Énergie : L' Afrique a-t-elle le droit à disposer du nucléaire civil?

Vendredi, Février 15, 2019 - 12:00

Au cours de la réunion de la Commission africaine de l'énergie nucléaire qui s'est tenue Alger (Algérie), le ministre algérien de l’Énergie a évoqué le rôle de l’Afrique dans le respect du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

Cette réunion a vu la participation de l'Algérie, l'Afrique du Sud, le Ghana, l'île Maurice, le Mali, la Mauritanie, la Namibie, le Niger, le Nigeria, le Tchad et le Zimbabwe. Mustapha Guitouni a mis l’accent sur le droit de l'Afrique à disposer du nucléaire civil et sur la nécessité d'une aide. Il a rappelé la responsabilité du continent dans l'application du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TPN), en mettant l'accent sur le besoin d'une assistance financière et technologique internationale dans le respect des dispositions du TPN.
Mustapha Guitouni a déclaré : ''La mise en œuvre effective du traité de Pelindaba est, certes, de la responsabilité première des États parties et dépend des mécanismes institutionnels qu'ils ont mis en place''. Ajoutant : ''Néanmoins, cet instrument ne peut réaliser son potentiel sans une coopération étroite avec des partenaires institutionnels et étatiques [internationaux, ndlr], dont l'apport est attendu au double plan du financement et de l'expertise''. Il a aussi rappelé que l'Afrique était pionnière en matière de désarmement nucléaire.
En effet, après le démantèlement du programme nucléaire militaire sud-africain et l'élaboration du Traité de Pelindaba, l'Afrique a eu ''un apport important à l'universalisation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires''. Cependant, l'engagement des pays africains pour une application stricte du TPN ne doit occulter leur droit à disposer de la technologie nucléaire à des fins pacifiques, telle que l'énergie, a-t-il insisté. Puis il a lancé un appel dans les termes suivants : ''L'Algérie lance un appel à ces partenaires pour s'engager aux côtés de l'Afrique et appuyer les efforts de l'AFCONE ( the African Commission on Nuclear Energy), dans le cadre de son plan stratégique, en vue de conforter la dynamique qu'elle a enclenchée dans les domaine du désarmement nucléaire et du développement technologique de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques''.
Dix Etats africains ont annoncé en 2018, leurs intentions de se doter de centrales nucléaires. A l’horizon 2025, au moins cinq pays africains en seront équipés, en plus de l’Afrique du Sud. Pour l’Agence internationale de l’énergie nucléaire (AIEA), aujourd’hui plus du tiers des pays candidats à l’énergie nucléaire sont africains. Pour parvenir à faire face à leurs besoins énergétiques croissants, plusieurs pays souhaitent recourir à l’atome. De plus, le continent dispose d’importantes réserves d’uranium très convoitées et l’Afrique est devenue un nouvel eldorado pour les promoteurs de cette technologie. Une ruée vers l’énergie nucléaire encouragée par la Chine, la Russie et la France.
Avec une population grandissante, des énormes besoins de développement économique, d’infrastructures, d’équipements industriels et autres, tous les pays africains sont confrontés à une demande croissante d’électricité, ne serait-ce que pour attirer les investisseurs. Des pays comme l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, l’Egypte, le Ghana, le Kenya, l’Ouganda, la Zambie, le Niger, le Nigeria et le Soudan ont exprimé leurs intentions de parvenir à produire de l’énergie nucléaire.
Selon différentes études, le continent doit installer environ 160 GW à l’horizon 2025 et davantage en 2050 quand sa population passera à 2 milliards d’habitants (1,3 milliards actuellement). En Afrique subsaharienne par exemple, 57 % de la population n’a pas accès à l’électricité.

Noël N'dong
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