Plus de quatre mille sept cents officiels, parmi lesquels des chefs d’Etat, des ministres, des PDG de multinationales, ou encore des représentants de l’ONU et d’ONG, sont présents dans la capitale kényane pour participer à la quatrième assemblée générale des Nations unies pour l’environnement, qui s'achève ce 15 mars. Le but, trouver des « solutions innovantes pour relever les défis environnementaux et garantir la consommation et la production durables ».
Concrètement, sont notamment abordées durant cette assemblée, les différentes manières de mieux protéger la biodiversité. En effet, dans un rapport alarmant publié fin février, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a mis en garde contre le risque mondial de pénurie alimentaire causée par la disparition d’espèces. Autre sujet, la gestion des déchets. Selon une étude du WWF, parue au début du mois, si aucune décision n’est prise, la production de plastique pourrait augmenter de 40 % d’ici à 2030 dans le monde, et sa quantité dans les océans pourrait doubler. Emise par l’ONG, l’idée d’un « traité international juridiquement contraignant » pour enrayer cette pollution plastique a été évoquée durant l’assemblée de l’ONU.
Même s’il n’est pas dit directement, le réchauffement climatique était en toile de fond de ces discussions, alors que les derniers rapports scientifiques sont tous plus inquiétants les uns que les autres. « Le temps presse. Ce qui est en jeu, c’est la vie et la société comme la majorité d’entre nous les connaissent et en profitent aujourd’hui », a écrit Joyce Msuya, directrice exécutive par intérim de la branche environnement de l’ONU, dans une lettre adressée aux cent quatre-vingt-treize Etats membres de l’organisation internationale, quelques jours avant le début de l’assemblée.
Ce sommet est d’autant plus important qu’il se tient alors que les citoyens semblent prendre conscience des conséquences désastreuses de la destruction de l’environnement. « Ce n’est plus seulement une histoire d’écolos et de scientifiques, c’est devenu la préoccupation de tout le monde », abonde Isabelle Autissier, présidente du WWF France.
Un sommet endeuillé par le crash d’Ethiopian
La quatrième assemblée de l’ONU pour l’environnement a débuté ses travaux, le 11 mars, dans une ambiance lourde, endeuillée par le crash de l’avion d’Ethiopian Airlines qui a fait cent cinquante-sept morts, le 10 mars, au dessus d’Addis-Abeba.
Selon la directrice exécutive du Programme des Nations unies pour les établissements humains (ONU Habitat), Maimunah Sharif, vingt-deux employés des Nations unies dont six de l’agence de l’ONU pour l’Environnement ont péri dans la catastrophe.
Une minute de silence a été observée, lundi matin, durant chaque réunion préparatoire à l’assemblée annuelle qui réunit des chefs d’Etat, ministres, chercheurs, membres de la société civile ou encore acteurs du secteur privé.
Les drapeaux des pays membres qui flottent habituellement dans l’allée menant au centre de conférence ont tous été retirés, laissant seule la bannière bleue des Nations unies, hissée à mi-mai. De nombreux participants, visiblement éprouvés, prenaient des nouvelles entre eux ou se tombaient dans les bras.
Dans un communiqué publié le 10 mars, l’ONU s’est dite « profondément attristée par la nouvelle de l’accident d'Ethiopian Airlines ». Nairobi est un important centre d’implantation des Nations unies en Afrique : la capitale kényane abrite les sièges de deux agences onusiennes (Environnement et Habitat) et les sièges régionaux d’agences comme le Programme alimentaire mondial ou l’agence pour les réfugiés très actifs dans des pays alentour comme le Soudan du Sud ou la Somalie.
Dimanche, le vol ET 302 d’Ethiopian Airlines à destination de Nairobi s’est écrasé à quelque 60 km au sud-est d’Addis-Abeba, quelques minutes après son décollage.
Les pays exhortés à relever le défi sanitaire
Publiée lors de l’assemblée, l’évaluation la plus complète et la plus rigoureuse de la situation de l’environnement mondial réalisée par l’ONU, au cours des cinq dernières années, avertit que les dommages causés à la planète sont si importants que la santé de la population sera soumise à des menaces croissantes si des mesures urgentes ne sont pas prises. Ce rapport, rédigé par deux cent cinquante scientifiques et experts originaires de plus de soixante-dix pays, indique que si les mesures de protection de l’environnement ne sont pas considérablement intensifiées, des villes et des régions entières en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique pourraient connaître des millions de décès prématurés d’ici au milieu du siècle. Le document prévient également qu’en raison des polluants présents dans nos systèmes d’eau douce, la résistance anti-microbienne deviendra la première cause de décès à l’horizon 2050 et que les perturbateurs endocriniens affecteront la fertilité des hommes et des femmes, ainsi que le développement neurologique de l’enfant.
Néanmoins, le texte souligne que la communauté internationale possède les connaissances scientifiques, les technologies et les moyens financiers nécessaires pour évoluer vers un mode de développement plus durable, même si le soutien nécessaire manque de la part du public, des entreprises et des dirigeants politiques qui continuent à adhérer à des modèles de production et de développement dépassés.
Le rapport appelle à une prise de mesures pour limiter la quantité des huit millions de tonnes de déchets plastiques déversés dans les océans chaque année. Bien que la question ait fait l’objet d’une attention accrue au cours des dernières années, il n’existe toujours pas d’accord international sur la question des déchets marins.
D’après les auteurs, les interventions pour modifier des systèmes dans leur globalité, tels que l’énergie, la nourriture et les déchets, plutôt que des problèmes individuels, tels que la pollution de l’eau, peuvent être beaucoup plus efficaces. Par exemple, un climat stable et un air pur sont liés, les mesures d’atténuation des changements climatiques pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris coûteraient environ vingt-deux mille milliards de dollars américains, mais les bénéfices de la réduction de la pollution atmosphérique pour la santé pourraient quant à eux s’élever à cinquante-quatre mille milliards de dollars américains supplémentaires.