Etudiants et personnels de santé ont appelé, le 19 mars, à de nouvelles contestations contre l’actuel président, en ce cinquante-septième anniversaire de la fin de la guerre d’indépendance, après qu’il a confirmé, dans un message rendu public la veille, qu’il prolongerait son quatrième mandat au-delà de son terme constitutionnel, le 28 avril.
Le chef de l'Etat algérien a pris la décision parce qu’il veut continuer à diriger le pays jusqu’à un nouveau scrutin qui sera organisé à l’issue d’un processus de révision constitutionnelle.
« Que l’Algérie vive, dans un avenir proche, une transition harmonieuse et assiste à la remise de ses rênes à une nouvelle génération (...) tel est l’objectif suprême que je me suis engagé à concrétiser avant la fin de mon parcours présidentiel, à vos côtés et à votre service », a déclaré Abdelaziz Bouteflika dans ce message.
Sachant que son mandat expire constitutionnellement le 28 avril, le chef de l'Etat avait annoncé, le 11 mars, qu’il entend remettre ses pouvoirs à un successeur élu lors du scrutin qui sera organisé à l’issue d’une Conférence nationale devant réformer l’Algérie et modifier la Constitution. Pour être plus précis, il a, dans un message à l’occasion de la fête de la victoire (19 mars 1962) sur le colonisateur français, assuré que la Conférence nationale chargée de changer le « régime de gouvernance » de l’Algérie et de « renouveler ses systèmes politique, économique et social » se tiendra « dans un très proche avenir ».
Le chef de l’Etat a rappelé que la révision constitutionnelle « globale et profonde », dont est chargée la Conférence nationale, et qui sera soumise à référendum, « préludera à un nouveau processus électoral qui verra l’élection d’un nouveau président ».
Mais plusieurs analystes pensent que si le délai d’un an a été parfois évoqué pour une transmission du pouvoir, il apparaît intenable en raison de l’ampleur de la tâche. Ils citent, entre autres, la désignation des participants, l’organisation des travaux de la Conférence, l’élaboration d’une nouvelle Constitution, l’organisation d’un référendum, la convocation et la tenue d’une élection présidentielle.
Le président algérien a, par ailleurs, appelé le peuple à être « à la hauteur de ses aspirations socio-économiques et culturelles » et à « prêter main forte à son armée pour préserver l’Algérie contre les dangers extérieurs ».
"L'armée algérienne, le rempart du peuple et de la nation"
Un peu plus tôt, le même jour, le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée algérienne, avait appelé à la « responsabilité » de chacun pour trouver des « solutions dans les plus brefs délais » à la crise actuelle en Algérie. « Toute personne sage et sensée, dotée de patriotisme et de clairvoyance, est consciente qu’à chaque problème existe une solution, voire plusieurs, quelle que soit leur complexité », a-t-il souligné au cours d’une visite d’inspection dans le sud-ouest du pays. « Chacun doit faire preuve de responsabilité pour trouver des solutions le plus rapidement possible », a ajouté le chef d’état-major, promettant que l’armée algérienne demeurera « le rempart du peuple et de la nation » en toutes circonstances.
L’actuel président algérien, cible depuis près d’un mois d’une contestation inédite depuis qu’il est au pouvoir, a renoncé, le 11 mars, à briguer un cinquième mandat et repoussé la présidentielle prévue le 18 avril jusqu’à la fin de la Conférence nationale - dont la date n’est pas fixée. Et pas plus longtemps que le 15 mars, des millions d’Algériens sont à nouveau descendus dans la rue pour exprimer leur refus de la prolongation de fait de son actuel mandat.
Au pouvoir depuis 20 ans, Abdelaziz Bouteflika, 82 ans, est affaibli par les séquelles d’un AVC qui l’ont empêché, depuis 2013, de s’adresser de vive voix aux Algériens et ont rendu rares ses apparitions publiques.
Quant à la signature des Accords d’Evian, le 19 mars 1962, elle marque la fin des opérations militaires françaises en Algérie et la fin de la guerre d’indépendance (1954-1962) contre le colonisateur français qui aboutira, le 5 juillet, à la proclamation de l’Indépendance algérienne.