Au terme de leur cinquante-deuxième session tenue du 25 au 26 mars à Marrakech, au Maroc, les ministres des Finances ou leurs représentants venus des cinquante-quatre pays du continent ont affiché l’ambition de mobiliser des ressources destinées au financement des infrastructures transfrontalières et celles liées au numérique.
« S’agissant du développement des infrastructures, l’Afrique reste à la traîne. Nous reconnaissons qu’il faut mobiliser des ressources accrues pour combler le déficit d’infrastructures et renforcer les capacités techniques requises pour préparer des projets d’infrastructures frontalières se prêtant à un financement bancaire », peut-on lire dans la déclaration sanctionnant leurs travaux organisés avec l’appui de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA).
Quant au numérique, jugé incontournable dans l’amélioration et l’augmentation des revenus, les ministres ont convenu de « concevoir et améliorer des mécanismes novateurs qui facilitent le recouvrement des recettes et rendent l’administration fiscale plus efficace en encourageant les contribuables à faire des déclarations sur les plates-formes en ligne (…) ».
« La numéralisation est une réalité. Soit nous la prenons à bras-le-corps, soit nous la subissons », a déclaré Zouhair Chorfi, secrétaire général au ministère marocain des Finances.
« On retient de cette conférence (des ministres) une démarche et un sens de responsabilité. On a envie d’aller à l’essentiel et de prendre notre destin en main », a-t-il affirmé.
L’Afrique est reconnue comme le continent où la pénétration numérique est la plus rapide. Le continent compte actuellement cent quarante-deux millions de consommateurs contre cent soixante-sept millions, il y a quelque temps.
Mettre l’homme au cœur de l’action
Pour renforcer cette pénétration l’Afrique doit avoir, dans un proche avenir, au moins neuf câbles de fibre optique ; question d’améliorer l’interconnexion.
Cependant, les experts sont convaincus qu’avec une croissance de 3,2% en 2019, le continent ne pourrait jamais réaliser les ambitions affichées dans l’agenda 2030 (concernant les Objectifs de développement durable) et celui de 2063 qui coïncidera avec la célébration du centenaire de la création de l’organisation africaine.
Au-delà du développement des infrastructures (routières, ferroviaires, portuaires et aéroportuaires) et d’une impulsion à donner à la numérisation, les ministres ont relevé la nécessité de mettre l’homme au cœur de l’action, d’arrimer la jeunesse à la digitalisation et de concrétiser la zone de libre échange.
« Il y a très peu de jeunes qui s’adaptent à la digitalisation parce qu’il y a des contraintes au niveau même de l’infrastructure. Il est temps d’intégrer les jeunes dans les enjeux », a dit Giovanie Biha, du secrétariat exécutif de la CEA.
Le rôle des médias a été jugé « important et crucial » dans une économie digitalisée. « Il y a des nécessités de disposer des stratégies de communication claires et crédibles », a plaidé Zaouhair Chorfi.
« Les médias doivent faire un effort pour s’approprier les situations. Ils sont une courroie de transparence, de responsabilité et de transmission entre les pouvoirs publics et la population », a analysé, pour sa part, Giovanie Biha.
Une recommandation a été faite aux gouvernements africains d’injecter au moins 0,15% de leur budget dans la statistique, en vue d’actualiser les données et d’agir en temps réel.