Services financiers digitaux : le niveau d’inclusion n’excède pas vingt-six pour cent en RDC

Jeudi, Février 7, 2019 - 20:06

La prolifération des fournisseurs n’a pas boosté l’accès et l’usage du digital dans le monde de la finance. Le défi de taille à relever concerne la consolidation effective des réseaux d’agents de services financiers digitaux (mobile money, etc.) pour promouvoir une offre de qualité et adaptée aux besoins des acteurs économiques qui restent au cœur de la problématique.

Avec un niveau d’inclusion financière de 26 %, les réseaux d’agents de services financiers digitaux en République démocratique du Congo (RDC) doivent continuer à abattre un travail de titan pour arriver à renverser la tendance qui reste très basse avec  une évolution plutôt positive des pratiques financières depuis les années 2000.

Cette statistique montre que trois Congolais sur dix recourent à un distributeur ou tout autre service financier digital, dont le mobile money. Des années 1990 à ce jour, l’on est passé de quarante mille comptes à plus de trois millions, dont près de 80 % appartiennent à des petites et moyennes entreprises (PME). Avec l’arrivée des institutions bancaires spécialisées dans le financement des PME, cette catégorie d’entrepreneurs a un accès plus facile aux services financiers du pays et même de l’extérieur. Il y a bien eu un progrès énorme mais qui ne se reflète pas forcément sur l’accès et l’usage du digital dans le secteur financier. Un chiffre de la Banque mondiale (BM) permet de s’en convaincre. La possession des comptes de mobile money, véritable phénomène dans le monde financier congolais, est passé de 9,2 % en 2014 à seulement 16,1 % en 2017. Cela veut dire que la majorité de la population utilise encore les moyens archaïques pour envoyer de l’argent.

L’analyse du marché financier national révèle une grande opportunité pour accélérer l’accès de la population à faible et moyen revenu à des services financiers de qualité. Il ne se pose donc aucun débat à ce niveau. Or, la présence massive de fournisseurs dans ce secteur n’a pas servi d’élément déclencheur pour relever cet énorme défi de l’inclusion financière. Comme l’explique la BM, « l’utilisation des services financiers informels est fortement ancrée dans le pays ». L’on comprend mieux les raisons profondes du choix des réseaux d’agents comme alternative crédible en raison non seulement de la proximité mais également du coût attractif de la prestation du service financier. Toutefois, il est question de songer à l’amélioration de leur travail à travers, notamment, une meilleure formation. Les agents financiers doivent arriver à jouer le rôle de « canal » pour renforcer l’inclusion financière dans le pays.

Aujourd’hui, les experts sont beaucoup mieux outillés pour aider le gouvernement central et la Banque centrale du Congo à intervenir efficacement dans ce secteur. En effet, une étude réalisée par le programme Elan RDC et le Fonds pour l’inclusion financière en RDC, très présente dans le monde financier congolais depuis plusieurs années, a permis de faire ressortir les opportunités et contraintes internes à la gestion des réseaux d’agents gérés par les services financiers digitaux du pays. L’étude étalée sur une période de six mois, soit de mi-mai à mi-novembre 2018, a visé six provinces du pays : Kinshasa, Kongo central, Grand Kasaï, Katanga et les deux Kivu, soit un total de dix-neuf fournisseurs de services et cinquante agents contactés. Les conclusions sont très parlantes : urgence d’accroître l’inclusion financière par l’intermédiaire des agents, nécessité d’un investissement sur le long terme, sensibilisation suffisante de la clientèle, formation et embauche des agents, mise en œuvre des outils marketing, construction des infrastructures, etc.

Laurent Essolomwa
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