Le sous-secrétaire d’Etat américain chargé des Affaires africaines a rencontré, le 18 mars, à Yaoundé, le président camerounais.
Selon un communiqué du département d’Etat américain diffusé en prélude de la visite, il s’agissait de discuter « du rôle du Cameroun comme partenaire des États-Unis dans la sous-région ». Les déclarations du diplomate américain ont été beaucoup plus mesurées que ses propos tenus quelques jours auparavant.
Quelques jours avant son arrivée au Cameroun, le sous-secrétaire d’Etat américain chargé des Affaires africaines, Tibor Nagy, avait provoqué un tumulte, en plaçant la crispation politique et la crise anglophone au centre de ses échanges avec les officiels camerounais. Il avait ainsi promis d’inciter les autorités du pays à être « plus sérieuses » dans leur gestion de la crise anglophone, indiquant que les mesures prises jusqu’à présent ne suffisent pas à calmer les tensions. Tibor Nagy avait également mis en doute les raisons de l’incarcération de l’opposant Maurice Kamto, suggérant « qu’il serait très sage de le libérer ».
Il n’y a pas eu de grande annonce à l’issue de cette rencontre particulièrement attendue, qui a essentiellement porté sur les relations bilatérales entre les deux pays. « Les dispositions diplomatiques sont toujours confidentielles. Nous avons échangé nos points de vue. Nos échanges étaient francs, honnêtes et directs », a affirmé le diplomate américain, à l’issue de l’audience, se gardant de livrer les détails de sa conversation avec le président camerounais, Paul Biya.
Les questions politiques reléguées au second plan
Le « monsieur Afrique » de l’administration Trump n’a pas souhaité s’exprimer sur l’aspect politique de l’entretien, notamment sur la réélection en octobre dernier pour un sixième mandat de Paul Biya. Il s’est contenté de souligner « la sagesse » du président camerounais, qu’il estime être « un homme d’État exceptionnel ».
Pour de nombreux activistes politiques, la réaction du diplomate américain est « ambiguë ». Ce que tente de déconstruire Joseph Léa Ngoula, spécialiste des questions sécuritaires, qui estime que la déclaration du sous-secrétaire Tibor Nagy doit être analysée dans le contexte dans lequel il intervient.
« Les États-Unis ne partagent certes pas le point de vue de Yaoundé sur la crise anglophone, et encore moins sur les restrictions de libertés. Mais rappelons que Tibor Nagy est venu en Afrique avec pour mission de contrer l’influence chinoise. Or, ce qui fait la particularité de la relation avec la Chine, c’est la non-ingérence de Pékin dans les affaires internes des pays. On a donc l’impression d’une surenchère médiatique qui ne se reflète pas dans la coopération réelle », estime l’analyste.
La priorité économique des Américains s’est traduite tout au long du séjour de Tibor Nagy, notamment à travers une rencontre avec les chefs d’entreprises à la Chambre de commerce de Douala. « Les États-Unis et le Cameroun ont tant d’intérêts communs. J’aimerais attirer beaucoup plus d’investisseurs au Cameroun. Je pense que les investisseurs américains apporteront de très nombreuses qualités positives. Ils exigent cependant certaines conditions », a explicité Tibor Nagy.