Les Etats engagés dans la lutte contre le changement climatique seront à l’honneur lors des assises convoquées le 23 septembre, aux Etats-Unis, a indiqué le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, dans une récente lettre d’invitation aux cent quatre-vingt-treize membres de l’organisation.
Le chef des Nations unies a insisté sur la nécessité de trouver des solutions qui s’imposent en raison de l’ampleur des dégâts causés par des catastrophes naturelles à travers le monde. « Soyons clairs, nous ne sommes pas en train de gagner la course contre la montre » pour limiter ce réchauffement sous les +2°C comme le prévoit l’accord de Paris de 2015, a-t-il fait valoir, le 26 mars, en évoquant le désastre provoqué récemment au Mozambique, au Zimbabwe et au Malawi par le cyclone Idai.
Estimant que les trois pays « ont souffert de l’une des pires catastrophes liées à l’évolution du climat dans l’Histoire de l’Afrique », Antonio Guterres a déploré le fait que « les choses vont de pire en pire ». « Nous devons inverser cette tendance », a-t-il ajouté devant des journalistes.
L’ONU convoquera, du 30 juin au 1er juillet, aux Emirats arabes unis, une réunion de préparation du sommet afin de retenir les meilleures propositions pour lutter contre le réchauffement de la planète, a fait savoir son secrétaire général dans sa lettre. L’occasion permettra aux pays de présenter « des plans concrets et réalistes » pour réduire de 45% les gaz à effet de serre sur les dix ans à venir et les supprimer totalement d’ici à 2050, précise la missive.
La rencontre de New York se tiendra à la veille du début de l’Assemblée générale annuelle des Nations unies au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement, et un an avant l’échéance fixée par l’accord de Paris de 2015 aux signataires pour remplir leurs engagements.
Le monde appelé à atteindre une neutralité carbone en 2050
Le réchauffement climatique nécessite donc une action vigoureuse de la part des Etats et de leurs dirigeants. C’est pour cette raison que le Groupe des experts du climat des Nations unies (Giec), réuni en octobre dernier à Incheon, en Corée du Sud, avait, dans un rapport, demandé à la communauté internationale de mener des actions rapides pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, afin d’éviter des risques accrus au-delà de ce seuil.
Selon le rapport du Giec, fondé sur six mille études, si le mercure continue de grimper au rythme actuel, sous l’effet des émissions de gaz à effet de serre, il devrait atteindre +1,5°C entre 2030 et 2052. Et si les Etats s’en tiennent à leurs engagements de réduction d’émissions pris dans le cadre de l’accord de Paris, en 2015, ce sera +3°C à la fin du siècle.
Le texte note que si 2017 a encore vu les émissions mondiales liées à l’énergie repartir à la hausse, pour rester à 1,5°C, les émissions de CO2 devront chuter drastiquement dès avant 2030 (-45% d’ici à 2030). De plus, précise le Giec, le monde devra atteindre une « neutralité carbone » en 2050 (autrement dit, il faudra cesser de mettre dans l’atmosphère plus de CO2 qu’on ne peut en retirer). Face à cette situation, les experts appellent villes, industries, énergie, bâtiment…, bref, tous les secteurs à s’atteler à des « transformations sans précédent », d’autant plus que rester à 1,5°C demandera, selon eux, « une transition rapide ». Le document insiste sur l’énergie et souligne que le charbon, le gaz, le pétrole sont responsables des trois quarts des émissions. Il propose plusieurs scénarios chiffrés incluant différentes combinaisons d’actions.
En somme, les scientifiques signalent que de nombreux impacts sont déjà à l’œuvre, notamment la menace d’emballement au-delà du niveau de la température souhaitée par rapport aux niveaux préindustriels. Il s’agit, entre autres, des vagues de chaleur, des extinctions d’espèces ou de la déstabilisation des calottes polaires, source de montée des océans sur le long terme.
Rappelons que c’est à la COP21 à Paris, fin 2015, que l’ONU avait chargé le Giec de produire un rapport sur l’objectif 1,5°C, d’autant plus que les Etats s’y étaient engagés à réduire leurs émissions pour rester « bien-en deçà de 2°C » par rapport à l’ère préindustrielle.