM.
Résultat : le nombre de visiteurs britanniques au Rwanda a augmenté de 21%, selon le label « Visit Rwanda », qui sert de support à la promotion touristique du pays. Ses chiffres pour l’année 2017 montrent seize mille voyageurs d’affaires et de loisirs en provenance du Royaume-Uni, soit un cinquième de plus qu’en 2016. « Visit Rwanda » affirme que les voyageurs se dirigent vers le pays pour la faune, les nouveaux pavillons premium et ses paysages. Le Rwanda a mis l’accent sur la promotion du nouveau circuit touristique comprenant les trois parcs nationaux du pays : Akagera, Nyungwe et Volcanoes, ainsi que le lac Kivu et la capitale Kigali.
5. Continuer à promouvoir le label « Visit Rwanda »
L’ambition et la détermination des autorités rwandaises sont manifestes pour que le tourisme devienne, dans les années à venir, un axe majeur du développement du pays. Mais beaucoup reste encore à faire. A titre d’exemple, les nombreux hôtels construits ne sont pas toujours remplis. Si bien qu’un certain nombre ont du être vendus aux enchères, victimes d’une mauvaise gestion ou d’un manque de clientèle. Le pays doit continuer à travailler pour que l’image du génocide qui lui est attachée ne soit pas un frein pour les potentiels touristes.
Mais une chose que tous les experts s’accordent à dire, c’est que d’ici à dix ans, s’il continue sur cette lancée fabuleuse, le Rwanda sera à n’en point douter la destination touristique phare d’Afrique subsaharienne.