Environnement : le Congo convié à gérer durablement ses zones humides

Samedi, Février 2, 2019 - 17:45

L'appel a été lancé par la ministre de tutelle, Arlette Soudan-Nonault, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale des zones humides qui a lieu le 2 février de chaque année.

C’est sur le thème « Zones humides et changements climatiques » que la communauté internationale a célébré l'événement cette année. A cette occasion, la ministre du Tourisme et de l’environnement a délivré un message au nom du gouvernement, déclarant qu’à l’heure où les effets néfastes du changement climatique impactent de plus en plus la population et les écosystèmes dont elle dépend à travers le monde, les zones humides constituent une partie de la réponse commune pour augmenter la capacité de résilience face à ce phénomène.

Dans son allocution, Arlette Soudan-Nonault a rappelé que de nos jours, les zones humides sont parmi celles les plus dégradées et les plus menacées du monde à cause surtout des activités anthropiques. Près de 35% d’entre elles ont déjà disparu de la surface de la terre, bien qu’une grande partie de la population mondiale en dépende pour sa survie et que 40% des espèces animales y vivent et s’y reproduisent. La disparition progressive de ces zones humides est un facteur aggravant du réchauffement climatique car, leur capacité de séquestration du carbone est supérieure à celle des écosystèmes terrestres. Ces zones qui ne couvrent qu’environ 3% des terres retiennent près de 30% de tout le carbone terrestre, soit deux fois plus que toutes les forêts du monde réunies.

C’est à ce titre que la préservation et la gestion durable de ces milieux humides sont un défi planétaire à l’heure de la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat qui exige de tous le maintien de l’augmentation de la température terrestre à 1,5° Celsius.

Le Congo dispose d’importantes zones humides menacées par des activités humaines

Parlant du Congo, la ministre du Tourisme et de l’environnement a indiqué qu'au cœur du Bassin du Congo, deuxième poumon écologique du monde, se joue une part très importante des enjeux climatiques mondiaux. Le pays qui dispose d’importantes zones humides a inscrit à ce jour quatorze sites au titre de la Convention de Ramsar. Parmi ceux-ci se trouvent en bonne place les mangroves de la zone côtière et les tourbières récemment découvertes dans la Cuvette centrale du Bassin du Congo.

Cependant, les mangroves de la zone côtière sont sujettes à différentes menaces inhérentes aux activités humaines. La République du Congo, qui a déjà perdu 60% de ces mangroves en trente ans, a élaboré, avec l’appui du Programme des Nations unies pour le développement, une stratégie et un plan d’action afin de les restaurer et de les protéger. Par ailleurs, les tourbières de la Cuvette centrale qui s’étendent sur 145 500 km2 entre les deux Congo et séquestrent près de trente milliards de tonne de carbone, soit l’équivalent de vingt ans d’émission de dioxyde de carbone des Etats-Unis et trois ans de toute la planète, sont vitales pour la survie de l’humanité, berceau de la diversité biologique.

Ces quantités astronomiques de carbone, emprisonnées dans les tourbières, en font une véritable bombe à retardement, a-t-elle poursuivi. Leur gestion durable devient donc un enjeu planétaire à l’heure où le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat ne cesse de tirer la sonnette d’alarme sur les conséquences désastreuses d’un dépassement du plafond de 1,5° Celsius fixé dans l’accord de Paris. C’est ainsi que conscient de cette responsabilité, le Congo a abrité, en mars 2018, la trente-unième réunion des partenaires de l’initiative mondiale sur les tourbières. Cette rencontre a abouti à la déclaration de Brazzaville signée entre les deux Congo et l’Indonésie pour une gestion durable des tourbières de la Cuvette centrale du Bassin du Congo.

La ministre du Tourisme et de l’environnement a rappelé que récemment, il a été lancé le projet « Congo Peat 2 », en partenariat avec l’université de Leeds, qui a pour objectif de mener des études plus approfondies sur les tourbières. Les résultats de ce projet permettront au Congo de lever des options pour une exploitation et une gestion durable de ces zones particulièrement sensibles. Car, le pays doit gérer durablement ses zones humides afin de préserver les équilibres écologiques de son environnement.

Les réponses à apporter à ces défis dépendent, d’une manière ou d’une autre, du bon fonctionnement de ces milieux naturels, qu’ils soient terrestres, littoraux ou marins. Ainsi, des écosystèmes sains, résilients, fonctionnels et diversifiés permettront le développement de solutions au bénéfice des sociétés et de la biodiversité, dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques.

Bruno Okokana
Légendes et crédits photo : 
Photo : la ministre du Tourisme et de l’environnement prononçant l’allocution
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