Après le Tchad, c'est le tour du Mali. Benjamin Netanyahu se prépare à accueillir le Premier ministre malien, Soumeylou Boubeye Maiga, juste avant les élections générales anticipées du pays, le 9 avril.
Le Tchad, le Mali sont des pays à majorité musulmane. La visite du président tchadien, Idriss Déby, en Israël en novembre 2018, a été présentée comme une percée technique du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Celle de ce dernier à N'Djamena avait des allures d'une reprise des relations diplomatiques. Des accords ont été signés entre les Etats mais aucun détail n'a été fourni. Aujourd'hui Tel-Aviv se prépare à recevoir le Premier ministre malien, Soumeylou Boubeye Maiga, peu avant les élections générales anticipées du pays.
Mais qu'est-ce qui pousse les pays africains à normaliser leurs relations avec Israël ? Quelle offre peut-il faire au Tchad, au Mali et à d’autres pays du continent que les États-Unis, l’Union européenne, la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud... ne peuvent pas? La réponse est, évidemment, ''rien''.
En effet, pas sûr de son allié américain, Benjamin Netanyahu tient à diversifier ses alliances, une voie alternative, qui est devenue le seul moyen pour Israël de sortir de son isolement international. La nouvelle stratégie de ce pays, qui consiste à chercher des alliances séparées avec les membres de l’Assemblée générale des Nations unies, semble porter ses fruits. Israël espère maintenant que d’autres pays qui se sont toujours rangés du côté des Palestiniens – votant pour les droits des Palestiniens en tant que bloc à l’ONU – suivront les exemples du Tchad et du Mali. Et le gouvernement israélien est conscient d’un paysage politique en pleine mutation.
En liant des accords avec de nouveaux pays, de confession à majorité musulmane, contre un soutien politique et des promesses économiques, Israël pourrait amener ceux-ci à refuser aux Palestiniens un vote à l’ONU. Le Tchad et le Mali connaîssent des difficultés, sur le plan économique, en termes de légitimité politique. Pour ces pays, une alliance avec Israël est un billet sûr pour le club politique de Washington. Une telle adhésion pourrait s’avérer significative en termes d’aide économique, de validation politique et d’immunité contre les coups d’État militaires pesants. Ce n’est pas la route vers Tel-Aviv que N’Djamena et Bamako recherchent mais plutôt la route vers Washington elle-même.
En Afrique, comme dans d’autres régions du Sud, ce sont souvent les États-Unis, et non l’ONU, qui confèrent et nient la légitimité politique. Israël continuera à marcher sur cette fine corde, parfois seul mais dans l'esprit de développer une politique étrangère pouvant lui éviter à l’avenir un nouvel isolement. Les liens diplomatiques avec le Tchad et le Mali pourraient permettre à Benjamin Netanyahu d’obtenir quelques voix supplémentaires en avril prochain.