La célèbre « Bataille de Cuito Cuanavale », l’une des confrontations militaires les plus sanglantes de la guerre angolaise est commémorée ce 23 mars, en présence des chefs d’Etat africains, dont le président Denis Sassou N’Guesso.
La bataille de Cuito Cuanavale est une bataille de la guerre civile angolaise, qui connut son point d'orgue, du 12 au 20 janvier 1988. Elle opposa les soldats des armées angolaises et cubaines aux combattants de l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita), soutenus par l'armée sud-africaine (Sadf), intervenant pour sa part, dans le cadre de la guerre sud-africaine de la frontière.
Elle constitue la plus importante bataille engagée sur le continent africain, depuis la seconde Guerre mondiale. Elle est un élément déclencheur du règlement de la situation politique en Angola et en Namibie (alors sud-ouest africain).
En effet, du 15 novembre 1987 au 23 mars 1988, des unités du bataillon Buffalo et du régiment présidentiel sud-africain, aidées par des milliers de militaires de l'Unita, ont assiégé le village de Cuito Cuanavale pour le prendre et créer un couloir vers Luanda, afin d’installer Jonas Savimbi à la tête du pays.
Sept mille soldats de l'armée sud-africaine ont participé à la bataille de Cuito Cuanavale, dont les 32e bataillon d’infanterie et 67e bataillon mécanisé et des éléments de la Swatf (South West African Territorial Force ou forces territoriales du sud-ouest africain composées de soldats noirs, qui ont subi les plus fortes pertes).
L'armée sud-africaine (Sadf) a soutenu un corps de dix mille combattants de l'Unita face à vingt mille soldats angolais et cinq mille soldats des Forces armées révolutionnaires cubaines.
Les forces de l'Unita ont été soutenues par la CIA ; les forces du Mpla par l'Union soviétique, qui fournit notamment la logistique ; elles ont été peut être renforcées d'éléments des MK de l'ANC sud-africaine.
Cuito Cuanavale est situé dans le sud-est de l'Angola, sur une route importante dotée des installations d'une base aérienne de l'Otan.
C'est un point stratégique. Après une offensive victorieuse à l'été vers Mavinga et les camps de l'Unita, les forces gouvernementales angolaises ont été obligées de battre en retraite sous le bombardement sud-africain. La chute de la ville pouvait signifier l'éclatement en deux de l'Angola, mais l'armée sud-africaine n'a pas exploité ses succès et se contente d'assiéger mollement la ville. Ce délai a permis à Cuba d’envoyer mille cinq cent hommes de troupes d'élite en renfort, portant à cinquante cinq mille hommes, le total des forces cubaines engagées en Angola1.
La bataille
C’est en début janvier 1988 que les soldats de la Sadf ont réussi à détruire le pont de Cuito Cuanavale, ce qui a menacé les approvisionnements des défenseurs de la ville. Le 13 janvier, les troupes de l'Unita et les Sud-Africains attaquent sous la pluie, pensant que les trombes d'eau empêcheraient les Mig-21 et 23 cubains de voler. Mais l'aviation cubaine profite de l'amélioration du temps dans la journée et détruit plusieurs blindés sud-africains.
La bataille se solde par un échec relatif de toutes les forces engagées, et marque les limites de la solution militaire en dépit des proclamations de victoire des uns et des autres. Au nombre impressionnant de soldats angolais et cubains tués répond l'absence de conquête territoriale de l'Unita et de l'Afrique du Sud qui échouent à prendre la ville, et sont de plus forcés à se retirer.
En février et mars de la même année, les Sud-Africains attaquent encore en les positions de Cuito Cuanavale, sans succès. L'échec sud-africain permet une offensive cubaine au sud-ouest de l'Angola, à la frontière avec la Namibie, à partir d'avril. Les Mig-23 prenant l'avantage sur les Mirage sud-africains7, fortement pénalisés par les armes anti-aériennes modernes soviétiques. L'Afrique du Sud subit là les contrecoups de l'embargo international sur les armes.
Le gouvernement sud-africain de Pieter Botha est quant à lui mis alors sur la sellette dans les médias sud-africains et par l'opinion publique sud-africaine à propos de l'engagement de ses forces armées dans un pays lointain ne menaçant pas directement sa sécurité nationale, ayant entraîné la mort (officiellement) de trente-et-un soldats ainsi que des dépenses considérables.
Quelle que soit l’armée victorieuse à Cuito-Cuanavale, la suite des évènements a permis un règlement négocié du conflit permettant l’indépendance de la Namibie en échange du retrait cubain d'Angola.