La réalisation des objectifs de développement et de croissance agricoles durables en Afrique passera par l’augmentation du nombre d’agriculteurs ayant un accès rapide aux engrais à des prix abordables, ont estimé les experts du domaine.
Les opérateurs et experts agricoles se sont réunis à l'occasion du septième conseil d'administration du Mécanisme africain de financement du développement des engrais (Mafde), en marge du dixième Argus africa fertilizer, le plus grand événement annuel du commerce des engrais en Afrique. La réunion a permis d'échanger sur les voies et moyens facilitant l’accès aux engrais pour les petits exploitants agricoles.
Le Mafde a formulé des recommandations sur l'étude de base et la stratégie de communication du Mécanisme. Il a également examiné les rapports sur l'état d'avancement de la mise en œuvre des systèmes de garantie de crédit pour les importateurs et distributeurs d'engrais, et les négociants en produits agricoles. Ces systèmes visent à faciliter le financement de ces acteurs de la chaîne de valeur agricole par les institutions financières. Ces modèles de garantie de crédit sont en cours de développement au Nigeria et en Tanzanie.
''Ces solutions contribueront grandement à transformer le secteur des engrais en Afrique et à fournir un accès durable aux engrais de qualité dont l'Afrique a besoin pour réaliser ses objectifs en matière de sécurité alimentaire'', a déclaré Marie Claire Kalihangabo, coordinatrice du Mécanisme à la Banque africaine de développement (BAD).
Les responsables de cette institution ont également échangé avec des représentants de l’AfreximBank, afin d’explorer de possibles activités conjointes dans le cadre de l’extension de ces garanties de crédit à un plus grand nombre d’acteurs de la chaîne de valeur des engrais sur le continent.
"Un soutien spécial aux petits exploitants agricoles"
Le commissaire de l'Union africaine pour l'économie rurale et l'agriculture et président du conseil d'administration du Madfe, Josefa Leonel Correia Sacko, a appelé à une mise en œuvre plus rapide des résolutions de la déclaration d'Abuja, adoptées par les chefs d'Etat africains en 2006, pour la mise en œuvre du Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine.
Le coût élevé des engrais constitue un goulot d'étranglement majeur pour les petits exploitants agricoles africains, a regretté Martin Frégène, directeur du département, en charge de l'agriculture et de l'agro-industrie à la BAD, estimant que les petits exploitants agricoles ont besoin d'un soutien spécial.
Aussi a-t-il souligné qu'une approche inclusive, impliquant tous les acteurs de la chaîne de valeur agricole, était nécessaire pour la réalisation de l'objectif de 50 kg d’engrais par hectare. Le commerce transfrontalier des engrais, à l'ère de l'émergence de la zone de libre-échange continentale africaine, a également été abordé. Les participants ont appelé à une collaboration entre le Mafde, la commission de l'Union africaine et les Communautés économiques régionales en faveur d'une harmonisation des politiques en matière des engrais.
Les membres du conseil d'administration ont également noté la nécessité de créer un environnement plus propice aux entreprises pour accroître la participation du secteur privé dans la chaîne de valeur des engrais. Ils ont félicité l'Union africaine et ses partenaires d’avoir veillé à ce que les réalités et points de vue du continent soient pris en compte dans le Code international de conduite pour la gestion et l'utilisation des engrais en cours d'examen. En ce qui concerne l'étude de base du Mafde, qui fournit un outil de suivi et d'évaluation pour mesurer l'impact du Mécanisme dans neuf pays africains, le conseil a appelé les partenaires du Mafde à conduire une revue des dispositions politiques et réglementaires auxquelles les acteurs sont confrontés, et de la répartition et la densité des négociants agricoles par pays.
Le Mafde a été créé par la déclaration d'Abuja de 2006. Les États membres de l'Union africaine se sont engagés à promouvoir l’amélioration de la productivité agricole à travers un financement à même d’accélérer l'utilisation des engrais en Afrique et, par conséquent, de faciliter l'atteinte de l'objectif de 50 kg d'engrais par hectare. Il est géré par la BAD, dans le but d’accélérer le développement de l'agriculture dans le cadre de la Vision pour la sécurité alimentaire en Afrique, des Objectifs de développement durable et de l'agenda 2063.