Centrafrique : Fort leadership de la Russie dans les accords de Khartoum

Mercredi, Février 20, 2019 - 18:45

Pour la première fois, la Kremlin a été la cheville ouvrière du 8e accord de paix entre le gouvernement centrafricain et les groupes armés, négocié à Khartoum au Soudan et signé à Bangui, en février 2019.

Si cet accord a bénéficié de la logistique et de l’apport diplomatique de l’ONU et de l’Union africaine, il a existé grâce aux négociations de la diplomatie russe, qui a imposé son leadership en Centrafrique, maîtrisant la plupart des leviers de commande pour la concrétisation de cet accord de paix. En faisant nommer comme conseiller politique du président Faustin-Archange Touadera, Valery Zakharov, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a placé un ''pion essentiel sur l’échiquier centrafricain''.

Valéry Sakharov a arrogé un pouvoir qu’aucun ressortissant étranger n’avait obtenu depuis le colonel français Jean-Claude Mantion (1980-1993). Il a permis aux forces armées centrafricaines de bénéficier du savoir-faire des instructeurs russes et d’assurer, sans contrôle, la livraison d’armes et munitions. Sa grande réussite a été d’amener les principaux groupes armés à la Table des négociations. On sait désormais, que les sociétés russes s’intéressent plus particulièrement aux gisements aurifères et de pierres précieuses dans la Centrafrique orientale. Les missions militaro-humanitaires russes partent des territoires soudanais pour sillonner le nord-est centrafricain gérés par les chefs de guerre Nourredine Adam (FPRC), Abdoulaye Hissen (FPRC), Ali Darass (UPC) et Al-Khatim (MPC).
Valery Zakharov, avec l’accord du président Faustin-Archange Touadera, a organisé une réunion décisive à Khartoum, en août 2018, avec les quatre chefs de guerre précités et un responsable d’une branche antibalaka. A la même période, l’Union africaine avait programmé une réunion avec les mouvements rebelles à Bouar, sans succès. Les facilitateurs de l’Union africaine se sont retrouvés avec d'autres négociateurs sans mandat. La négociation menée par la Russie à Khartoum avait pris le pas sur celle de l’Union africaine.
Le Kremlin avait envoyé à Khartoum l’ambassadeur Konstantin Chouvalov pour mener les débats et permettre une plate forme des revendications et des propositions de paix des chefs de guerre. Ce fut fait avec la « Déclaration d’entente » de Khartoum du 28 août 2018. Ni l’ONU ni l’Union africaine ne furent associées à cette réunion. C'est ce document qui a servi de base de négociation au président Faustin-Archange Touadera Khartoum de janvier 2019. Ce dernier a envoyé une lettre de remerciements à son '' cher ami Vladimir Poutine''.

Noël Ndong
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